Après une petite journée bien tranquille la veille, les runs matinaux reprennent de plus belle pour attaquer les trois grosses journées restantes !
STÖNER (Valley) – Difficile de faire plus évident côté nom, on sait à quoi s’attendre ! Formé par les ex-Kyuss Brant Bjork et Nick Oliveri, le trio est complété par Ryan Gut à la batterie. Formé fin 2020, le combo compte déjà deux albums studios et un live capté dans le désert des Mojaves (excusez du peu, si c’est pas desert rock !). Boucles redondantes, fuzz, mélodies catchy, la magie opère plutôt malgré l’horaire. Seul bémol, une balance pas tout à fait équilibrée avec une guitare qui joue à cache-cache ici et là.
POGO CAR CRASH CONTROL (Warzone) – Les Français prennent d’assaut la Warzone pour balancer leur punk rock, qui prend de sacrés airs de metal. Habitués à retourner toutes les scènes qu’ils arpentent, leur énergie ne semble pas être au plus haut. Moins de sauts dans tous les sens et moins d’échanges avec le public, mais un dynamisme qui reste très accrocheur. Leur son lourd et sans concession atteint sa cible. Ils enchaînent pas moins de seize titres dans le court temps imparti. La parfaite occasion de se familiariser avec la discographie du groupe.
DANKO JONES (Mainstage 02) – Des riffs et du rock, telle pourrait être la devise du groupe canadien Danko Jones. Le power trio démarre avec son single “Saturday”, titre aiguisé à souhait. La recette du groupe repose principalement sur l’énergie déployée par son frontman. Il donne tout ce qu’il a pour pousser le public à bouger dans tous les sens. Ici pas de fioriture, la musique est brute, simple et efficace. Un seul objectif : donner du plaisir aux amateurs de rock. Avec une setlist taillée pour les festivals, les titres “First Date” et “My Little RnR” font particulièrement bien le travail.
BENIGHTED (Altar) – Vous prendrez bien un petit coup de brutal death français à l’heure du thé ? Bien volontiers ! Et cela se passe sous la Altar, plus que bien remplie. Il faut dire que les Stéphanois ont une réputation bien assise de technicité et de puissance (à l’instar d’Archspire lors du dernier Hellfest) plus que méritée. Devant un backdrop mettant à l’honneur leur dernier album Obscene Repressed (2020), Julien Truchan (chant), toujours pieds nus, harangue le foule qui lui obéi avec plaisir tant les circles pits s’enchaînent. Provoquant ses fans avec malice et humour quand il annonce un titre d’une durée d’1min29 (“Necrobreed”), il les défie de tout donner sur cette durée. Possédé mais souriant, le frontman veut du “bordel“, même sur un titre qu’il annonce lent comme “Cum With Disgust”. Kevin Paradis, sur sa batterie triggée (ndlr : un trigger pour batterie est un capteur placé contre une ou plusieurs peaux de frappe – les peaux qui reçoivent l’impact des battes ou baguettes – de l’instrument. Ce capteur convertit alors l’impact sur la peau en signal électrique. Le signal est ensuite envoyé à un module expandeur qui déclenche un son), écrase absolument tout, de par son jeu mais également au mixage. Le refrain de “Slut” est repris comme un seul homme par le public, qui ira crescendo dans sa participation vocale jusqu’à la fin du set. Cinquante minutes d’une violence inouïe qui lessive mais donne clairement la banane.
DRAGONFORCE (Mainstage 02) – Allez, c’est l’heure de poser notre cerveau et de retrouver Dragonforce pour une bonne dose de fun à consommer sans modération. Le groupe a mis les petits plats dans les grands pour son extreme power metal. Les thèmes 8bit et retro gaming se marient parfaitement avec l’image et la musique du groupe. Outre les décors, les effets pyrotechniques et canons à confettis sont aussi de la partie. On retrouve évidemment “Fury Of The Storm” et “Cry Thunder” sur la setlist, mais aussi “The Last Dragonborn” sur fond d’images tirées de Skyrim. Qui aurait pu croire qu’une reprise de “My Heart Will Go On” version power metal pouvait casser une guitare ? C’est chose faite pour Herman Li dont l’instrument a rendu l’âme suite au morceau. Marc Hudson n’aura qu’à mentionner un célèbre jeu de guitare pour que la foule s’enflamme pendant l’épique “Through The Fire And Flames” qui vient conclure ce set.
CELKILT (Warzone) – Les Lyonnais, arrivés de dernière minute sur le programme du Hellfest, arrivent sur la Warzone avec l’envie de laisser une marque. La joyeuse équipe promet du rock celtique à faire danser tous les pieds fatigués du public. Le chanteur, Titou MacFire, demande même à la foule de faire monter l’ambiance pour qu’il relève son kilt. Pari tenu pour voir les belles fesses de monsieur ! Côté musique la sauce prend très vite, le violon de Ana MacFive renforce les sonorités celtes. Lorsque le groupe demande à tous de danser à la bretonne, c’est avec envie et plaisir que tout le monde se prête au jeu.
KREATOR (Mainstage 02) – Un concert de Kreator, c’est un peu comme une soirée avec du bon champagne, il est normalement acquis que vous allez passer une bonne soirée. Malgré une pluie fine mais continue (présage néfaste du déluge qui va arriver jusqu’à 22h environ), le son est l’énergie sont bien là, et on va se prendre 1h15 de très bon thrash dans la courge. La mise en scène annonce la couleur, introduction du concert par une personne déguisée en Violent Mind (la mascotte du groupe), un backdrop immense (qui changera selon les chansons), des pendus et des empalés du plus bel effet en soirée. Après un “Violent Revolution” qui met dans l’ambiance, c’est le titre éponyme du dernier album Hate Über Alles (2022) qui nous est balancé. Mille Petrozza est comme à son habitude, efficace et possédé. Que dire d’un ” Satan Is Real” repris à l’unisson par le public nombreux, pris entre déférence et envie d’en découdre ?
Jürgen Reil est très rapidement en nage derrière ses fûts, rien d’étonnant au vue de son jeu et de son débit. Les circle pits s’organisent, et nous avons évidemment droit à un énorme wall of death avant le fabuleux “Enemy Of God”, surtout quand celui-ci est suivi du classique et indétrônable “People Of The Lie”. Notre sympathique compatriote Frédéric Leclercq (basse, membre de Kreator depuis 2019) prend la parole pour nous informer qu’il ne pouvait rêver mieux comme cadeau d’anniversaire (qui était la veille) de jouer en France pour la première fois avec Kreator. On imagine sans problème la fierté légitime qui doit être la sienne, lui qui doit connaître quasiment la plupart des personnes présentes sur le site, et nous sommes très contents pour lui évidemment. Nous avons droit à la première en live de “Strongest Of The Strong”, et Mille sort comme d’habitude un immense drapeau sur “Flag Of Hate”. Un set passé extrêmement vite, sans réel pause hormis l’intervention de Fred !
MINISTRY (Mainstage 01) – Les pionniers de l’indus prennent place sous un déluge pluvial à noyer les grenouilles. Si les Américains ont sorti un nouvel album, Moral Hygiene, en 2021, la setlist reste surtout dans la fin des années 80/début 90. Un show avec des titres bien old school qui parait, dès les premiers titres, sonner un peu trop bien pour que tous jouent et chantent en live. Les conditions météorologiques se déchainent autant que le groupe sur scène. Leurs titres métalliques, portés par la voix rauque de l’extravagant Al Jourgensen font bouger les amateurs. Après l’enchainement des bons “Deity” et “Stigmata”, Minsitry se lance dans une reprise de Black Sabath : “Supernaut”. Bien connu des fans, le titre suscite l’adhésion du public. Le show prend un autre tournant quand le tubesque “Just One Fix” retentit. Le morceau qui a inspiré une grande partie des titres de Rammstein est terriblement efficace. C’est la quintessence d’une époque indus au sommet de sa gloire. Le groupe conclut avec un de leurs derniers titres “Good Trouble”. Une note finale tournée vers l’avenir !
OBSCURA (Altar) – Sans doute l’une des plus grandes frustrations de cette édition du Hellfest. Décor planté, backdrop, bâches, micros, tout est prêt. Puis l’attente… de très longues minutes, une bonne demi-heure passe et rien ne se passe. Un soucis technique difficile à identifier côté spectateur enraie la machine et ne permet pas le démarrage du show. Les bandes sonores fonctionnent pourtant, un soucis de retours ? Bref. Finalement le groupe se lance et joue quelques titres malgré un son faiblard et mal calibré. Une déception que l’on souhaite effacée avec leur tournée en salle prévue à la rentrée.
ALICE COOPER (Mainstage 02) – Le déluge frappe fort Clisson et c’est avec une détermination sans faille que nous assistons au classique Alice Cooper, avant que la tête d’affiche ne s’empare de la scène voisine. Comme à son habitude, le show est mené d’une main de maitre par le dénommé Vincent Furnier. Accompagné de son all-star band, la prestation est plus que réussie ! De “Feed My Frankenstein”, à “No More Mr. Nice Guy”, sans oublier “Hey Stoopid”, “I’m Eighteen” et “Poison”, la première moitié est splendide. Les trois guitaristes Ryan Roxie, Tommy Henriksen et Nita Strauss exécutent leurs parties avec brio, tandis que la section rythmique composée de Chuck Garric (basse) et Glen Sobel (batterie) complète le tout. Malgré la pluie, le public est au rendez-vous et s’implique activement en reprenant les différents couplets et refrains. Côté scène, toutes les mises en scène sont évidemment de mise pour notre plus grand plaisir. “School’s Out” conclue de fort belle manière leur représentation, replongeant les festivaliers au tout début des années 70.
NINE INCH NAILS (Mainstage 01) – Tête d’affiche de cette soirée, Nine Inch Nails doit relever le défi de faire oublier le mauvais temps au public présent. Le groupe opte pour un départ au maximum de la violence avec le combo “Mr. Self Destruct”, “Wish” et “Last”. Une scénographie à faire tomber les épileptiques, à coups de flashs lumineux synchronisés avec le rythme infernal de ces titres. Le premier instant de répit intervient avec “Piggy” et sa sensualité débordante. Derrière Trent Reznor, les écrans et lightings amènent de plus en plus de nuance. Les aspects industriels de la musique sont bien rendus par le montage vidéo. L’utilisation de la fumée permet de maintenir une forme de flou mystérieux autour des artistes pour un rendu captivant. Sensualité toujours avec l’érotique “Sanctified”. La scène devient bleue pour intensifier la beauté du morceau. Le très bel enchaînement de “Heresy” et “Closer” font monter l’ambiance. Le public saute joyeusement sur ce dernier titre qu’il connait par cœur.
Oubliée la pluie, oublié le froid devant un show aussi époustouflant. Le son est parfait du début à la fin et l’engagement des artistes est sans faille. Le contrôle quasi maladif du grand Reznor se fait sentir tant tout est maîtrisé à la perfection. Trent prend la parole pour féliciter les autres groupes et faire venir sur scène le chanteur de Health pour interpréter “Isn’t Everyone”. Un duo inattendu, qui apporte une touche de douceur. Atticus Ross et Trent Reznor envoient ensuite l’artillerie lourde pour conclure le set. “The Hand That Feeds” et “Head Like A Hole” font trembler de plaisir la fosse du Hellfest. Des morceaux d’une efficacité redoutable. Nine Inch Nails termine ce set par une version à couper le souffle de “Hurt”. Un piano voix, magnifié par une scénographie très intimiste. Comment ne pas se laisser envoûter par tant de magie ?
MEGADETH (Mainstage 02) – Un concert de Megadeth ne se refuse pas, surtout quand il passe après un véritable déluge de pluie. Il aurait été dommage de les louper, surtout pour un second passage au Hellfest. En guise de pré-intro, nous avons droit à une bande-annonce concernant le prochain album des Américains qui sortira le 2 septembre et se nommera The Sick, The Dying… And The Dead! ainsi qu’au premier single sorti la veille “We’ll Be Back: Chapter I”. Dès leur arrivée sur scène, avec notamment ce son si caractéristique des guitares (Dave Mustaine et Kiko Loureiro) et des grosses caisses (Dirk Verbeuren), l’assistance semble conquise, notamment avec un “Hangar 18” à l’effet dévastateur toujours aussi prévisible mais néanmoins jubilatoire. L’enchainement des vieux titres que sont “Wake Up Dead” et “In My Darkest Hour” (le “Fade To Black” de Megadeth) fait mouche avant que notre rouquin préféré prenne la parole “Bienvenue à vous, les gens de fin de soirée. C’est une journée heureuse pour nous car hier, nous avons sorti notre nouveau single tiré de notre prochain album […] et comme nous sommes de bonne humeur, nous allons jouer un titre que nous n’avons pas joué depuis longtemps”. Et il s’agit de “Take No Prisoners”, du cultissime Rust In Peace (1990), et c’est sans doute à partir de ce moment que le concert s’emballe pour ne plus redescendre.
Autre rareté appréciable, “Angry Again” (de la B.O. de Last Action Hero) d’une efficacité redoutable de par son côté catchy. Dave nous explique avec une émotion teintée d’une hargne salvatrice que “si je n’ai pas choisi d’avoir un cancer, j’ai choisi de lui botter le cul”. Les hits s’enchainent, notamment après “Dystopia”. “Trust” et son intro captivante, “A Tout Le Monde” dont le refrain en Français est évidemment repris comme nulle part ailleurs, et “Symphony Of Destruction” où les fameux “MEGADETH!” hurlés par le public sur le riff principal jaillissent de partout. James LoMenzo, qui a pris la place de bassiste vacante laissée par le pourtant irremplaçable Dave Ellefson, n’est pas en reste sur l’intro de “Peace Sells” et le set se termine comme d’habitude par l’hymne “Holy Wars”. Bien que ce groupe et son frontman aient toujours des détracteurs, on ne peut nier qu’il reste un groupe phare, ultra efficace, et musicalement fidèle à sa réputation.
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Textes : Chante Basma, Marion Dupont, Célia T., Fabien Durand
Photos : Emilie Bardalou