Pour ce second samedi, c’est avant tout le final avec les Guns N’ Roses qui est attendu, mais pas que !
MICHAEL MONROE (Mainstage 01) – Malgré un passage à une heure peu flatteuse, petit rappel historique quand à Michael Monroe, connu pour avoir été le chanteur/fondateur du groupe finlandais Hanoi Rocks dont l’histoire restera tragique. Formé en 1979, il connaît une ascension fulgurante (plus d’un million d’albums vendus) jusqu’au décès en décembre 1984 de leur batteur Razzle Dingley (drame documenté dans le biopic The Dirt sur Mötley Crüe), évènement auquel le groupe ne survivra pas réellement (séparation en 1985, reformation en 2001, puis nouvelle séparation en 2009). Hormis le drame humain, c’est également un gâchis musical pour un groupe qui a inspiré beaucoup d’artistes dont Axl Rose qui aurait déclaré : “Si Hanoï Rocks avait obtenu le succès qu’ils méritaient, vous n’auriez jamais entendu parler de Guns N’ Roses“.
Le leader investi la scène sur le titre éponyme du dernier album One Man Gang (2019). Crinière blonde, mascara, visage émacié, cuir noir et rouge, on est effectivement bien dans le glam de L.A. époque 82 (ce qui vaudra la remarque suivante entendu dans le pit : “je ne savais pas qu’Iggy Pop avait une sœur“) qui annonce le thème de la MS1 dont Guns N’ Roses est la tête d’affiche. Alors certes, le frontman finlandais fait presque plus que son âge (60 ans), mais sa bonne humeur, son charisme, sa démarche un peu paumée font le job, et tout le monde trouvera en fin de set que les trente minutes allouées étaient bien trop courtes. Il est quand même peu aisé de ne pas fredonner par exemple le refrain de “Last Train To Tokyo” réminiscent de la grande époque du glam. Sans arrêt en mouvement, allant souvent au contact du public en descendant dans le photo pit, il nous régale, notamment lorsqu’il sort un magnifique saxo rouge et doré sur quelques titres, ou en arborant un choix de casquettes type marine ou autres. Un très bon début de journée.
GLORYHAMMER (Mainstage 02) – Tout droit venu d’une galaxie lointaine, les Gloryhammer effectuent leur deuxième atterrissage à Clisson. Tout le monde se rappelle de leur passage matinal en 2019, et de leur prestation plus que réussie, 2022 suit la tendance. Les fans sont présents en nombre et les festivités se veulent animer. Bien que les claviers résonnent avec classe et les chœurs sont repris avec fierté, un changement majeur est à noter. Angus McFife XIII n’est plus, c’est Angus McFife qui tient désormais le poste de chanteur (de son vrai nom Sozos Michael). Difficile de succéder à pareil chanteur et frontman, mais la différence est saisissante en terme de portée vocale. Le nouvel single “Fly Away” augure de belles choses pour la suite. La prestation prend fin avec “The Unicorn Invasion Of Dundee”.
HUMANITY’S LAST BREATH (Altar) – La Suède ne tarit pas de talent ! Humanity’s Last Breath nous colle une claque bien méritée, le tout mené par l’aura lourd et sombre de son chanteur Filip Danielsson. Vocalement, c’est une vraie bête. Bien qu’il ne soit pas très actif sur scène, la puissance et la technique de son chant fait tout le taf et cela nous va très bien ! À ne pas louper lors de leur date parisienne le 15 décembre prochain.
AYRON JONES (Mainstage 01) – Ayron Jones par-ci, Ayron Jones par-là, difficile de ne pas entendu, vu ou lu à son sujet depuis de nombreux mois. L’artiste américain, dont les singles de 2021 trustent les charts, célèbre également sa première au Hellfest. Sonorités rock, attitude grunge, débauche d’énergie et une vraie présence scénique : voici les éléments marquants de sa prestation. Accompagnés d’excellents musiciens sur scène, Jones mène un show cohérent mais il nous est parfois difficile de s’y retrouver. Cette attitude, ou le son, parfois grunge, déstabilise aussi les festivaliers. Il est indéniable qu’il s’y passe quelque chose, en revanche cela ne semblait pas bien net à nos yeux aujourd’hui.
BETRAYING THE MARTYRS (Altar) – Il nous aura fallu que quelques titres pour nous rappeler exactement ce qui ne prend pas avec Betraying The Martyrs pour nous. Loin d’être un mauvais groupe, les titres passent et nous restons sur notre faim. Le set ne décolle pas et nous manquons même de décrocher juste avant la fin du set. Alors oui, cela s’écoute, cela reste moment agréable, mais c’est tout. Le nouveau chanteur, Rui Martins, mentionne que c’est le plus grand concert qu’il ait jamais joué, ce qui ne manque pas d’attendrir l’auditoire. Nous espérons que cette nouvelle addition permettra au groupe de se renouveler et de nous présenter quelque chose d’un peu plus alléchant !
HÄLLAS (Valley) – Formé en 2011, la formation suédoise est une véritable pépite dans cet ensemble de groupes saturés. Au contraire des groupes habituels de la Valley qui font régner la fuzz et les basses, Hällas se distingue par un son clean et des mélodies à gogo. Les inspirations heavy, hard et progressives s’allient pour développer une musique originale et plus que catchy. Fan de classic rock/heavy et des pointes de claviers bien senties ? Ce groupe est fait pour vous !
GARY CLARK JR. (Mainstage 01) – A peine plus âgé que son compère Ayron Jones, Gary Clark Jr. est lui un artiste plus établi. La programmation de son intéressant cocktail de rock, blues et de soul est d’ailleurs l’un des paris de cette édition. L’audience est attentive et curieuse de voir évoluer le Texan. Plus concis et plus posé, la différence -qui n’a peut-être pas lieu d’être- avec Ayron Jones est malgré elle faite. Son blues contemporain trouve écho et dévoile des titres savamment composés. Son profil va inévitablement se faire une place parmi nos favoris dans nos bibliothèques respectives.
ELUVEITIE (Mainstage 02) – Sur le temps, les Suisses d’Eluveitie ont été récompensés de leur nombreuses présences sur la route et notamment au Hellfest avec un créneau sur la MS2. Si le son peine à trouver son équilibre, avec un Chrigel Glanzmann (chant) qu’on a connu plus en voix, l’énergie est là, surtout que le combo nous offre une grosse production (flammes, gerbes des flammes, feux d’artifices sur pratiquement chaque morceaux). Si “King” reste très prévisible, sa partie soli instrumentale est très efficace. “Inis Mona” est évidemment reprise en chœur par les très nombreux spectateurs, mais dès l’entame de “A Rose For Epona”, l’ambiance retombe, et le côté très commercial de la setlist commence à avoir son petit effet. Dans un set de quarante-cinq minutes, surtout dans un festival de metal pur, jouer “A Rose For Epona”, “Ambiramus”, ou “L’appel Des Montagnes” (en Français, plutôt sympa cela) ne semble pas pertinent compte tenu de la discographie du combo dont “Havoc” donne une idée. Nous avons quand même droit à un nouveau titre, “Aidus”, au couplet aussi efficace que le refrain reste encore un peu trop convenu. Un concert d’Eluveitie est toujours agréable, mais aujourd’hui, on est bien loin des carnages perpétrés par les Suisses sur ce même site les années précédentes, où les circle pits et pogos s’enchainaient rapidement et où des spectateurs grippaient à certains poteaux de la Altar/Temple pour assister au show.
MYLES KENNEDY AND COMPANY(Mainstage 01) – Est-il bien nécessaire de le présenter ? Que ce soit avec Alter Bridge ou Slash, Myles Kennedy a un abonnement longue-durée au Hellfest. Pour cette première en solo, l’artiste américain amène avec lui son deuxième album solo The Ides Of March (2021), une réalisation plus électrique que son prédécesseur. Accompagné de deux de ses comparses musiciens (ex-The Mayfield Four), Kennedy déroule un set sans accroc. Malheureusement l’absence d’une seconde guitare manque cruellement. La reprise de “World On Fire” n’y fera d’ailleurs rien. A l’année prochaine ?
TOUCHE AMORE (Warzone) – Retour du côté de la Warzone pour une dose de post hardcore bien emo comme on aime ! Une fois les plus bagarreurs du pit calmés, c’est un public pour calme et disposé à s’imprégner des textes de la formation qui se presse devant la scène. Au programme, une setlist de pas moins de dix-sept titres et un groupe aux anges à l’idée d’enfin retrouver son public français et d’être au Hellfest. Quoi de mieux que “Come Heroine” pour débuter, suivi de “New Halloween” et “Palm Dreams”. Nous avons même droit à “Just Exist” issu de Is Survived By (2013). Mais aussi “Amends” et “~” tirés de Parting The Sea Between Brightness And Me (2011) qui vient conclure ce set. Une belle ballade riche en émotions qui n’aura pas manqué de faire crier chaque parole aux fans logés au premier rang.
AIRBOURNE (Mainstage 01) – Les Australiens, déjà venus pour le premier week-end, remettent cela pour le plus grand plaisir du public. Leur set, bien rodé, est terriblement efficace. Prévisible et intense, il débute avec l’hymne “Ready To Rock”. Le groupe a ses routines : l’utilisation du mégaphone, la sirène, les verres de bière jetés au public, les canettes de bières ouvertes avec la tête. Des formules qui continuent de bien fonctionner tant elles semblent être naturelles pour Joel O’Keeffe. La nouveauté de cette année est l’hommage à Lemmy. Joel sert des verres de Jack Daniel’s avec une lichette de coca pour évoquer l’âme du rock n’roll avant de les distribuer aux membres du groupe. Les verres tournent ensuite entre membres du crew et public. Le COVID semble bien loin ! Côté musique, c’est tout simplement un balayage en règle des disques du groupe. Un bon mélange de hits et de morceaux moins connus. Le quatuor séduit par son dynamisme et sa capacité à créer des instants mémorables. La conclusion avec “Runnin’ Wild” est juste parfaite !
NIGHTWISH (Mainstage 02) –
GUNS N’ ROSES (Mainstage 01) – Pour ce quatrième concert français post “reformation“, avec les retours de Slash et Duff McKagan, les Guns N’ Roses rappliquent à Clisson. La précédente monture était passée en 2012 et avait laissé de bons souvenirs aux festivaliers. L’attente est évidemment immense et la foule patiente déjà depuis plusieurs heures pour trouver le bon spot, la meilleure visibilité possible. Si la setlist est quasi irréprochable (malgré l’absence de “Estranged” et “Double Talkin’ Jive”), le show lui n’atteint pas les niveaux escomptés.
Groupe en roue libre, à l’américaine (sans surprise), mais surtout un manque criant d’entrain et d’énergie. C’est mou. De toute évidence côté public, les avis sont partagés : du plus positif au plus négatif. Cette première pour beaucoup est un pur plaisir, pour ceux qui ont assisté à leur concert au Stade De France. La différence est frappante. Un jour sans ? Peut-être. En revanche, difficile de comprendre le son faiblard délivré par cette icone du hard rock US. Si les classiques réveillent l’auditoire à chaque fois, replongeant Clisson dans les ambiances 80’s, les nombreuses coupures et reprises (dispensables) n’aident pas Axl Rose et ses comparses à emballer et dynamiter la Mainstage. On pouvait attendre beaucoup mieux de cette tête d’affiche si attendue et chérie des fans. Dommage.
CONVERGE: BLOODMOON (Valley) – Converge a fait appel au talentueux Stephen Brodsky et à la déesse Chelsea Wolfe pour explorer de nouveaux horizons. Le projet se dévoile sur scène sous la tente de la Valley. La prestation est amoindrie par un mauvais réglage sonore qui affecte principalement les voix des trois interprètes. La plus lésée étant Chelsea Wolfe, à peine audible sur certains titres. C’est fort dommage car l’équilibre du projet repose sur les contrastes apportés par sa voix lyrique fasse aux passages plus lourds voire violents des autres musiciens. Jacob Bannon captive avec sa présence hypnotique. Habité, il vit sa musique d’une rare intensité. Stephen Brodsky semble heureux de partager la scène avec des amis de longue date. Sa voix retentit avec rage et résignation. Le show est sublime côté lighting. L’ambiance intimiste et veloutée invite le public à se laisser porter par la magie de la musique. Les derniers morceaux trouvent un meilleur équilibre dans le son et révèlent toute leur puissance. Surprise à l’écoute de “Wretched World”, morceau issu de l’album Axe To Fall (2009) et normalement interprété par le chanteur Genghis Tron.
BLIND GUARDIAN (Mainstage 02) – L’atmosphère se rafraichit devant les scènes principales. Les Guns N’ Roses en ont fini avec leur longue prestation, et pourtant, ce n’est pas fini ! Les plus courageux et les fans assidus se pressent à côté. Changement de décor, place au power metal de Blind Guardian ! Et surprise, à l’occasion de son trentième anniversaire, le quatrième album studio Somewhere Far Beyond (1992) sera intégralement interprété ! Énorme surprise pour beaucoup, sentiment mitigé pour d’autres, l’hésitation laisse place à un set maitrisé et ô combien jubilatoire. L’immense Hansi Kürsch (chant) impressionne toujours autant. Maitrise, justesse, puissance, rien ne fait défaut chez le frontman. Les musiciens l’entourant ne sont pas en reste et Blind Guardian fait forte impression. Les moments forts sont évidemment l’osmose entre le groupe et son public lors de “The Bard’s Song” et le rappel. Le classique “Mirror Mirror” nous revigore et “Valhalla” fait office de chorale géante avec un refrain chanté et crié durant de longues minutes après même la fin du concert ! Rendez-vous est pris le 2 septembre pour le douzième album studio. Danke schön.
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Textes : Chante Basma, Marion Dupont, Célia T., Fabien Durand
Photos : Emilie Bardalou