Dernier jour, et grosse programmation ! Entre Slipknot et le grand retour/hommage à Pantera, sans oublier les déjantés Electric Callboy et quelques autres valeurs sûres du circuit, ce dimanche n’est clairement pas de tout repos pour l’édition 2023 du Hellfest !
WOLVENNEST – (Valley) Wolvennest prend d’assaut la Valley avec son mélange hypnotique de rock psychédélique, de musique rituelle, de doom metal et d’ambient. Le groupe explore des territoires sonores sombres et mystérieux, créant une atmosphère immersive et envoûtante. Sur scène, le chant de Shazzula est l’un des points forts du groupe. Elle accompagne les riffs de guitare répétitifs et les lignes de basse hypnotiques. Écouter Wolvennest, c’est se plonger dans une ambiance sombre et introspective. La montée en puissance des morceaux amène parfois à une forme de transcendance. Les touches d’électro et les effets sonores viennent enrichir une musique déjà bien construite. La prestation pour ce Hellfest 2023 est néanmoins un peu en dessous de leur dernier passage. Peut-être l’effet du ciel ouvert et de la pluie qui se profile. Mais il semble manquer un élément ce matin pour parfaire l’expérience.
HOLLYWOOD UNDEAD – (Mainstage 01) Il fallait braver la pluie pour aller voir les Américains d’Hollywood Undead ce dimanche. La présence de palmiers et d’éléments sur la Californie réchauffe un peu l’atmosphère. Il suffira d’une minute au groupe pour inciter tout le public à sautiller frénétiquement sur “Chaos”. Connu pour son mélange de rap et de rock, le groupe réussit à galvaniser les foules grâce à une présence dynamique sur scène. En effet, la formation est formé de cinq chanteurs musiciens, qui se passent les instruments à tour de rôle au gré des morceaux. Premier temps fort du show avec “Riot” et ses passages électro terriblement efficaces. La prestation très festive du groupe semble conquérir le public courageux, de plus en plus nombreux. Jouant la carte de l’inattendu, le groupe se plaît à reprendre “Enter Sandman” et “Du Hast” dans un medley aussi loufoque qu’accrocheur. Même le batteur est mis à contribution pour chanter “Livin’ On A Prayer” de Bon Jovi. Hollywood Undead sort le grand jeu pour retourner le Hellfest. C’est chose faite avec leurs deux morceaux emblématiques “Everywhere I Go” et “Undead”.
HALESTORM – (Mainstage 02) Il pleut encore lorsque les musiciens de Halestorm montent sur scène, pas assez pour décourager la foule amassée près de la Mainstage. Le groupe démarre très fort en envoyant ses deux titres “I Miss The Misery” et “Love Bites (So Do I)”. Le public est aux anges et le show est résolument metal. Lzzy dédie “I Get Off” à toutes les femmes présentes au Hellfest. L’occasion d’une démonstration vocale, habituelle pour elle, mais toujours très impressionnante. Entre passages instrumentaux bluffants et des envolées vocales a cappella, tout est là pour séduire les foules. Derrière ses fûts, Arejay arbore son plus beau costume fuchsia et attire presque plus l’attention que sa sœur. Son solo de batterie est devenu un rituel incontournable pour tout set d’Halestorm. Les singles plus récents “Back From The Dead” et “The Steeple” recueillent autant les faveurs des festivaliers que les morceaux plus connus. Un beau moment de partage pour ce groupe.
HATEBREED – (Mainstage 01) Quand on a qu’un set de quarante-cinq minutes du metalcore/punk/thrash des Américains de Hatebreed mené par Jamey Jasta, on se doute que cela va envoyer vite et bien, et l’interaction entre le groupe et le public massé devant la Mainstage 01 va vite le confirmer. Devant un énorme backdrop aux couleurs du dernier album en date Weight Of The False Self (2022), Matt Byrne (batterie) va donner le rythme d’un concert rageux et bien énervé qui piochera dans beaucoup d’albums du groupe, avec un accent sur Perseverance (2002). Casquette vissée sur la tête, cheveux longs et barbe bien fournie, le frontman semble ravi de sa présence au Hellfest et fait participer le public de nombreuses fois, comme lorsqu’il demande “Combien parmi vous ont déjà vu Hatebreed ? Combien pour qui c’est la première fois ?” avant de balancer “As Diehard As They Come”.
Malgré un son brouillon et tournant, mais heureusement soutenue par une motivation non feinte de tous les membres du groupe, la musique quand même bien teintée de hardcore fait exploser la fosse à plusieurs reprises. Quant à elle, elle ne se fait pas vraiment prier pour faire part de son envie et reprendre à pleine gorge déployée, par exemple, le refrain de “Destroy Everything”. Un bon moment pour les amateurs.
ELECTRIC CALLBOY – (Mainstage 02) L’une des nombreuses attractions de la journée s’apprête à faire danser la foule comme jamais. Les Allemands d’Eskimo Callboy enflamment les charts et nos petits cœurs, depuis de nombreuses années certes, mais particulièrement depuis 2020 et le single -et vidéoclip- “Hypa Hypa”. Sans surprise, les premiers beats suscitent une excitation intense et l’arrivée en fanfare des musiciens et des deux frontmen fait exploser Clisson.
Le show est mené avec brio. Les animations graphiques apportent un réel plus, se transformant parfois en karaoké géant également. Le set festival est ainsi concentré sur TEKKNO (2022). Chaque morceau trouve preneur, les aficionados sont ravis. Quant aux festivaliers qui découvrent ces Teutons, la mission est accomplie. “We Got The Moves” irrésistible conclut en beauté. Comment évoluera le groupe dans les prochaines années ? Mystère. En revanche, les voir clôturer une journée sur la même Mainstage 02, tel est notre souhait pour les éditions à venir. Si tu n’as pas fait de séance de tekkno-cardio à une heure du matin, tu as raté ta vie.
MUTOID MAN – (Valley) La Valley accueille le chanteur et guitariste Stephen Brodsky, connu pour son groupe Cave In, et ses comparses pour un tourbillon de riffs de guitare puissants et de rythmes frénétiques. Mutoid Man c’est le mélange détonnant de stoner rock, de punk, de heavy metal et d’éléments de rock progressif. Le groupe se plaît à reprendre le mythique “21st Century Schizoid Man” de King Crimson dans une version bien plus énervée que l’originale. Avec Mutoid Man, il n’y a aucun temps mort sur scène. C’est une avalanche de gros riffs, de solos de guitare virtuoses et de lignes de basse percutantes qui se fracassent sur le public du Hellfest. Le tout porté par l’excellent batteur de Converge, Ben Koller. Stephen Brodsky déborde d’un enthousiasme communicatif. Le soleil de plomb de cet après-midi n’empêche pas le public de profiter d’un concert aussi puissant que plaisant.
TENACIOUS D – (Mainstage 01) Plus qu’un événement, c’est une révélation. Jack Black et Kyle Gass sont enfin programmés sur une scène du Hellfest. Le duo bien rigolo venu de l’autre côté du monde fait figure, pour beaucoup de metalheads, d’icône, voire de dieux pour certains. Tenacious D In The Pick Of Destiny (2006) fait d’ailleurs office de référence cinématographique, aussi culte tout simplement !
Un festival, en plein jour, avant Pantera et Slipknot, les conditions ne sont peut-être pas les plus optimales, sans évoquer aussi le show qui fait office de sketch géant, en anglais, avec les différents titres interprétés aussi. Bref, accrochez-vous si vous ne connaissez pas le duo et/ou si votre niveau d’anglais n’est pas au top.
Jack Black dégage une forme olympique, sans doute parce que la tournée arrive à son terme, autant se lâcher ! Les classiques “Kickapoo”, “Tribute”, “The Metal”, “Beelzeboss (The Final Showdown)” et “Master Exploder” sont de sortie, accompagnés d’autres titres plus récents également. Bien heureusement, la conclusion poétique avec “Fuck Her Gently” réchauffe les cœurs. Moment bisounours de tout le week-end.
PANTERA – (Mainstage 02) Il y a ceux qui ont vu le vrai Pantera de la grande époque, ceux qui ont dégusté le set spécial concocté par Phil Anselmo & The Illegals en 2019… et tous les curieux qui, en 2023, souhaitent voir de leurs propres yeux ce qu’est Pantera aujourd’hui. Évidemment, les deux grands absents étant irremplaçables. Leurs portraits respectifs, tenant un verre de whisky, sont d’ailleurs imprimés sur les deux peaux des doubles-basses de Charlie Benante (Anthrax), et on connaît les liens profonds qui unissaient Dimebag et Zakk Wylde.
Et autant le dire tout de suite, ce concert, pourtant soutenu par de meilleurs musiciens, dont Rex Brown (basse), seul membre historique avec Phil Anselmo, ne surpassera pas le concert des Illegals de 2019, ni les précédents. La faute à deux choses : la réaction poussive et molle du public présent, et le rythme parfois ralenti des compositions interprétées. Alors, pour quelle raison ?… Charlie Benante, qui a des problèmes physiques depuis longtemps maintenant (il joue même une date de tournée sur deux quand il est avec Anthrax, on l’avait donc loupé pour la date parisienne il y a quelques années), était-il le bon choix ? Était-ce du copinage ? Même s’il est un excellent batteur, la signature et le niveau technique (notamment en double-basse) qu’affichait Vinnie Paul nécessitaient peut-être un batteur encore meilleur. Ce n’est qu’un avis, pas une affirmation.
Niveau concert, Anselmo nous rappelle, pas que c’était une nécessité, qu’il est un habitué du Hellfest, qu’il y a joué avec tous ses groupes. Niveau son, la batterie écrase tout, un peu trop peut-être, car malgré les appréhensions de certains, Zakk ne se perd pas comme à son habitude avec Black Label Society dans des solos interminables et dispensables, et reste dans la mesure du possible fidèle au jeu et au son du regretté Dimebag. “Qui va être le plus fou entre les new blood and past blood ?“, demande Phil Anselmo avant “Fuckin’ Hostile”. “La question elle est vite répondue”, comme dirait un grand philosophe actuel… et il n’y a tellement pas match qu’il est presque déprimant de constater qu’en 2023, les gens se déchaînent plus sur Eskimo Callboy que sur Pantera. Les bousculades étaient de mise plus tôt dans l’après-midi, mais durant ce concert, la foule reste globalement très calme. L’un des meilleurs moments est l’émouvant “Suicide Note Part: 2” (avec sa Part.1, c’est l’un des meilleurs moments de l’album The Great Southern Trendkill (1996)) avec ses “do it! do it!” hurlés par Anselmo qui résonnent encore et filent des frissons vu le sujet. En conclusion, ravi d’avoir pu revivre un tel concert, mais un peu déçu du manque de réaction du public (dernier jour du festival oblige ?) et du ralentissement presque général des titres.
SLIPKNOT – (Mainstage 01) Slipknot a la lourde tâche de fermer le bal du Hellfest. Sans la présence de Clown et avec un nouveau membre, le groupe suscitait beaucoup d’interrogations avant le concert. C’est un début de set tonitruant qui s’annonce avec le violent “The Blister Exists”. Un enchaînement brutal de trois titres qui fait mouche auprès du public, ravi de pouvoir libérer le restant d’énergie avec ce choix de morceaux. Après cette entrée en matière, la scénographie prend une autre dimension. Elle se pare d’écrans de toute part de la scène pour projeter des images et des lumières dans une ambiance très moderne et captivante.
Le groupe joue les morceaux trois par trois avec des pauses sonores comblées par des bandes-sons très indus qui font leur effet. La triplette “Psychosocial” / “The Devil In I” / “The Heretic Anthem” dépasse toutes les attentes de la foule. Le public se déchaîne avec ces singles particulièrement entraînants. Et il faut dire que tout le monde est en forme sur scène. Corey Taylor, à son habitude, délivre une prestation phénoménale, mais personne n’est en reste à ses côtés. Corey mentionne que Clown était présent au début de la tournée et a dû subitement retourner aux États-Unis. Il appelle le public à chanter sur le classique “Wait And Bleed” en guise de soutien. La demande est bien comprise et des milliers de personnes s’époumonent sur le refrain du morceau. La jonction avec l’excellent “Unsainted” est parfaite.
Mais ce soir, c’est un cadeau très spécial qui attend les fans du groupe. Corey annonce qu’il va interpréter un morceau souvent réclamé par les fans mais très peu joué en live. Probablement le morceau le plus fort d’un point de vue émotionnel pour ce groupe. C’est un vrai cadeau que Slipknot offre au Hellfest avec cette interprétation de “Snuff”.
Après quelques autres boulets de canon bien envoyés, le groupe revient sur scène pour un rappel. Deux titres phénoménaux pour finir cette soirée en apothéose : “Duality” et “Spit It Out”. Finalement, Slipknot aura joué pas moins de six morceaux extraits du premier album pour un concert ébouriffant, visuellement sublime, avec un rythme parfaitement maîtrisé de bout en bout. Du grand art !
Dimanche canon ! Malgré une grosse pluie en début de journée, et quelques petites averses moins intenses ici et là, cette dernière journée de l’édition 2023 du Hellfest a tenu ses promesses. À l’année prochaine, Clisson !
Jour 1 – Jour 2 – Jour 3 – Jour 4 – Bilan
Reports : Marion Dupont, Fabien Durand, Chante Basma
Photos : Emilie Bardalou