Deuxième journée, avec beaucoup d’attentes et parfois quelques curiosités. Shaka Ponk au Hellfest ? Machine Head en tête d’affiche ? Découvrez nos réactions.
LOVEBITES (Mainstage 1)
Comme toute sensation au Pays du Soleil Levant, les groupes de rock/metal nippons attirent souvent l’attention des fans du monde entier. LOVEBITES foule ainsi les planches du Hellfest cette année ! Malgré l’horaire matinal, la foule est nombreuse pour apprécier les solos de Midori Tatematsu (guitare) et l’osmose que dégage l’association d’Asami (chant), Fami (basse) et Miyako (guitare). Un heavy/power bien exécuté, qui nous donne envie de creuser davantage leur discographie.
WHILE SHE SLEEPS (Mainstage 2)
Plutôt habitué de la Warzone, c’est en Mainstage que le groupe originaire de Sheffield vient balancer son mélange explosif de metalcore et de punk. Une entrée tout feu tout flamme pour un set survitaminé. La voix de Loz Taylor, mêlant cris rageurs et chants mélodiques, galvanise le public tandis que les guitares de Sean Long et Mat Welsh tissent des harmonies complexes et puissantes. Les titres comme “Silence Speaks” ou “ANTI-SOCIAL” déclenchent des vagues de slam et de crowd surfing. Le groovy “SELF HELL” fait danser un public bien motivé en cette deuxième journée. Seul le réglage du son vient un peu gâcher la fête, aléa de passer en festival. Au final, le seul regret est que le set est bien trop court !
LOFOFORA (Mainstage 2)
En ce week-end d’élections législatives, les vétérans français étaient très attendus. Lofofora joue la carte de la sobriété côté scène, un écran rouge, une tenue rouge, la couleur est annoncée pour ce set bien engagé. Reuno n’hésite pas à envoyer quelques piques au festival comme aux festivaliers. “Vous êtes contents d’avoir payé trois-cent cinquante boules pour voir Shaka Ponk ?“. Les années passent et la pertinence des paroles reste intacte. Que ce soit avec “Macho Blues” pour dénoncer les agressions faites aux femmes ou le slogan affiché “nique le R Haine“, les messages sont clairs et sans appel. Lofofora prouve une fois de plus qu’ils sont des piliers de la scène française, capables de mobiliser et de captiver leur audience avec une puissance et une conviction intactes.
SAVAGE LANDS (Mainstage 2)
Savage Lands, le supergroupe monté pour lutter contre la déforestation, se présente en mainstage devant un public très épars. Ne connaissant pas la musique du groupe, les festivaliers ont préféré voir d’autres scènes. C’est pourtant avec un mélange audacieux de rock alternatif et de grunge que le groupe débute son set. Les vidéos de messages des différentes parties prenantes appellent à agir pour planter des arbres. Les visuels sont tristement beaux. Poun de Black Bomb A assure le show. La reprise d’AC/DC sied parfaitement à sa voix. Chloé Trujillo le rejoint pour quelques morceaux. Au final, c’est un show plutôt accrocheur que produit Savage Lands, avec un sentiment de faire partie d’un collectif jovial et engagé.
STEEL PANTHER (Mainstage 2)
Nul besoin de présenter les presque résidents du Hellfest que sont Steel Panther ainsi que leur obsession pour les “nichons“. On sait à quoi s’attendre en allant à ce concert, mais ils arrivent quand même à nous surprendre. En déjà cinquante années de carrière, le groupe nous joue ses morceaux “Eyes Of A Panther”, “Death To All But Metal”, et “Gloryhole” avec efficacité (le guitariste Satchel ne bronche même pas entouré de femmes invitées sur scène qui s’agrippent et dansent autour d’eux), tout ça entrecoupé par un florilège de vannes. Une scènette de théâtre potache qui, après la venue de Lofofora et des Femen, semble gêner une grande partie du public devant Ralph Saenz embrassant goulûment une fan entre deux morceaux. Pour les connaisseurs, Steel Panther offre un show assez commun mais efficace tandis que pour les nouveaux, c’est choqué qu’ils repartiront continuer leur festival. Peut-être est-il temps d’arrêter de passer ses vacances à Clisson et de laisser la place à de la nouveauté pour les prochaines éditions.
TOM MORELLO (Mainstage 1)
L’une des légendes de la guitare envahit la Mainstage ce vendredi soir. Ce n’est autre que Tom Morello accompagné de son groupe qui vient satisfaire nos petites oreilles mélomanes de son iconique son de Fender et de sa virtuosité. Et à quoi s’attendre de ce concert quand sa discographie se compose avant tout de reprises et de featurings ? Eh bien essentiellement des medleys (ou plutôt une liste d’intros) de son premier groupe Rage Against The Machine, de reprises comme “Power To The People” de John Lennon, “The Ghost Of Tom Joad” de Bruce Springsteen, et d’un hommage à Chris Cornell avec le morceau “Like A Stone” d’Audioslave. On a le droit à des morceaux originaux bien évidemment qui se glissent entre le cafouillis de cette setlist et une sorte de karaoké géant de l’inévitable “Killing In The Name”. Si à chaque solo qu’entreprend Tom, tous nos poils s’hérissent, lorsqu’il s’agit de chant on est tout de suite moins convaincus. Le concert est donc décousu mais ce qu’on retiendra de cette heure et quart, ce sont les solos qui font de Morello une légende vivante du Hellfest.
SHAKA PONK (Mainstage 2)
En tête d’affiche d’un Hellfest plus mainstream, le groupe français Shaka Ponk est attendu avec ferveur. Pour rappel, le groupe fait ici “The Final Fucked Up Tour” avant de clôturer sa carrière, c’est donc avec une légère pression face à un public se disant “pourquoi pas de toutes façons c’est leur dernière” que la formation fait ses premiers pas à Clisson. Comme à son habitude, le chanteur Frah se lance dans la foule avec ferveur et on ne peut s’empêcher d’admirer la force que le chanteur a pour à la fois slamer, nager dans la foule et chanter. Le groupe enchaîne des morceaux plus ou moins rock, une setlist classique que l’on retrouve sur les autres festivals avec en guise de douceur “J’Aime Pas Les Gens” et “I’m Picky” qui s’intensifient parfois avec de lourds riffs de guitares à faire headbanger les timides qui ne sont pas dans les divers pogos et wall of death que nous propose le groupe ce soir.
Ce qu’on peut leur reprocher est leur bavardage, et leur contact plutôt étrange avec le public : “Vous allez peut-être vous faire mal, vous allez peut-être perdre vos affaires, vous allez peut-être mourir dans ce pogo“. Hmm.. plutôt étrange quand on connaît le public, et puis qu’on balance quelques minutes plus tard le téléphone d’une pauvre fan voulant faire un selfie (on pense à toi, on connaît cette peine d’affaires perdues à leur concert). La scénographie est, elle, très propre et sauve un peu le show. Accompagné de la Chorale Urbaine, le groupe nous offre une décoration en hauteur, ornée de livres et de fauteuils ainsi que d’un écran central. Tout ça donne un résultat propre mais peu rock, trop bavard et qui ne change pas des autres festivals. On est au Hellfest, bordel.
MACHINE HEAD (Mainstage 1)
Machine Head s’impose comme l’une des meilleures performances de cette édition du Hellfest. Le groupe est là pour tout donner et dès le début du set c’est la folie. Ceux qui incarnent la quintessence du thrash et du groove metal n’ont pas fini de surprendre le public. Dès les premières notes de “Imperium”, la foule est saisie par la puissance brute et l’agressivité du groupe. Robb Flynn, le leader charismatique, domine la scène avec sa présence imposante et sa voix gutturale, entraînant le public dans un maelström sonore. Les solos de guitare incendiaires de Reece Scruggs (qui officie au sein de Havok) et les rythmes implacables de la batterie martèlent sans relâche, créant une atmosphère de chaos contrôlé. Le set de Machine Head est un mélange habile de nouveaux titres et de classiques indémodables. Des morceaux comme “Davidian” et “Halo” résonnent avec une intensité renouvelée, déclenchant des moshpits frénétiques et des chants en chœur du public. Chaque chanson est livrée avec une précision et une passion qui témoignent de la longévité et de la pertinence du groupe sur la scène metal.
Visuellement, c’est la fête permanente. Machine Head ne lésine pas sur les feux d’artifice, lâchers de ballons, flammes et effets de tous genres. Le groupe a bien compris qu’être une tête d’affiche c’est pouvoir assurer un show récréatif et jouissif. Pour sa plus grosse production scénique, c’est réussi. Machine Head se révèle comme un des poids lourds du metal moderne, avec un spectacle à la fois brutal et cathartique qui laisse le public épuisé mais euphorique. Chapeau bas, messieurs !
BODY COUNT (Warzone)
Troisième passage du projet musical mené par Ice-T et Ernie C. Sans surprise, les accès à la Warzone sont difficiles, la foule est dense et prête à en découdre. Les Américains sont comme à leur habitude ultra efficaces. Le frontman/acteur n’y va pas de main morte dans ses discours, ce qui a le don d’en choquer certains, et d’en faire rire d’autres. La reprise de “Raining Blood” a de quoi secouer tout le monde, afin de rappeler qu’il n’est pas encore l’heure de dormir. L’association des albums d’antan et des plus récents fonctionne parfaitement. Cerise sur le gâteau avec Evan Seinfeld (Biohazard) qui s’invite pour un medley The Exploited ! Quant à Chanel, la fille d’Ice-T, celle-ci aura aussi contribué durant “Talk Shit, Get Shot”. Tel père, telle fille ! Une solide fin de soirée.
THE PRODIGY (Mainstage 2)
Les pionniers de la musique électronique britannique arrivent sur scène pour secouer ce Hellfest 2024. La formation, malheureusement amputée de son charismatique chanteur Keith Flint, est enrichie par les musiciens live. Le set débute avec les géniaux “Breathe” et “Omen”. Une combinaison imparable pour faire bouger la fosse. Le groupe fusionne énergie punk et électro, créant une ambiance survoltée où chaque morceau est accueilli par des acclamations tonitruantes et des danses effrénées. Le début de “Firestarter” lance un mini hommage à Keith, avec des lasers qui viennent dessiner le contour de sa silhouette si reconnaissable. Les transitions sont un peu longues entre chaque titre et le fait de n’avoir qu’un MC/chanteur enlève un peu de dynamisme sur scène. Le grand public ne semble pas tout à fait convaincu, mais la fosse est électrique devant la Mainstage. La deuxième partie de set avec “Smack My Bitch Up” et “Out Of Space” met néanmoins tout le monde d’accord.
Reports par Marion Dupont, Eurielle Boslowsky et Chante Basma.
Un grand merci à Régis Peylet de nous partager ses quelques clichés.