Après une longue pause en juillet, nous reprenions, dimanche dernier, le chemin du Batofar pour un concert fort en décibels. Ce soir, les américains très DIY de Horse The Band tiennent le haut de l’affiche, accompagnés des non moins importants Rolo Tomassi, venus présenter leur dernier album en date, “Astraea”, et des français de H.O.Z.
“Horse the Band is a band from Lake Forest, California who are best known for their 8-bit Nintendo-influenced sound combined with metalcore”. Traduction : “Horse The Band est un groupe originaire de Lake Forest en Californie, connu pour leur son aux influences Nintendo 8-bit combiné au metalcore.” Et, bien cela promet, et en effet la soirée aura été riche en couleurs auditives.
Du grindcore de H.O.Z au Nintendo-core de Horse The Band (entendre : musique de bourrin mixée à des synthés en mode Game Boy) en passant par le mathcore de Rolo Tomassi (très très core tout ça) on aura vogué dans des contrées fort fort lointaines et franchement cosmiques.
Une ambiance très bon enfant (si on oublie la présence de la groupie défoncée des premiers rangs qui aura donné du fil à retordre aux organisateurs), des groupes qui ont le sourire et qui donnent tout ce qu’ils ont, sans non plus en faire des caisses (ça reste le Batofar, pas le Download Festival), une affiche parfaitement cohérente. Bref, de très bons ingrédients pour une soirée réussie aux airs de chevauchées fantastiques.
Avec un groupe qui s’appelle “Cheval le grrrrroupe” (à prononcer avec l’accent amerloque) il fallait bien qu’un petit malin se ramène avec un méga canasson en peluche. Et on peut vous dire que celui-ci aura valsé gaiement toute la soirée; tantôt balancé d’un bout à l’autre de la salle, tantôt enfourché par un cavalier avec des ailes de petite fée dans le dos, entre surréalisme et féérie, on se sera franchement bien marré.
Mais la soirée n’aura pas été que drôle, parce que comme le souligne Nathan Wineke, chanteur de Horse The Band dans le documentaire tiré de leur Earth Tour : “rien de ce qui fait le groupe n’est fondamentalement amusant, on ne quitterait pas notre famille pendant trois mois pour des blagues”
Donc oui, la soirée, derrière ses airs de grand guignol, aura su apporter une bonne once de profondeur. Car tout de même, quand on chante avec l’intensité d’Eva Spence (ROLO TOMASSI) et de Nathan Wineke (HORSE THE BAND), ce n’est clairement pas pour parler du temps qu’il fait ou de notre dernier râteau au bal du lycée. Les textes des groupes sont poétiques et décalés, parlant du monde et du passage à l’âge adulte, entre autre, de sexe aussi parfois, mais chez les dinosaures. Dans le public ça fanfaronne gaiement, ça gueule à plein poumon, ça slamme, ça moshe, ça jacasse avec les musiciens qui sont, petite salle oblige, d’une proximité fort plaisante. Il nous est arrivé de sentir le temps passé avec douleur dans cette salle, mais pas aujourd’hui. Ce soir tout s’enchaine parfaitement dans la joie et la bonne humeur. Pas de galère technique, pas de temps d’attente interminable entre les groupes, si bien qu’on se retrouve dehors avant 23h sur des quais de Seine encore blindés de touristes et de parisiens en vacances. Notre dernier concert remontait à la mi-juillet. On avait traversé le pays pour voir un groupe de divas américaines à guitares jouer à Nice. Et bien très franchement, on aura plus apprécié l’ambiance, l’énergie et la chaleur de la calle du Batofar en compagnie de nos trois groupes de coreux souriants et d’un public enthousiaste, aux lumières froides et creuses de la caverne de Platon américaine.
Setlist :
Birdo
Cloudwalker
The Failure Of All Things
The House of Boo
Lord Gold Throneroom
Horse The Song
Shapeshift
Murder
Sex Raptor
—-
Seven Tentacles And Eight Flames
Cutsman
Bunnies
Crédit photos : Fanny Schneider