En ce lundi 15 décembre dernier se joue une date importante pour la nouvelle scène française, sur la scène du Batofar. A Place To Die, The Sinner Side, Novelists et Shoot The Girl First étaient réunis pour soutenir les Américains de I, The Breather.
La soirée s’ouvre sur la prestation des jeunes talents A PLACE TO DIE qui donnent ce soir leur premier concert. C’est avec un son mal balancé, et des lumières aveuglantes que luttent les petits bébés de l’événement, afin de nous montrer leur potentiel. Malgré un manque de motivation du public, et un chanteur malheureusement encore un peu malade, ils savent faire naître de l’engouement par-ci, par-là dans la salle. Après un wall of death qui aura échoué et des tentatives de création de pit, le groupe finira par se contenter des quelques balancements de tête et bras levés qui leur seront offerts. Si l’ambiance n’est démentielle, ce n’est pas une raison pour mourir de honte, ce n’est certainement pas l’endroit pour cela. Au contraire, il règne une certaine émotion et fierté, de voir une formation faire ses premiers pas, et naître sur scène. A Place To Die? Non, un endroit pour débuter. Pour eux, le Batofar est donc le lieu d’une naissance, d’une nouvelle histoire.
Après eux monte THE SINNER SIDE. Avec un petit côté plus assuré, le combo n’en reste pas moins à ses débuts, et joue sa première date sur cette scène parisienne. Un même son et ces mêmes lumières qui font défaut, mais une rage de réussir était palpable au sein du groupe, qui nous prie de ne pas les laisser, mais plutôt de les encourager. Même s’ils pêchent parfois, les garçons donnent le meilleur d’eux-mêmes pour donner l’office. Confessant leur côté débutant, et les quelques fautes, les garçons, qui semblent être tout sauf des enfants de coeur, se déchaînent sur leur première démo, qu’ils nous communient avec fierté. Mais leur dernière chanson se termine déjà et la messe est dite. Entendant les critiques du public à la fin des prestations, il semblerait que l’avis soit unanime : pour un premier concert, et malgré les quelques défauts que l’on aura relevé, la scène metal française a encore de beaux jours devant elle, si la relève possède un tel potentiel.
Après ces deux premiers groupes, le niveau monte d’un cran avec NOVELISTS. Habitués de la scène, et actuellement en tournée à l’étranger, les musiciens font ressentir leur bonheur de jouer à nouveau dans la capitale, qui plus est dans une salle “si bien remplie”. Les headbangs se font moins hésitants, le pit explose, un wall of death est tenté, et surtout, l’assemblée commence enfin à répondre aux sollicitations. Lors de “Souvenirs”, plus d’une personne se risquera à chanter les paroles en cœur, entre deux jetés de cheveux vers le sol. Novelists écrit magistralement ce début de soirée. Entre émotions crues, sentiments à vif, et joie immense d’être présents parmi nous, c’est une osmose parfaite qui se créé lors de la performance. Les barrières entre les artistes et le public tombent, à coups de “approchez-vous, que je vois vos faces” lancés par Matt chaque fois que la lumière permettait de distinguer les visages, mais aussi par la force des émotions elles-mêmes. Ils savent ce qu’ils ont à faire, et le font avec brio, tout en se laissant la souplesse d’une relation authentique avec leur auditoire. Après deux nouvelles chansons, dont une qui ne possède même pas encore de titre, le chanteur nous fait une confession dans le silence religieux régnant dans la salle : “Nous avons tous des problèmes, que ce soit au travail, à la maison, n’importe où. Mais si nous faisons de la musique, c’est justement pour vous faire oublier ces soucis. Pour vous faire respirer. C’est la raison pour laquelle nous sommes là”. Novelists sont les auteurs d’un renouveau, d’une bouffée d’air frais, que ce soit sur la scène française, ou dans nos vies ce soir-là. Ils prennent ce qui est, et réécrivent selon un jour meilleur. C’est ainsi qu’ils introduisent la suite de la soirée, dans un climat de confiance et de bienveillance.
Bienveillance, bienveillance… Quelle bienveillance accorder à une formation qui s’appelle SHOOT THE GIRL FIRST ? Machisme et plaisanteries mises à part, cette soirée est l’occasion de jouer avec son nouveau line up, lequel n’avait pas encore eu le temps de faire ses preuves puisque le clip de “Call Me V” ne verra le jour que le lendemain de la date. Il s’agissait donc de conquérir le public, et notamment les fans qui suivaient le groupe depuis leurs débuts. Après quelques articulations et excuses en français du nouveau chanteur anglophone, pour nous expliquer qu’il ne parle justement pas notre langue, et se présenter brièvement, les premières notes frappent. L’ambiance est semblable à celle de leurs prédécesseurs, Novelists, si ce n’est l’effet de surprise en plus : les nouveaux membres semblent avoir conquis en quelques notes, pour ne pas dire qu’ils ont surpassé les anciens, selon les dires de quelques fans présents ce soir. Mais cette légitimité, notamment du nouveau frontman, se fait sentir lorsque Julie, la claviériste, attrape le micro, et screame d’une même voix avec Alex James. La cohérence du dialogue entre les deux vocalistes est parfaite, ne manque de rien. Chacun est à sa place, et communique de la façon qu’il faut. Challenge réussi. Les Cannois ont fait leurs preuves, il ne reste qu’à leur souhaiter que personne ne les écoute et tire sur la fille en premier… ni sur quiconque, d’ailleurs, car cette nouvelle formation promet d’être riche en bonnes surprises !
Vient enfin le tour des tant attendus I, THE BREATHER. Si les Français se sont chargés de leur chauffer la salle, et leur faire la haie d’honneur qu’ils méritent, les Américains ne tardent pas à les remercier comme il se doit. Émus également, c’est leur joie qu’ils laissent exploser sur scène. Inutile de lésiner sur les moyens, avec une introduction si riche, la tête d’affiche se doit de donner le meilleur d’elle-même afin de mériter sa place. Les spectateurs en sont conscients. Chacun se débride, comme s’ils s’étaient réservés pour ce moment. Dans la petite salle, les murs tremblent, le sol vacille… Ou du moins, c’est ce que l’on chercher à faire. Les pits s’enchaînent, les pogos se fracassent, et les headbangeurs ne semblent plus prendre le temps de respirer. Les slammeurs les plus chanceux auront une main bienveillante qui les aidera à grimper sur scène, parfois celle du chanteur Shawn pour ceux qui arriveront à la saisir. La scène aurait presque des allures de “La Création d’Adam”, de Michel-Ange. Pareillement à Novelists, I, The Breather, par son nom, mais aussi par son show nous prouvent qu’il n’a qu’un but : nous faire nous défouler, oublier nos problèmes, mais surtout respirer. Respirer dans cette capitale, faire naître de l’humanité et de la fraternité entre nous. Ainsi, chaque chute sera relevée, chaque coup sera excusé, chaque blessure sera guérie car un câlin ou un bisou, des amitiés et rires naîtront dans la salle tout au long de cette soirée. Et, comme pour résumer cette ambiance, cette communion, Shawn prendra un temps pour remercier chaque personne, avant de nous dire que “bien qu’étant à des centaines de kilomètres de chez moi, je me sens à la maison, ce soir”, tout en terminant par partager la scène avec Matt de Novelists, son “bro”, comme pour instiguer ce mouvement de partage.
Ainsi, le Batofar nous aura fait naviguer sur la nouvelle vague metal française, pour nous conduire sur les flots américains de I, The Breather. Mais avant tout, comme la rivière va à la mer, nous comprenons que c’est la même eau, la même source qui forme le tout. C’est le message qui semble être passé ce soir. Peu importe d’où nous venions, qui nous étions, quels problèmes nous affrontions, ce soir, il s’agissait de faire table rase, et de partager ensemble. Ce lundi, il nous a enfin été permis… De respirer.