C’est Halloween en mai à l’Élysée Montmartre ! À la veille de leur concert au Stade De France en première partie de Metallica, les croque-mitaines d’Ice Nine Kills profitent de leur séjour dans la capitale pour organiser leur lugubre soirée films d’horreur et y convier tous leurs fans !
Defying Decay
Il est à peine 18h15 quand le premier concert du soir entonne ses premières notes, avec un peu d’avance sur le programme. L’Élysée Montmartre n’a ouvert ses portes que depuis quelques minutes et c’est donc devant une salle encore assez peu remplie que les sept membres de DEFYING DECAY font leur entrée.
Cela ne semble pas effrayer les sept musiciens venus tout droit de Bangkok, qui font tout de suite preuve d’une énergie débordante, et tout particulièrement le chanteur et leader du groupe, Jay Euarchukiati, vêtu d’un étonnant costume bleu ciel.
La musique de Defying Decay, mélange détonnant de grosses guitares typées neo metal/metalcore et de sonorités électroniques, accroche immédiatement la foule qui, même en étant encore éparse, s’amuse quand même à faire des circle-pits et autre wall of death miniatures. Le bassiste du groupe descendra même au milieu du public pour continuer de jouer le dernier morceau.
Une jolie surprise pour débuter cette soirée et faire gentiment monter la température dans l’Élysée Montmartre.
Lansdowne
On change de style avec LANSDOWNE. Quand on voit l’armoire à glace qu’est Jon Ricci monter sur scène, le spectateur non-initié pourrait s’attendre à découvrir un groupe de hardcore, mais il n’en est rien ! Lansdowne délivre un metal alternatif/hard rock moderne formaté pour les radios américaines, et on a malheureusement surtout l’impression d’entendre une version cheap de Shinedown ou un sous-Nickelback.
La forte présence de bandes enregistrées (pour ne pas dire playback) rend la prestation encore un peu plus fade et ringarde. Une demi-heure de show pas franchement intéressante malheureusement. Vivement qu’Ice Nine Kills vienne nous réveiller !
SKYND
La soirée de l’horreur va enfin pouvoir commencer avec SKYND. Le groupe australien, mené par la chanteuse et frontwoman Skynd et le multi-instrumentiste et producteur Father, donne dans l’électro/indus metal et s’inspire d’authentiques crimes macabres dans ses chansons, toutes nommés d’après un meurtrier/tueur en série. Les extraits de vrais flashs infos diffusés en guise d’introduction avant chaque morceau nous plongent encore un peu plus dans le glauque.
Sur scène, accompagnée de deux musiciens masqués en capuches, la chanteuse Skynd accapare toute l’attention sur elle. Avec son chant théâtral et glauque à souhait, sa gestuelle burlesque, ses mouvements désarticulés et ses grimaces, elle nous rappelle Maria Brink d’In This Moment ou la marraine du punk Nina Hagen.
On tombe immédiatement sous le charme de la musique de SKYND, un mélange complètement fou de percussions martiales, de riffs indus et dansants, de son électro et de chant déjanté à base d’onomatopées, comme une version indus macabre de Die Antwoord. La chanteuse australienne modifie d’ailleurs énormément sa voix, également aidée par des effets électroniques, la faisant passer d’une voix aiguë de petite fille à un chant beaucoup plus puissant de diva pop.
Le morceau inédit “Edmund Kemper” ou celui sur le gourou “Jim Jones” laissent exploser le talent de la frontwoman sur des refrains à la fois pop et malsain. “Tyler Hadley” et ses “boogie-boogie bang-bang“ répétés en boucle nous rappelle encore une fois Die Antwoord. Et SKYND réussit encore à nous surprendre pour le dernier morceau du concert, “Gary Heidnik”, avec son “moment Céline Dion” où la chanteuse nous montre toute l’intensité et la fragilité dans sa voix sans aucun effet et quasiment à capella, avant que la chanson n’explose dans une tempête électro dubstep.
SKYND aura été un énorme coup de cœur ce soir et le charisme de la frontwoman du groupe n’y est pas étranger. On a très hâte de revoir le groupe en concert (dès le mois de juin prochain au Hellfest) !
Ice Nine Kills
L’Élysée Montmartre est maintenant quasiment rempli quand résonne le “Red Right Hand” de Nick Cave, chanson thème de la sage Scream, comme pour nous mettre dans l’ambiance de cette soirée spéciale films d’horreur. Les lumière s’éteignent enfin et les membre d’ICE NINE KILLS débarquent sur scène, costumés façon “bal de promo de l’horreur“. Les premières notes de “Funeral Derangements” résonnent à peine qu’une grande partie du public se rue vers l’avant de la salle pour profiter de l’ambiance. Spencer Charnas (chant), pelle à la main, fait monter l’ambiance avec ses hurlements.
Si Ice Nine Kills voit sa popularité grandir aussi vite ces dernières années, c’est principalement grâce à sa réputation live et à ses shows théâtraux dignes des plus célèbres films d’horreur. Et le concert de ce soir n’y fera pas exception ! Pendant “Wurst Vacation”, inspiré du film Hostel, deux hommes déguisés en boucher arpentent la scène, avec leurs masques de tête de bouc et leurs tronçonneuses. Spencer Charnas enfilera lui même un tablier pour démembrer (pour de faux, rassurez-vous) un pauvre homme.
La foule est ravie par ce spectacle sanguinolent et l’est encore plus avec “Hip To Be Scared”, l’un des tubes du groupe aux paroles inspirées d’American Psycho, et toute la salle chante en chœur le refrain et danse sur l’interlude funky façon Huey Lewis & the News, pendant lequel Spencer Charnas rejoue la scène culte du film et son meurtre à la hache. Si l’amour d’Ice Nine Kills pour les films d’horreur est déjà parfaitement visible dans les paroles et inspirations de chansons, on le ressent encore davantage sur scène et la fidélité avec laquelle le groupe recrée les différentes scènes extraites des films. C’est encore le cas avec “Ex-Mørtis” et son Necronomicon brandit par le leader du groupe, ou la prothèse-tronçonneuse qu’il porte en guise de bras, comme le héros de la saga Evil Dead.
Si “IT Is The End” semble être l’un des gros moments du concert, à en croire les cris du public à la vue du comédien en ciré jaune et de son ballon de baudruche rouge, ce n’est rien comparé à “The American Nightmare” ! Armé cette fois du gant de Freddy Krueger, le chanteur incite le public à balancer des bras. Tout le monde se donne à fond sur cet hymne au refrain ultra catchy et chante en chœur en sautant et dansant. On est qu’à la moitié du set et cela a déjà l’énergie d’un final !
Mais Ice Nine Kills en a encore sous le coude, pas d’inquiétude ! Il faut dire que le concept même du groupe est un puits sans fond d’inspirations et de références, comme celle à Psychose pour “The Shower Scene”, où le groupe rejoue encore une fois une célèbre scène de film (pas besoin de vous préciser laquelle, le titre du morceau étant assez explicite comme cela).
Seul membre d’origine du groupe encore présent, Spencer Charnas vole indéniablement la vedette aux autres musiciens, étant quasiment le seul impliqué dans les différentes mises en scène horrifiques (à l’exception de quelques masques pour les autres musiciens). Le guitariste Miles Dimitri Baker vient tout de même au centre de la scène pour jouer un solo à de rares occasions.
“Farewell II Flesh” nous offre le premier (court) moment ballade du concert, avant de décoller sur le refrain et de multiplier les gros riffs et les hurlements. Le concert se termine en apothéose avec “Stabbing In The Dark”. Les astucieux effets de lumières rouges et bleus façon voiture de police pendant le pont de la chanson rajoutent encore un peu plus de théâtralité à ce concert qui n’en manquait pourtant pas. C’est le moment parfait pour un dernier wall of death dans le public, pendant que Spencer Charnas égorge une demoiselle en détresse qui tentait de fuir la scène (toujours pour de faux, pas de panique). Ice Nine Kills quitte ensuite les lieux du crime.
Après une courte pause, tout le monde est de retour sur scène une dernière fois, pour offrir à l’assemblée une dernière dose de spectacle et de tube, avec “Welcome To Horrorwood”, repris en chœur par tous. Spencer Charnas en profitera pour être au plus proche de la fosse et se faire porter à genoux par les premiers rangs.
Avec son sens du spectacle et des mises en scène différentes à chaque chanson, Ice Nine Kills s’impose en futurs héritiers d’Alice Cooper et autres Rob Zombie. Cela ne fait aucun doute qu’un futur radieux s’annonce pour le groupe, qui mérite amplement sa popularité grandissante. On a hâte de les retrouver dans un futur proche dans une salle encore plus grande, avec des moyens de mise en scène encore plus délirants. Cela tombe bien, le groupe joue dès le lendemain au Stade de France !