De passage à Paris, la tournée Impericon Never Say Die! a pris ses quartiers dans la salle du parc de la Villette. Au programme, du metal, du punk, et même du hip hop : Vanna, The Human Abstract, As Blood Runs Black, The Word Alive, Deez Nuts, Emmure et Suicide Silence – bref, une constellation de ce qui se fait de mieux en terme de musique forte, de la côte ouest américaine, en passant par la côte est, jusqu’à l’Australie. Chronique d’une soirée pleine de surprises, de danse et de bon son.
En ce doux après-midi d’automne, la foule attend patiemment l’ouverture des portes. Le Cabaret Sauvage nous accueille avec trente minutes de retard, et pourtant personne ne se presse. Il va y avoir du sport, et tout l’monde reste tranquille, traverse le vestibule et pénètre dans la sombre et superbe salle de spectacles.
Déjà, les excellents Vanna s’installent avant de lancer le show. Le court set de quatre morceaux de Vanna se termine à 18h20, tandis que l’événement prend des allures d’afterwork : des bandes s’installent dans les box, sirotant leurs bières tout en attendant leurs groupes préférés.
C’est The Human Abstract qui prend le relais. Les spectateurs enthousiastes s’adonnent à des parodies de danse en tous genres, auxquelles répond le chanteur Ryan Devlin à sa façon. Le temps d’un solo, il exécute une danse rétro puis un flip arrière, normal. A la fin, il annonce le groupe suivant : As Blood Runs Black.
Dès que les six californiens débarquent sur scène et envoient leur son primaire, un air de folie traverse le public, de plus en plus nombreux face à la scène. As Blood Runs Black ne laisse aucun répit au public, jouant même des titres de leur premier album, “Allegiance” (2006).
Après ce moment de défoulement, le passage de The Word Alive fait office de temps mort pour les spectateurs essoufflés. En outre, on a du mal à apprécier la musique à cause du son crade de l’ensemble. Bien qu’on entende mal la voix de Tyler Smith, les connaisseurs scandent les paroles par coeur.
Mais Deez Nuts, le poids lourd hardcore/hip hop, met tout le monde d’accord : autant As Blood Runs Black a mis le feu, autant Deez Nuts aligne tout le monde. Ponctuée par le populaire “I Hustle Everyday”, la performance des australiens est efficace.
Emmure également nous prend de vitesse et nous offre une performance à la hauteur de sa réputation : impressionnante. A la fin de leur passage, tandis qu’un micro est balancé dans la fosse, le public reprend en choeur : “WON’T YOU BE MY BRIDE” et applaudit allègrement le quintette.
Avant le dernier groupe, les spectateurs sortent s’aérer. Mais c’est encore trempés de sueur qu’ils se pressent pour acclamer Suicide Silence qui ouvrit les hostilités avec “March To The Black Crown”. Les dernières batteries d’énergie sont exploitées jusqu’au bout, sous forme de moshpits, circle pits, etc. Le charismatique et rebelle Mitch Lucker maîtrise son auditoire d’une main de fer, déclamant ses instructions avec conviction. Avant “Smoke” : “Si tu fumes de l’herbe, fume-la MAINTENANT. Si tu fumes des cigarettes, allumes en une. Si tu ne fumes pas mais as du feu, élève la flamme dans les airs.” Bien évidemment, seules quelques timides flammèches issues de briquets apparaissent. La soirée prend fin sur “No Pity For A Coward”, et une invitation par Mitch à envahir la scène pour lui “serrer la pince”. Message reçu. On assiste à un moment inédit où des spectateurs prennent possession de l’estrade, crowdsurf dessus, profitent de manière directe de l’expérience de la musique live. La soirée prend fin sur cette belle image.
Ce soir-là, dans ce cadre splendide, la solidarité, la générosité et l’accessibilité des groupes ont contribué au succès global de l’événement. L’Impericon Never Say Die! demeure un événement à ne pas rater, où le fan, l’auditeur, le mélomane, est considéré, et d’où nos esprits et nos oreilles ne sortent pas indemnes.
Crédit photos : Jennifer Wagner