Les essences de parfums et les manteaux de cuirs se sont dirigés vers le Trabendo le 25 février dernier. Cette nuit hivernale n’a pas empêché les parisiens de venir se réchauffer au coin d’une soirée trempée rock avec In This Moment.
Avant de nous exploser les tympans avec Maria Brink et son quatuor, place au groupe STARSET, qui à 19h30 ouvre les grilles du heavy metal piqué d’électronique. Il va de soit que la formation s’est encore munie de ses costumes de masques à oxygène et d’une chemise blanche avec nœud papillon pour le chanteur Dustin Bates. Il est difficile de déceler une once de sincérité tant le show est trop esquissé. Ce groupe, parfois comparé à Linkin Park, Breaking Benjamin ou encore Orgy, nous a produit trente minutes de titres autour de son album “Transmissions”. Même si la mise en avant s’est faite avec beaucoup de fioritures, il n’en demeure pas moins que le travail est façonné, rythmé, et efficace.
20h18 et la deuxième partie n’est toujours pas prête à lâcher ses chiens. Hipsters, vieux de la vieille, gothiques, tous les genres sont présents et attendent patiemment de savoir à quelle sauce les FEARLESS VAMPIRES KILLERS vont les manger. Soyons positifs, voir une formation se mettre correctement en place fait parti d’un jeu auquel on assiste rarement. L’audience est pour le coup perplexe, mais quand les aiguilles affichent 20h30, le set peut enfin commencer. Il faut avouer que nous ne pouvons réfuter que ces jeunes Londoniens sont plein d’énergie et enragent de revendiquer leurs identités. Qu’en est-il de la qualité de la prestation ? C’est une certaine déception pour l’assemblée du Trabendo. De la volonté, ils en ont. Mais de là à dire qu’ils sont calés et brillants, le doute existe néanmoins. Ce quintette nous balance du “death pop” assez maladroit, les deux chanteurs Laurence Beveridge et Kier Kemp s’essaient aux rôles des crooners batcave, ce qui rend le spectacle assez ironique. Ils manquent cruellement de sincérité. L’on tâchera de ne pas être trop critique et de leur laisser une marge de manœuvre pour que le temps endurcisse ce groupe bien jeune. Les Fearless Vampires Killers rentrent cependant en interaction avec le public et ne lâchent pas l’envie de l’emmener en état d’extase. Ils reprendront le titre incontournable d’Elton John “I’m Still Standing”, façon rock garage, et la magie prend forme malgré tout. Même si la combustion a quelque peu échouée, avec du travail et du temps, tout le crédit de réussite et d’accomplissement leur seront accordés.
21h35. La foule s’impatiente et n’attend qu’une chose : IN THIS MOMENT. Dix minutes plus tard, une fumée blanche est déversée lentement sur les planches de l’enfer. Une voix-off de Maria Brink alias l’associée du diable, nous informe que les règles du jeu risquent d’être difficiles à suivre. Sous un coup de tonnerre explosif, des nymphes de l’horreur jaillissent des rideaux et préparent le chemin pour la reine Brink et ses acolytes. La contamination commence avec “The Infection”. L’antre de sa demeure réveille nos pires cauchemars. Cette chère Lady Gaga du heavy metal dicte la partition à ses machines et contrôle leurs mécanismes. Comme à l’accoutumée, le changement de costumes est inévitable sur chaque morceau. Et pour “Sick Like Me” c’est en infirmière que la blondie aux formes généreuses nous prescrira notre dose. Une dose de metal si puissante qu’elle déchaîne instantanément la foule qui se retrouve sous l’emprise de la sorcière enchanteresse. “Black Widow” trouve sa place sous un chapiteau de cirque déluré et le premier rôle est attribué à la Scarlett Johansson du purgatoire, tantôt Queen tantôt monstre maléfique. Elle déploie sa gorge et laisse échapper une puissance vocale indestructible. Ce titre est un mélange d’électro-metal-rock, ce qui permet de monter en transe sans effort. Si l’on pouvait comparer l’organisatrice de ce pandémonium avec “Adrenalize”, ce serait avec Marilyn Manson et son “Burning Flag” dans l’album “Holy Wood”. Quand “Into The Light” retentit, c’est un arrêt sur image pour l’audience qui regarde attentivement la sirène sur son rocher de fer. La tension est tombée bien vite et surtout bien bas, mais la soirée de délires diaboliques recommence aussitôt pour laisser place à un moment de rock pur. Quand Chris Howorth et Randy Weitzel (guitare), Travis Johnson (basse) et Tome Hane (batterie) se retrouvent seuls avec leurs instruments, ça donne un nectar d’arpèges, de riffs et de déferlements sensationnels. Mister Hane nous achèvera avec un solo de batterie renversant à en faire exploser le sol du Trabendo. Un vent glacial souffle sur les terres de ITM, pour leur titre indétrônable “Whore”, le mâle se fait encore piégé par la formation et l’ensorceleuse. Mais son calvaire est presque achevé et c’est avec “Blood” que le coffre des masques sera condamné.
C’était un accueil triomphal pour les Américains de In This Moment. Le voyage au bout de l’enfer a atteint son point d’acmé. La seule tâche sombre au tableau était le choix de la salle qui ne laissait pas la place nécessaire pour ces artistes méchamment barrés.
Setlist :
The Infection
Sick Like Me
Black Widow
Adrenalize
Sex Metal Barbie
Burn
Into the Light
Fallen Heroes
Big Bad Wolf
Whore
—-
Blood