Coup d’envoi spectaculaire du Central Tour d’Indochine avec un baptême du feu au mythique Stade De France.
C’est sous le soleil radieux de la fin du mois de mai que les fans se pressent dans l’enceinte du Stade De France. Partout des T-shirts, des tatouages, des signes aux couleurs d’Indochine.
C’est à l’heure actuelle le seul groupe français capable de déplacer les foules dans des stades, le tout en proposant un show spectaculaire et en maintenant un prix de billet moyen plus que raisonnable. Qui peut se targuer de cela hormis la bande de Nicola Sirkis ?
Quelques rappels techniques pour bien s’imaginer le côté titanesque de cette première date et de la tournée à venir : 97 000 personnes attendues, 700 techniciens sur le point, 5 jours de montage, près de 70 semi-remorques de matériel. Indochine a vu les choses en grand pour la célébration d’un anniversaire plus que particulier.
Coach Party
C’est le groupe anglais COACH PARTY qui inaugure les festivités à partir de 19h45 sur l’immense scène centrale. Semblant un peu perdu dans l’immensité de la structure, le placement du groupe est quelque peu malheureux. Néanmoins, difficile de ne pas tourner le dos à une partie du public sur une scène ronde. Ce n’est pas forcément l’idéal pour une première partie qui se défend malgré tout honorablement, tout en restant statique et assez peu mobile. La faute à l’intimidation ? Nous prendrons sûrement beaucoup plus de plaisir à revoir la formation aux accents garage rock dans une salle plus petite et à la configuration scénique plus adaptée à son jeu.
Indochine
Le rythme des différentes ola permet de passer le peu de temps entre les deux sets (à peine trente minutes, ce qui est plutôt agréable et surprenant, chapeau aux roadies s’activant sur scène avant l’arrivée du groupe).
20h50 et le premier effet (et non le dernier) “whaouh” de la soirée : l’immense tour centrale, recouverte d’un écran, commence à projeter des images d’archives des quarante dernières années. S’entrecroisent pèle mêle des images de l’élection de Mitterand, la chute du mur de Berlin, les coupes de cheveux improbables du groupe, jusqu’au conflit entre la Russie et l’Ukraine, entraînant une marée de sifflets. Et puis comme le temps s’accélère, les images également, nous précipitant en 2022 et à l’arrivée sous une véritable ovation, de l’intégralité d’INDOCHINE : Nicola Sirkis, Oli de Sat, Boris Jardel, M. Marco et Ludwig Dahlberg.
Et c’est parti pour 2h30 de spectacle
C’est au son de “Nos Célébrations” qu’Indochine ouvre le concert de ce soir. Plusieurs soucis de son, qui ne seront réglés que quelques chansons plus tard, entravent un peu le plaisir que l’on peut prendre. Malgré tout, l’enchaînement de “Station 13” et “Marylin” permet à la fois de rétablir un son correct (quel dommage que le son de “Station 13” ait été si étouffé, empêchant au titre de prendre toute sa dimension de tube electro pop !) et de détendre un peu le groupe. Nicola Sirkis a en effet l’air tendu et cripsé au début du set et cette sensation mettra du temps à disparaître. C’est compréhensible : la pression d’enfin jouer cette tournée évènement après près de deux ans sans concert est énorme, et le groupe souhaitait être à la hauteur du spectacle “vendu” au public. Il n’empêche que le frontman sera moins bavard que sur les dernières tournées et par moment un peu moins dans l’énergie. Mettons cela sur le compte du stress, et ajoutons que cela n’a pas nuit au plaisir pris pendant le set.
Justement, parlons du set : une setlist rêvée pour tous les fans les plus “hardcore” d’Indo ! C’est un véritable régal de pouvoir entendre “Punishment Park”, “Le Baiser”, “La Chevauchée Des Champs De Blé” ou encore curiosité rare, “7000 Danses” ! Les plus puristes ont pu y prendre un plaisir sans égal.
Quasiment tous les albums sont représentés ce soir et cela donne une setlist variée, quoiqu’un peu déséquilibrée par instants : beaucoup de titres anciens, un seul de Black City Parade (2013) ou Dancetaria (1999). Le déséquilibre que l’on a noté vient surtout de l’enchaînement des titres, parfois surprenants. Mais nous y reviendrons quand nous aborderons le nouveau medley.
Une scénographie inédite… et des invités signifiants
Un mot sur la magnifique scénographie : cette immense tour recouverte d’écran permet d’offrir à tous une vue de la scène et des différents artistes. Ce qui n’est pas négligeable quand le cœur même de la dite scénographie est une scène centrale ronde, qui par essence ne permettra pas à tous de voir les interprètes sous le meilleur angle. Malgré tout, aussi mobiles que Nicola Sirkis (qui crapahute toujours autant aux quatre coins de la scène et du public), les membres se déplaceront à plusieurs reprises sur la scène afin de pouvoir permettre à tous les spectateurs de les voir. Bel effort.
Côté invités, le groupe a également décidé de nous gâter : Chris de Christine And The Queens viendra chanter avec Nicola la reprise de “3ème sexe”, une prestation très impressionnante de la part de l’artiste. Tout en mouvement de danse très saccadés, elle nous offre un spectacle habité.
N’oublions pas non plus l’apparition de Philippe Jaroussky, contreténor à la voix particulièrement aigue (pouvant faire penser à celle de Jimmy Sommerville) pour une interprétation poignante de “College Boy”. Un titre précédé par une projection de plusieurs témoignages particulièrement éprouvants de personnes harcelées. L’émotion sera vivace toute la soirée, que ce soit lors de l’interprétation de “Atomic Sky” ou des différents remerciements du groupe au public. Nicola Sirkis a semblé plusieurs fois au bord des larmes.
Toujours en lien avec l’anniversaire des quarante ans du groupe, l’arrivée de Dimitri Bodiansky pour jouer “Dizzidence Politik” avec le reste du groupe et Lou de Toybloid a été un formidable moment de nostalgie. Le groupe a visiblement pris un plaisir dingue à jouer ce morceau, quasiment pas joué depuis les années 2000.
Et enfin, dernière apparition surprenante mais particulièrement belle : la Garde Républicaine sur “J’ai Demandé à la Lune”, “Atomic Sky” et “La Vie Est Belle”.
40
Seul (petit) bémol dans cette soirée : le nouveau medley imaginé par le groupe manque de pêche et de transition entre chacun des titres. Loin de nous l’idée de critiquer mais… le medley interprété au Stade De France pour la tournée Meteor Tour ou pour le Black City Tour était beaucoup plus percutant. Manque de transitions affirmées, titres parfois peu liés entre eux. Hormis la fin du refrain de “Stef II” qui est toujours aussi efficace, le medley ne nous a pas convaincu. Gageons qu’avec un bon rodage il prendra sa véritable ampleur et énergie.
On s’achemine tout doucement vers la fin du concert et c’est sans surprise que retentit les premières mesures (bien raccourcies vis à vis des dernières tournées d’ailleurs) de “L’Aventurier”, retournant et incendiant le stade. Enfin ! L’énergie nous semblait quelque peu en deçà de ce que pouvait nous donner Indochine, et nous voilà enfin réveillés !
Un final tout en douceur et en feux d’artifice sur “Karma Girls” et il est déjà temps de nous frayer un chemin vers la sortie, balayant sur nos épaules les derniers confettis rouges, blancs, ou multicolores, qui ont voltigé durant les différents titres.
Comme l’a écrit Nicola Sirkis à la fin du concert sur l’un des écrans de la tour centrale, rendez-vous en 2033.