Après vingt ans sans passage à Paris en tête d’affiche, les Californiens aussi inclassables que cultes Jane’s Addiction ont donné rendez-vous aux fans français dans la salle mythique de l’Olympia. Il est vrai que depuis l’Élysée Montmartre en 2003, la bande de Perry Farrell n’a pas beaucoup fait parler d’elle. Accompagnée du groupe Humanist, la formation à l’histoire morcelée s’est bel et bien réunie dans son line up originel.
Humanist
Les Londoniens HUMANIST, portés par le musicien et producteur Rob Marshall, sont venus défendre le projet fou Humanist sorti en 2020. Humanist est un disque collaboratif auquel Mark Lanegan (Queens Of The Stone Age) et Dave Gahan (Depeche Mode) – pour ne citer qu’eux – ont prêté leur voix. Le quatuor investit la scène de l’Olympia pour interpréter les titres de cet album, à la croisée des chemins entre le rock et la new wave. Leur tâche de réchauffer l’atmosphère de la salle n’est pas aisée, mais ils réussissent progressivement à captiver les spectateurs. Leur mission étant accomplie, les musiciens quittent la scène sous une salve d’applaudissements après trente minutes de set.
Jane’s Addiction
Malgré un début tardif – dix minutes de retard – JANE’S ADDICTION arrive finalement sur la scène de l’Olympia, ovationné par les fans et toujours plongés dans une certaine obscurité. Ils entament le set avec le titre “Kettle Whistle”, un morceau à l’empreinte psychédélique, qui transporte l’auditoire dans un voyage hors du temps, celui d’un retour aux fondamentaux de la formation. Le quatuor plante le décor : ce soir, c’est direction l’origine du phénomène Jane’s Addiction.
Ça cale au démarrage
Perry Farrell, personnage hautement charismatique, arbore un borsalino qui cache son visage. Seule sa voix transparaît, voix qui n’a manifestement pas bougé d’une octave malgré les années. Dans la foulée, Dave Navarro emboîte le pas avec le riff de “Whores”, l’un des premiers succès de Jane’s Addiction. Perry Farrell prend un moment pour saluer le public parisien, déclenchant des acclamations enthousiastes. Un enthousiasme qui malheureusement s’estompe au fil des titres. La salle est moins présente, malgré les morceaux historiques du quatuor californien. S’enchaînent “Pigs In Zen”, “Ain’t No Right” et “Ted, Just Admit It…”, de quoi en faire pâlir plus d’un, mais l’énergie n’est pas vraiment au rendez-vous. Le jeu des musiciens Dave Navarro (guitare), Stephen Perkins (batterie) et Eric Avery (basse) est tout de même rondement mené, notamment sur “Stop!” où Navarro et Perkins se donnent la réplique, oscillant entre solos – avec quelques longueurs – de guitare heavy et de batterie percutante.
Décollage imminent
C’est finalement à la moitié du set qu’est joué le fameux morceau ballade “Jane Says” qui marque le tournant de la soirée. C’est à partir de ce moment que l’énergie monte d’un cran, galvanisant la fosse de l’Olympia. Peinant jusqu’à présent à maintenir l’attention de l’auditoire, ce sont les titres “Three Days”, “Stop!” et “Been Caught Stealing” qui fédèrent tant la fosse que les balcons. Perry Farrell, toujours en interaction avec ses fans, n’hésite pas à tendre le micro pour faire chanter les fans, paroles qu’ils crient à l’unisson. Après un court temps mort sur scène, le groupe reprend avec le titre “Chip Away” où les tambours sont de sortie ainsi que la voix distordue de Farrell qui transperce chacun d’entre nous. Le show se termine sur une note percutante avec “Mountain Song”, accueillie à bras ouverts par l’audience et clôturant le set avec un soupçon de nostalgie et une bonne dose de rock intense.
Jane’s Addiction rend les armes, et laisse derrière eux des spectateurs en demi-teinte. Malgré une scénographie décevante – des lumières souvent sombres et peu engageantes – Jane’s Addiction a réussi à capter l’attention d’une poignée de nostalgiques. La mise à l’honneur des trois premiers albums de la formation Jane’s Addiction (1987), Nothing’s Shocking (1988) et Ritual De Lo Habitual (1990), fondateurs du mythe Jane’s Addiction, a replongé les fans trente ans en arrière pour revivre les trois premières années fructueuses du quatuor californien. L’Olympia, aux trois quarts plein – notamment par un public issu de la génération X – repart tout de même satisfaite, bien que légèrement désappointée par une performance en dents de scie.
NOT SURE I SAW THE SAME CONCERT