Ambiance étrange en ce mardi soir au Zénith. Depuis plusieurs semaines est annoncé “l’évènement guitare de l’année” en 4×3 dans les rues de la ville, or c’est loin d’être la cohue aux grilles de la salle ce soir-là. Une fois entré, cette impression se confirme : un Zénith en jauge minimale et en configuration assise. Le prix des places n’y est certainement pas pour rien (de 50 à presque 100 euros) pour un artiste peu connu en France, forcément cela n’aide pas. Qu’à cela ne tienne, les personnes présentes ce soir-là sont justement toutes des fans et attendent avec impatience la montée sur scène de Joe Bonamassa pour sa première venue en terres nantaises, quelques mois après son concert parisien.
Point d’attente il n’y aura, puisqu’à 20h tapante la salle est plongée dans la pénombre, alors qu’un roulement sourd envahi la salle. L’artiste entre sous les applaudissements et colle immédiatement une première gifle à l’assemblée en décochant sans sommation le riff de “Dust Bowl”. Des gifles il y en aura beaucoup tout au long de ce concert. L’artiste est peu, voir pas du tout loquace entre chaque morceau et s’il est vrai que cela donne une impression de distance, cela a également le mérite de maintenir un rythme soutenu tout au long du show. Parlons de rythme justement au moment où Joe prend le micro pour présenter les musiciens qui l’accompagnent. Derek Sherinian aux claviers, Lenny Castro aux percussions, Carmine Rojas à la basse et Tal Bergman à la batterie. Pas forcément connus du grand public, l’énumération par Bonamassa des artistes avec lesquels ils ont chacun collaboré force le respect : Toto, Dream Theater, Alice Cooper, David Bowie, Rod Stewart, Stevie Wonder, les Rolling Stones, Eric Clapton… Bref le monsieur est très très bien accompagné et même si la guitare a évidemment un rôle centrale dans ses compositions, il suffit de tendre un peu l’oreille pour se rendre compte de l’incroyable boulot de son backing band.
Joe Bonamassa, c’est évidemment une guitare, mais également une voix profonde, juste, parfaitement taillée pour le blues, également capable d’appuyer de puissants morceaux rock n’roll. L’artiste impressionne tout au long de son set par l’étendue de ses talents et la diversité de son jeu de guitare. L’ambiance monte à mesure que les titres s’enchaînent et il est de plus en plus frustrant pour la plupart des spectateurs de rester sagement assis sur leur siège. Pourquoi diable avoir choisi une configuration de salle assise pour une performance résolument rock ? Difficile de vivre pleinement l’énergie et les émotions dégagées par la musique de l’artiste les fesses posées sur une chaise et beaucoup de têtes et de pieds frappent la mesure faute de mieux. Le concert est clôturé par deux classiques. Tout d’abord une magnifique version étendue de “Sloe Gin” débutant sur de délicats arpèges et s’envolant jusqu’à un final grandiose et un solo absolument fabuleux. Le bouquet final est offert par “Ballad Of John Henry” et son riff ravageur. Chaque musicien profite du morceau pour donner la réplique à la guitare du frontman, comme une dernière révérence au patron.
Terminé ? Pas tout à fait. Retour sur scène pour deux morceaux supplémentaires, “Django” et “Mountain Time”, magnifique conclusion aérienne pour un concert que certains jugeront bien trop court (1h45) compte tenu du prix des places. Mais l’exceptionnel a un prix et il est indéniable que la musique de Joe Bonamassa tient de l’exceptionnel et qu’un tel concert se doit d’être vécu au moins une fois dans la vie de chaque amoureux de la guitare.
Setlist :
Dust Bowl
Oh Beautiful
Who’s Been Talking
Blues Deluxe
Slow Train
Joe Talking
Love Ain’t A Love Song
Sloe Gin
Ballad Of John Henry
—-
Django
Mountain Time