KAISER CHIEFS @ Le Trianon (02/11/16)

Les Anglais de Kaiser Chiefs ont fait retentir le clap de fin de leur tournée européenne dans un Trianon loin d’afficher complet. L’occasion, pour la formation de Leeds, de défendre avec une énergie et une motivation intacte son dernier album, “Stay Together”, pourtant descendu par la critique de manière quasi-unanime.

Jouant pour la première fois dans une salle de cette taille selon ses dires, le duo français FANTÔMES assure la première partie face à un public enthousiaste. Ils ne sont pas réellement novices puisque c’est Mus, batteur du groupe Bagarre, qui officie au chant et derrière les futs. Bien meilleur batteur que chanteur, il partage le micro avec Paul, le guitariste. Les deux garçons marient garage rock et power pop pour bricoler un rock alternatif nostalgique tout droit sorti des années 90. L’ensemble, bien qu’homogène et intéressant, reste légèrement anesthésiant, la discrétion des deux musiciens ne faisant qu’accentuer cette impression.

21h approche et la salle, faute à un manque de promo ou à un virage FM toujours pas digéré, reste tristement à moitié vide. Peu importe, l’assemblée bouillonne et explose quand Andrew White (guitare), Simon Rix (basse), Nick Baines (claviers) et Vijay Mistry (batterie) débarquent sur scène, rapidement rejoints par l’ultra charismatique Ricky Wilson (chant). KAISER CHIEFS semble déterminé à prouver la qualité de ses dernières compositions et démarre les hostilités avec l’un des morceaux les plus réussis du dernier album, “We Stay Together”. Si son rythme funky fait se dandiner la salle, c’est le combo old school “Everyday I Love You Less And Less” / “Everything Is Average Nowadays” qui fait trembler le parquet.

Côté scène, l’ambiance est plus studieuse. Les cinq Anglais ont passé leur été sur la route et ont rempilé avec une tournée européenne intensive, et ça se voit. Faute de pouvoir se reposer sur le charisme – franchement inexistant – de ses quatre bandmates, Ricky Wilson tient le show à lui seul. La fatigue, doublée à la vision probablement peu réjouissante des balcons vides en face de lui, résulte en un leader moins exubérant qu’à l’accoutumée. Mais, alors que le concert progresse, il semble se focaliser sur la fosse bondissante et réceptive qui gigote à ses pieds et, une fois les premières notes du magistral “Never Miss A Beat” et son riff ravageur jouées, le groupe retrouve toute sa ferveur. Grimpant d’amplis à la batterie de l’imperturbable Vijay Mistry, Ricky Wilson bondit à travers la scène, baragouine quelques mots en français, balance des blagues avec un sourire narquois. Si on ne le verra pas se suspendre dans les airs ou finir au beau milieu d’un moshpit comme ça lui arrive parfois, le leader semble toujours déterminé à délivrer des performances marquantes.

Du côté des nouveautés, “Good Clean Fun” transpire l’élégance nonchalante british que le frontman incarne si bien, tandis que le cheesy au possible “Hole In My Soul”, loin d’être convaincant sur l’album, se révèle fédérateur en live. Dans l’ensemble, l’utilisation outrancière de synthés insipides est atténuée par l’énergie live et les riffs de Andrew White. Seul le single “Parachute”, avec ses nappes de synthés engloutissant les guitares, reste aussi indigeste en live qu’en studio. Mais il est difficile de rester de marbre devant un Ricky Wilson qui se démène et même ce morceau fait vibrer l’assemblée.

Si ces nouvelles pistes sont bien accueillies, c’est sans conteste les anciens singles qui règnent en maîtres. Avec six albums au compteur, Kaiser Chiefs croule sous les tubes incontournables et la plupart figurent au menu de ce soir. Des refrains de l’infaillible “Ruby”, repris par la foule avec un entrain féroce, à l’attaque au canon à confettis de la formation sur le public pendant le turbulent “The Angry Mob”, le quintette confirme qu’il n’a rien perdu de sa rage et de son efficacité. Et si on est encore loin de l’émeute sur “I Predict A Riot”, les pogos vont bon train. Le rappel est tout aussi survolté avec le palpitant “Misery Company” et le lumineux “Coming Home”, mettant en lumière la dextérité du guitariste. Évidemment, c’est le tube en puissance “Oh My God” qui vient clôturer en beauté 1h20 d’énergie contagieuse.

Difficile de ne pas constater que ce sont les anciens morceaux qui portent le show, mais les derniers arrivés prennent toutefois une dimension nouvelle sur scène et se révèlent efficaces. Après plus de quinze ans de carrière, Kaiser Chiefs parvient toujours à contaminer une salle entière de sa fougue infectieuse.

Setlist :

We Stay Together
Everyday I Love You Less And Less
Everything Is Average Nowadays
Ruffians On Parade
Why Do You Do It To Me?
Never Miss A Beat
Modern Way
Good Clean Fun
Ruby
Hole In My Soul
The Angry Mob
I Predict A Riot
Parachute
—-
Mysery Company
Coming Home
Oh My God