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KO KO MO @ Olympia (07/12/24)

Difficile de rêver mieux qu’un Olympia comble pour une clôture de tournée française. Presque deux ans après avoir foulé les planches de cette scène mythique en première partie de Royal Republic, cette fois-ci, ce sont bien les lettres de KO KO MO qui scintillent en rouge sur la devanture. Pendant plus d’une heure et demie, les Nantais Warren Mutton et Kevin “K20” Grosmolard vont démontrer que leur hard rock polyforme est largement taillé pour les plus grandes scènes.

Dynamite Shakers

Décidément, les DYNAMITE SHAKERS ont un agenda bien rempli. Deux semaines pile après avoir assuré la première partie de Sum 41 à Paris La Défense Arena, les quatre Français sont de retour en ouverture de KO KO MO. Ils retrouvent un public qui, pour une partie, les connaît déjà : un an plus tôt, KO KO MO les avait aussi invités à La Cigale. Comme à son habitude, le groupe démarre fort avec un enchaînement effréné de titres garage rock. Le sprint d’une demi-heure est soulagé par quelques morceaux plus retenus, laissant la place principale au chant à Lila-Rose, la bassiste. Les quatre musiciens véhiculent une énergie contagieuse, surtout Calvin, à la guitare, qui déclenche plusieurs solos jouissifs en occupant l’avant-scène avec aisance. Le public apprécie et les rappelle même une fois la demi-heure écoulée. Mais les préparatifs pour l’hôte de la soirée ont déjà commencé.


KO KO MO : classe incarnée

Tout dans la performance de KO KO MO resplendit d’une élégance sans prétention. La présence scénique de Warren et K20, leur complicité, la facilité avec laquelle ils manient leur(s) instrument(s), la composition scénique parfaitement accordée aux choix de setlist… et surtout, l’immense humilité qui émane des deux musiciens, dont l’émotion face au public de l’Olympia évoque celle qui transparaissait déjà à La Cigale un an plus tôt.

KO KO MO nous propose un plongeon tête la première dans l’univers sonore et visuel choisi pour son dernier album en date, STRIPED, sorti en octobre. Le groupe expliquait en interview avec RockUrLife en septembre s’être inspiré de la tournée partagée avec Jack White en 2022 pour appuyer visuellement le concept de STRIPED : un disque en noir et blanc, axé sur le contraste et les opposés, avec une pochette et une iconographie promotionnelle monochromes. Les concerts de la tournée automnale ne font pas exception : jusqu’au rappel, le jeu de lumières, subtilement travaillé, se contente du blanc pour trancher avec l’obscurité de la salle, tandis que toutes les chansons ont droit à une projection vidéo aux formes psychédéliques. L’Olympia se transforme en une sorte de kaléidoscope noir et blanc, rappelé par les tenues de Warren et K20, mais aussi leurs instruments.

Bref, la couleur n’est pas à chercher dans le décor visuel. En revanche, elle inonde la production sonore; car STRIPED, largement mis à l’honneur ce soir (huit slots réservés sur une setlist de treize chansons), est un disque varié permettant aux Français d’écarter les frontières stylistiques de leur musique et de dépasser la catégorisation hard rock qui les suit souvent. Cette facette est surtout mise en avant pendant la première moitié du concert, qui enchaîne les riffs avec panache : “Second Side” remplace efficacement “NON ESSENTIAL MAN”, d’habitude placée en première position, pour ouvrir le spectacle; “All The Way”, “Zebra” et “On The Run” confirment que KO KO MO est bien toujours un groupe de rock, avec une patte facilement identifiable d’album en album, peu importe les explorations musicales des dernières productions. Dans cet enchaînement, riffs gras, explosions percussives et envolées ultra-aiguës se marient à la perfection. Il laisse aussi sa place à la célèbre “Technicolor Life” (issue du disque éponyme paru en 2018), jouée en seconde position, dont la fin en halftime est un exemple parmi tant d’autres de la capacité des Nantais à élever les qualités de leurs chansons en live.

La lourdeur incandescente de “Wheels Of Fire” tranche avec la joyeuse agitation de “Zebra”. À la façon d’une “NON ESSENTIAL MAN”, le morceau découvre une autre facette musicale du groupe, dont les aspects heavy prennent cette fois-ci la forme d’un riff peu gourmand en notes, tonitruant, posé avec désinvolture sur une batterie puissante au tempo très lent. Les deux musiciens font baisser l’intensité d’un cran, laissant Warren se débarrasser de son micro pour faire entendre sa voix impeccable à l’ensemble de l’Olympia, déversant l’étendue de son talent avec une facilité presque énervante. Tout ça pour prendre l’audience au dépourvu en répétant une ultime fois le riff du morceau, dans un élan final jouissif. “Wheels Of Fire” nous roule littéralement dessus, remportant sans doute la palme du meilleur moment de la soirée, comme on pouvait s’y attendre en écoutant l’album.

La deuxième moitié du set joue avec des sonorités moins évidentes dans la discographie de KO KO MO. Lancée par un solo de batterie absolument formidable signé Kevin Grosmolard, aligné sur des backing tracks électro qui nous donnent la sensation d’être soudain entrés dans une soirée techno, cette seconde partie laisse aussi la scène à Warren et ses multiples instruments. Après avoir honoré son penchant folk avec “Bottle For Two”, chantée en unisson avec le public, il se munit d’une guitare douze cordes pour la version acoustique de “NON ESSENTIAL MAN”, qui, quoique très appréciable, n’atteint sans doute pas l’exaltation provoquée par la version originale (un des meilleurs morceaux de la discographie du groupe). Après la douze cordes, place à la mandoline pour le petit ovni qu’est “25 Again”, où Warren est rejoint au chant par la voix tout aussi impressionnante de Leila Bounous, présente ce soir pour assurer sa partie. Pour clôturer le set principal, KO KO MO prend un parti pris osé, en préférant à l’explosion rock un morceau aux touches bien plus électro pop, “Don’t Let Me Go”, nouvelle preuve de son habileté à manier les styles.

De retour sur scène, K20 prend la parole pour remercier l’Olympia et adresser quelques paroles à son père. Avant que l’émotion ne l’emporte, il relance les hostilités : “Idiocracy” est bien entendu au rendez-vous, délaissant les visuels monochromes pour une scénographie rouge vif, et l’électro pour une frénésie rock plus frontale. Si bien que Warren la conclut en nous montrant le dos de sa guitare, sur laquelle une inscription particulièrement à propos fait s’exclamer le public : “This machine kills fascists“. Créé par le musicien américain Woody Guthrie dans les années 1940, ce slogan est devenu un message de contestation politique récurrent dans le monde de la musique (repris par des groupes tels que Anti-Flag ou les White Stripes).

Prolongeant la tradition, après de multiples remerciements, le groupe fait son ultime morceau en pleine fosse, seulement armés d’un micro d’ambiance, d’une guitare acoustique et d’un caisson. Comme l’an passé, le choix se porte sur une reprise en toute intimité de “The Show Must Go On”, de Queen, permettant à la salle de scander les refrains en chœur avec Warren. Cette touche finale apporte une nouvelle couleur à la soirée. Les habitués le savent, désormais : les concerts de KO KO MO sont souvent peu fournis en chansons, mais traversés de surprises et de variations d’ambiances.

KO KO MO est de ces groupes qui parviennent à complètement sublimer ses productions studio en live, tant par la performance musicale que les effets scéniques. Sonner “comme en studio” ne suffit pas, et les morceaux revêtent un tout nouvel accoutrement taillé sur mesure en fonction de leurs forces. La prestation de KO KO MO propose un dosage parfait entre authenticité et maîtrise, lui conférant à la fois l’aura d’un grand groupe et la familiarité d’un artiste accessible.

KO KO MO Setlist L'Olympia Bruno Coquatrix, Paris, France 2024

3 commentaires

  1. Nous y étions Mylène 😉 et quel plaisir d’accompagner nos Amis Warren et K20 pour la 2ième fois à l’Olympia, mais où là ils apparaissaient en Très GROSSES lettres sur la façade de ce lieu mythique.
    Quelle soirée encore… Que de partages et de bons souvenirs ….
    Merci KO KO MO, et leur Staff.

  2. J’ai adoré une fois de plus ce concert des KOKOMO, des bêtes de scènes, et ai été d’emblée ébloui par l’intro magique de ce piano classique qui nous a beaucoup ému! Bravo les gars

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