Head de retour, un nouvel album dans les bacs, Korn revient dans la capitale française deux ans après son passage au Bataclan. 2014 marque donc le retour de Jonathan Davis et ses acolytes, qui n’ont pas foulé la salle Porte de Pantin depuis sept ans. Aujourd’hui, que reste-il vraiment de Korn ?
En ce lundi 5 mai, le Zénith De Paris est dans sa petite configuration (à savoir que les gradins du fond fermés) et plusieurs places sont restées vides sur les côtés.
Parmi les spectateurs, le look so 90’s est de rigueur : maillots/débardeurs de basket, clous, sweats à capuche, baggys, dreadlocks, des patchs à l’effigie de groupes, des sosies de membres de Korn, un vrai voyage dans le temps ! En effet, on retrouve un public de trentenaire, mais pas que. Ce sont les jeunes de l’époque qui ont bien grandi depuis, ces derniers ont donc ressorti leur ancienne panoplie de fans d’époque ! Il y a aussi des hipsters, des filles en mode Fashion Week… Un public assez hétéroclite, tous partageant une passion commune et impatient de voir Korn !
20h, la première partie HACKTIVIST commence. Premier constat : le son est si fort, qu’on ne distingue pas grand-chose de ce mélange de rap et de metal, comme si Rage Against The Machine rencontrait Limp Bizkit, avec une touche hardcore. Le guitariste James Timfy avec sa huit cordes sonne beaucoup dans les graves qu’on ne comprend plus grand chose, si ce n’est d’avoir une impression de répétition, tellement la structure des titres est identique : chant clair, scream, breakdown, pont atmosphérique… Le set aurait pu se confondre avec un unique morceau, à l’exception de la reprise musclée du “Niggas In Paris” de Kanye West qui aura enfin réveillée la petite foule, qui se contentait de simplement headbanguer. Se donnant à fond malgré un certain ennui du public, les musiciens, au look gangsta, casquette à l’envers, t-shirt et baggys, sont emmenés par deux chanteurs, l’un déversant ses flows dévastateurs, l’autre screamant, le tout sous de gros riffs de guitares. Sur les sept titres interprétés, quatre sont issus du dernier album “Hacktivist” dont “Elevate” dédié au headliner de la soirée, clôturant le set d’une demi-heure par une photo du groupe avec la foule. Belle prestation énergique gâchée par le son et le manque d’éclairage de façade. Dommage !
21h, le Zénith plonge dans l’obscurité. Sur scène, un drap dissimule les musiciens de KORN, seul leurs silhouettes sont visibles, alors qu’une introduction futuriste tonne. Les hostilités commencent avec les premières mesures de “Falling Away From Me” sous les acclamations alors que le rideau tombe, dévoilant les membres, en forme et heureux d’être à Paris. A l’extrême gauche se tient Brian “Head” Welch (guitare), aux côtés de Fieldy (basse), au centre se trouve le frontman Jonathan Davis et à sa droite, Munky (guitare)- que nous avions rencontré l’an dernier-. Les corpse paint des membres accentuent leur charisme et présence, tandis qu’au centre de la scène, la batterie de Ray Luzier est surélevée. Mais ce qui attire vraiment l’œil est l’imposant décor : un fond de scène jaune où de multiples écrans de télévisions affichent différentes images, qui ne sont pas sans rappeler le clip de “Spike In My Veins”, l’un des trois titres tirés du dernier album “The Paradigm Shift“, qui seront joués ce soir (avec “Love & Meth” et “Never Never”). Le public peut ainsi voir Obama, Miley Cyrus, Marilyn Monroe, les Télétubbies, Elvis Presley, Rob Ford, mais aussi des parodies de “MTV”, “YouTube” devenant “YouSuck”, “American Idol” en “American Idiot” et autres éléments issus des médias de masse critiqués par Korn ! Sur chaque côté de scène, des tours constituées de télévisions diffusent les mêmes images. Enfin, que serait un concert de Korn sans l’emblématique pied de micro mi femme mi alien de feu HR Giger, “The Bitch” ? La setlist nous fait remonter dans le temps et parcourt la quasi intégralité de la carrière de Korn (“Got The Life”, “Did My Time, “Somebody Someone”, “Here To Stay”…), à l’exception des albums “Untitled” (2007) et “Korn III: Remember Who You Are” (2010). Un groupe qui surfe sur ses anciennes gloires. Certes, il manque quelques classiques, mais le Zénith aura également droit aux nouveautés électro/dubstep (“Get Up!”, “Narcissistic Cannibal”), au grand malheur des premiers fans. Mais il faut avouer que même si Skrillex & Co sont remplacés par des samples, le live donne une certaine énergie aux compositions de l’avant dernier opus, “The Path Of Totality” (2011). Même si cela ne se voit pas à première vue, Korn a retrouvé sa conviction (merci Head ?) et un son d’une puissance inégalée. Les membres sont tellement focalisés sur leur performance, énergique, qu’il n’y a peu, voir pas de communication entre les musiciens, sauf peut-être Head et Fieldy, se jetant des regards complices et se cherchant tout au long du set, alors que Ray ne cesse de faire le pitre derrière ses fûts. Quant au public, ce dernier, infatigable, reprendra toutes les chansons du début jusqu’à la dernière note et transformera la fosse en trampoline !
Pas de répit jusqu’à 22h07, l’heure du rappel. Le Zénith gronde et c’est reparti pour deux morceaux old school, “Clown” et “God God” qui permettront à nouveau à “HIV” d’hurler à la folie en se tordant dans tous les sens, tel un patient d’asile totalement en transe. Et ça fait plaisir à voir ! Comme tout concert de Korn qui se respecte, le show ne pouvait se terminer que sur le mythique “ARE YOU REAAADYYY??” de “Blind”, qui n’a pas du tout pris une ride depuis toutes ces années. Ce sera l’ultime occasion pour la foule de “faire du bruit” et de se déchainer, histoire de terminer la soirée en apothéose !
La claque ! Korn a livré un concert impeccable à l’américaine qui a filé à grande vitesse, laissant très peu de place à l’improvisation, à l’exception du mini solo de Head ou encore l’intro “Molested” issu de la démo de “My Gift To You” avant “Clown”. Au bout de vingt ans de carrière, le public qui a fait un véritable voyage dans le temps, vers les années 90 en 1h30, est toujours là et n’a pas été déçu, au vu de la super ambiance, aussi bien dans la fosse que dans les gradins. Même si l’âge d’or du néo metal est désormais loin, la passion de Korn reste intacte, et c’est ce qui importe non ? Pourvu que ça dure.
Setlist :
Falling Away From Me
Twist
Got The Life
Love & Meth
Narcissistic Cannibal
Dead Bodies Everywhere
Spike in My Veins
Get Up!
Did My Time
Shoots And Ladders / Somebody Someone
Coming Undone
Here To Stay
Never Never
Freak On A Leash
—-
Clown
Divine
Blind