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KVELERTAK @ Divan Du Monde (13/10/13)

Sept mois se sont écoulés depuis leur dernier concert donné au Glazart à Paris, le 15 mars dernier. Mais les norvégiens ont décidé de repasser dans la capitale en ce dimanche 13 octobre, marquant ainsi leur sixième passage. De quoi laisser passer le temps de la chaleur estivale et de sortir leur deuxième album, “Meir”, paru en mars dernier. Désormais valeur sûre, c’est au Divan Du Monde que le groupe de hardcore vient nous retrouver pour une prestation bouillonnante.

Avec trois groupes exclusivement norvégiens, la semaine et sa chute saisissante de température annonçait la venue du blizzard scandinave de ce dimanche soir. La première formation à ouvrir la cérémonie se prénomme GERILJA. Formé en 2007, doté d’une extravagance capillaire tout autant que sonore, les trois protagonistes donnent un alliage de glam, de psychédélique et d’alternative rock dans un univers futuristo-mystico-fictif de vieux synthés et de boîte à rythme sorties du hip hop des années 80. Bien que la prestation se fasse devant un salle encore parsemée, le public semble réceptif et se réchauffe progressivement.

 

Le changement de plateau se fait assez rapidement et la scène accueille ARABROT, un groupe sorti tout droit de la cuisse de Belzébuth, et qui vient augmenter d’un cran le mysticisme de la soirée. Leur musique est à la croisée du noise rock et du black metal avec des teintes doom. Mini short, torse nu, bottes et toque de bouc, le chanteur guitariste alterne entre growl, scream et vocalises infernales, donnant un mélange particulier et captivant dans une aura musicale à la fois planante et angoissante. Fondée en 2001 et originaire d’Oslo, tout comme Kvelertak, sorte d’outsider de la scène norvégienne depuis leur début, la formation rafle le Norwegian Grammy Winner Best Metal 2012 avec son titre “Saloranus” et réussi à se construire une réputation auprès du public européen en terme de performance live et de qualité musicale, représentant d’un style étrange bien à eux.

 

KVELERTAK et son étranglement sonore est une sorte de furie auditive qui dément tout appartenance à un style punk hardcore ou black metal mais en a la vigueur. Les musiciens arrivent sur scène aux alentours de 21h30 et, comme de façon préméditée mais parfaite pour ouvrir le concert, “Apenbaring”, titre d’ouverture de leur dernier album “Meir”, retentit. Honorant le symbolisme du groupe, le hibou, le chanteur apparaît coiffé de la bête aillée aux yeux phosphorescents et demeure quelques instants à contempler la scène, comme un maître zooanthrope, mi homme mi animal, sorte de dieu Horus scandinave; de quoi radicalement marquer leur présence et apporter la juste dimension mystique en début de concert. Sans détour, la frénésie commence directement et les morceaux se succèdent. Après cette ouverture de choix, le groupe enchaine avec “Ulvetid”, directement suivi de “Mjod” et “Fossegrim”. Classiques et efficaces, ces deux titres, extraits de “Kvelertak” (2010), font partie des plus populaires du groupe et agissent comme de véritables hymnes pour le public. Avec deux galettes dans sa discographie, la formation offre une setlist plus que complète pour notre plaisir, retraçant la majeure partie des titres du dernier album, autant que du premier. Malgré les noms de morceaux imprononçables pour le commun des mortels non norvégien, on reconnaitra “Bruane Brenn”, “Evig Vandrar”, “Blodtorst”, “Spring Fra Livet”, “Tordenbrak”… Les titres s’enchainent, la mécanique est bien huilée, au risque de donner un aspect automatisé. Mais c’est sans compter sur l’énergie punk hardcore donnée en live par le combo, qui n’hésite pas à communiquer avec le public, verbalement, et physiquement, savourant bains de foule et slams. Pas moins de trois guitares sont présentes, dont un guitariste lead qui se débrouille sans pépins pour former une musique riche, recherchée et qui apporte indéniablement plus de mélodie; la basse est solide, la batterie martèle les tympans et se transforme en véritable stroboscope sonore dans les intros siamoises de “Trepan” et “Liktorn”. Leur dernier opus, “Meir”, sorti cette année, pouvait nous laisser dubitatifs aux premiers abords mais se détache de cette impression en mettant à l’honneur un son propre qui rend décidément, parfaitement bien en live. Cette heure et demie de show se fait tout en sueur, bien évidemment, les guitaristes brandissent leurs instruments comme de véritables Excalibures sonores, sous les yeux d’un public cahotant, s’entre cognant, se bousculant, se montant les uns sur les autres. Le rappel donne trois morceaux supplémentaires et l’envie de continuer cette immersion musicale. Le morceau final, “Utrydd Dei Svake”, donne l’occasion à quelques endiablés du public de monter sur scène pour se saisir des instruments et terminer le morceau à la place des musiciens, jusqu’à ce que le tiers de la salle se retrouve sur scène, laissant partir le groupe derrière une nuée de fans.

 

Véritable mastodonte sonore qui rafle esprits et tympans, encore une fois, Kvelertak aura frappé et pour notre plus grand plaisir. Une superbe soirée organisée par Hibooking avec trois groupes qui auront su mettre à l’honneur la scène norvégienne.

Crédit photos : Fanny Schneider