Après un hiatus de quinze ans, le célèbre groupe de filles des 90’s revient : une reformation inespérée et deux dates en France. Programmées le week-end suivant au Hellfest, les L7 investissent ce soir le Bataclan.
Les abords de l’ancienne salle de boxe bouillonnent d’une faune lookée et joyeuse. Des anglophones aux cheveux arc en ciel s’arrêtent devant les T-shirts de l’époque placardés au stand de merchandising.
En première partie, d’autres filles dynamiques puisque c’est TOYBLOÏD qui ouvre à 19h45. Chemise en voile noir, short en jeans, le trio exécute un rock aux fins sophistiquées, servi bien énergique. “C’est un honneur de jouer avec les L7 ce soir !”. Les deux filles se partagent le micro, mais c’est Lou qui chante en lead. Avec déjà une certaine habitude de la scène, sans trop instituer, elle fait participer le public qui écoute poliment et applaudit. Une demi-heure plus tard, ils posent leurs instruments et sortent simplement.
Malgré Judas Priest qui joue “en concurrence” le même soir au Zénith, le show affiche complet. Un peu de stoner pour patienter, et à 20h45, devant le logo L7 en backdrop, les filles débarquent enfin sur scène. Cheveux rouges, Jennifer Finch la bassiste est pieds nus. Et en pantalon turquoise, Donita Sparks affiche une silhouette fuselée. Un road vient poser un stetson sur la tête de Suzi Gardner, tout en noir, qui s‘est déjà attelée à “Deathwish”. Ovation dans la salle aux premières mesures de “Andres”. Sous le gros son métallique, froide derrière ses lunettes noires, c’est Suzi qui prend le micro. Perchée derrière sa batterie, Dee Plakas a les cheveux qui volent au souffle d’un ventilateur comme dans les clips de 1994. Donita remercie en français, mouille ses cheveux avec une bouteille d’eau, fait mine d’être terrorisée par la frappe puissante de Dee, puis annonce un titre d’il y a vingt ans : ce sera le heavy “One More Thing” chanté par Jennifer. Alors que l’assemblée de la fosse se déchaine et que celle au balcon est majoritairement debout, Donita propose de “danser”; le son compact de “Shitlist” fait encore des remous et les slammeurs s’en donnent à cœur joie. Sortie de scène dans les larsens à 21h42. Les fans continuent de les réclamer avec ardeur, et une paire de minutes plus tard, les filles sont de retour : bière à la main pour Donita, iPad pour Suzi. A plusieurs voix, puissant et efficace, elles entament le rappel avec leur reprise d’Eddie And The Subtitles, “American Society”. Suivra le rouleau compresseur “Pretend We’re Dead” où Dee fait les chœurs (“come on, come on, come on, come on”) devant un public galvanisé comme jamais. Le set s’achève dans une cacophonie totale où Jennifer se roule par terre avant de prendre quelques dernières photos. Fin de l’acte, il est presque 22h. Pendant que la salle se vide peu à peu, Philippe Manœuvre pointe le bout de son nez derrière le rideau du Bataclan. Dehors, de nombreux fans attendent les Californiennes car Jennifer a promis qu’elles viendraient signer.
Après une mise entre parenthèses du groupe en 2001, une reformation treize ans plus tard, avec notamment Jennifer Finch qui avait quitté le navire, cette formation originale n’avait pas joué ensemble depuis 1996 ! Pourtant la puissance était là et le public survolté. Ce soir, le plancher du Bataclan a sacrément vibré devant les déesses Sub Pop.
Setlist :
Deathwish
Andres
Everglade
Monster
Scrap
Fuel My Fire
I Need
Slide
Shove
Mr. Integrity
Diet Pill
(Right On) Thru
Freak Magnet
One More Thing
Shitlist
—-
American Society
Pretend We’re Dead
Fast And Frightening