Trois ans après un premier passage en France à La Maroquinerie, le duo américain de roots rock Larkin Poe pose à nouveau ses valises dans la capitale, cette fois au Trianon.
RYAN MCMULLAN se charge d’ouvrir le bal. Accompagné de sa guitare folk et d’un claviériste, il fait découvrir ses titres avec douceur et sincérité. Le Trianon, déjà bien garni, est attentif. Il faut dire que la voix chargée d’émotions du musicien britannique (qui rappelle celle d’Ed Sheeran par moments) attrape dès les premières notes. Ryan McMullan est chaleureusement applaudi à la fin de son set. Pour les plus conquis, rendez-vous le 20 mai au 1999 pour l’acclamer à nouveau, lui qui jouera cette fois en tant que tête d’affiche.
A 21h tout pile, le Trianon est plongé dans le noir. Les lumières se rallument, le show peut commencer ! Les deux sœurs Lovell s’avancent sur scène, l’une avec une slide guitar (Megan), l’autre flanquée d’une jolie guitare rouge (Rebecca). “She’s A Self Made Man”, suivi de “Keep Diggin'” sans transition donnent le ton : Le Trianon a bel et bien été téléporté à Nashville par LARKIN POE.
Les deux sœurs, plus souriantes que jamais, expriment leur bonheur de pouvoir enfin jouer sur scène des morceaux de leur dernier album Self Made Man. Sorti en 2020, le projet a été pensé pour le live. En témoigne notamment “Holy Ghost Fire”, dont le groove communicatif enthousiasme la salle.
Une connexion fraternelle partagée
Le duo fonctionne à merveille. Entre les harmonies vocales de Megan sur le chant de Rebecca et les riffs qui se répondent entre eux, les deux sœurs sont un exemple de complicité. Le public ne s’y trompe pas et s’invite dans la fratrie quand il est sollicité pour battre la mesure et chanter sur “Trouble In Mind”. Rebecca se permet même de descendre saluer le public sur “Black Echo”. Les deux sœurs sont tellement charismatiques qu’on en oublierait presque l’existence du batteur et du bassiste qui les accompagnent.
La salle en prend plein les oreilles et écoute attentivement mais ne manque pas de montrer son enthousiasme entre les titres, par le biais d’applaudissements nourris et de cris. Les sourires sont sur tous les visages. L’intensité est à son comble quand le duo interprète un tout nouveau titre qui fait se remuer la fosse : “Bad Spell”.
Des influences marquées
Du côté de la setlist, Larkin Poe ne délaisse pas Venom & Faith (2018), album avec lequel elles ont été nommées aux Grammy Awards. “Bleach Blonde Bottle Blues” et “Blue Ridge Mountains”, témoins du tournant que ce disque a fait prendre à leur carrière, sont attendues et fredonnées par les connaisseurs.
Les sœurs Lovell sont fières de leurs influences blues/roots et ont à cœur de rendre hommage à leurs racines. Elles nous gratifient de plusieurs reprises telles que la traditionnelle “John The Revelator” et “Come On In My Kitchen”, reprise de Robert Johnson (figure emblématique du blues) interprétée avec le guitariste texan Tyler Bryant.
Globalement, le répertoire de Larkin Poe laisse beaucoup de place à des parties instrumentales, pour le plus grand plaisir de nos oreilles. Les solos de slide guitar et de guitare électrique s’enchaînent, chaque fois acclamés par le public, notamment sur “Summertime Sunset”, extrêmement bien reçu.
Tel un feu d’artifices, chaque fois qu’on pense qu’un morceau arrive à son terme, le duo en a encore sous la pédale. De solo en solo, d’harmonie en harmonie, le blues coule dans nos veines pendant une heure et demi. Alors forcément, c’est une standing ovation bien méritée qui raccompagne Rebecca et Megan jusque dans les coulisses.