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LE CABARET VERT 2016 : nos 10 coups de coeur

Cette nouvelle édition du festival ardennais aura été placée sous le signe de la chaleur avec quatre jours brûlants, mais le soleil n’aura pas plombé la motivation des festivaliers et des sympathiques bénévoles. Ce sont pas moins de 94 000 personnes qui ont foulé la pelouse du Square Bayard, naviguant entre les scènes de concerts, les fameux stands de bières et de nourritures locales ainsi que les multiples animations proposées par l’organisation du festival. Avec toujours l’écologie comme leitmotiv, les organisateurs n’ont pas lésiné sur les moyens pour améliorer le confort des spectateurs durant ces quatre jours caniculaires (on pense notamment aux bars à eaux qui ont rafraichi les festivaliers, ravis). Quant à l’ambiance “wild wild fest” promise, elle a été assurée par une décoration revisitée et le réaménagement du site.

 

 

Coté scène, la programmation, très riche, oscillant entre de nombreux styles allant du rap à l’électro en passant par le hip hop, et bien évidemment le rock, aura touché un public très large mélangeant de nombreuses générations.

RockUrLife vous livre sa sélection des 10 groupes qui ont marqué ces quatre jours passés à Charleville-Mezières (08) :

KING GIZZARD AND THE LIZARD WIZARD (Scène Les Illuminations) – Après une entrée en scène majestueuse avec l’un de ses tubes phares “Big Fish Wasp”, King Gizzard And The Lizard Wizard sait emporter la foule et se mettre d’emblée l’audience dans la poche. Tous les spectateurs pogotent et slament après seulement quelques minutes de show. Les Australiens proposent un rock garage très entraînant avec des moments de folies extrêmes et des rythmes décalés et irréguliers qui emportent le spectateur loin, très loin. Devant tant d’énergie, l’auditoire se montre extrêmement réceptif et attentif. Il faut dire que la qualité technique est au rendez vous. Avec trois guitares et deux batteurs parfaitement synchronisés durant tout le set, les musiciens font forte impression ! Coté charisme, le chanteur n’est pas en reste et offre aux festivaliers une prestation originale à la flûte traversière lors de deux morceaux. Les Australiens auront su allumer la Scène Des Illuminations très rapidement et avec goût. King Gizzard And the Lizard Wizard est la bonne surprise de la journée du jeudi, voir même du festival. A réécouter et à revoir d’urgence en live !

 

 

INDOCHINE (Scène Zanzibar) – Groupe le plus attendu de la journée du jeudi par les festivaliers, certains allant même jusqu’à dormir plusieurs jours avant l’ouverture devant les portes du Cabaret Vert, les Français n’auront pas déçu ! Devant une Scène Zanzibar pleine à craquer et surmotivée, le spectacle est à la hauteur de toutes les attentes. Véritable machine à tubes, Indochine enchaîne ses titres phares : “Miss Paramount”, “Alice Et June”, “College Boy” et évidemment “L’Aventurier”. La configuration de la scène permettra à Nikola Sirkis d’aller haranguer ses fans hystériques qui répondent de fort belle manière ! Côté musiciens, on peut souligner la prestation du nouveau batteur, Ludwig Dalhberg, qui aura été très solide durant 1h30. La réputation de cette formation mythique n’est pas usurpée et la foule a pu se rendre compte que même après de nombreuses années de carrière, Indochine a encore énormément d’énergie à revendre !

 

 

WE ARE SHADOWS (Scène Les Illuminations) – Ce groupe local a l’honneur d’ouvrir le bal le vendredi. Malgré une chaleur étouffante, le quatuor de Charleville-Mézières se sera démené avec panache et énergie pour assurer une prestation plus que sérieuse. A base de riffs lourds et de mélodies entraînantes, les musiciens réussissent à ouvrir les festivités avec brio. Mention spéciale à la chanteuse qui ne s’est pas ménagée pour mettre l’ambiance et ce malgré un public amorphe, certainement un peu plombé par la chaleur et par le fait de ne pas connaitre le répertoire de We Are Shadows !

 

 

MASTODON (Scène Zanzibar) – Pointure du metal depuis quelques années déjà, les fers de lance du metal progressif américain étaient fermement attendus en terres ardennaises. Devant une audience peu nombreuse pour un groupe de ce standing, les musiciens envoient du lourd à base de riffs acérés et de mélodies propres à l’évasion. Les festivaliers de la Scène Zanzibar commencent à sérieusement se bouger sur le duo “Chimes At Midnight” et “High Road”, tirés du dernier album “Once More ‘Round The Sun“. Les chanceux du premier rang auront même droit à un solo du guitariste, Brent Hinds, juste devant la barrière. Hormis ce rapprochement, le quatuor d’Atlanta se montre, comme à son habitude, peu communicatif avec l’assemblée et plus concentré sur ses divers instruments. La prestation sur la magnifique “The Czar” démontre une fois de plus cette facilité à naviguer entre riffs lourds et mélodies aériennes. Prestation solide des Américains même si le public ne se sera agité que par intermittence !

 

 

WOLFMOTHER (Scène Zanzibar) – Les Australiens n’auront pas failli à leur réputation et auront mis le feu la Scène Zanzibar ! Andrew Stockdale et ses deux acolytes séduisent le public dès les premières chansons et notamment avec le fameux “Woman” qui chauffe à blanc la fosse ardennaise. Le frontman et guitariste fait preuve d’un charisme indéniable et renvoie avec son look aux plus belles années du rock des 70s/80s. La setlist est parfaitement calibrée pour un festival comme Le Cabaret Vert et mêle des morceaux phares (“Woman”, “Dimension”) à des titres récents comme “Victorious”, tiré du dernier opus et qui s’avère être un morceau parfaitement taillé pour le live. Pendant le show des Australiens, la fosse aura connu très peu de temps mort et se sera activée avec énergie. La prestation du trio s’achève avec le mythique “Joker And The Thief” qui permettra une dernière fois aux festivaliers de se défouler avec panache. Excellent show, certainement le meilleur de la journée du vendredi.

 

 

L7 (Scène Les Illuminations) – Malgré un horaire modifié, Donita Sparks et ses trois copines se présentent devant un public assez compact sur la Scène Des Illuminations. Les musiciennes ne font pas dans la mise en scène et arrivent avec simplicité tout en réglant tranquillement leurs instruments et en prenant également le temps de communiquer humoristiquement avec les festivaliers. Mais cette franche rigolade ne dure qu’un temps puisque les musiciennes décident alors de distiller un rock grunge des plus énergiques. Les titres “Deathwish”, “Andres” ou encore “Fuel My Fire” envoient une bonne dose de décibels dans le visage des spectateurs. Quelques couacs au début de certains morceaux n’ont aucun effet sur la bonne humeur des musiciennes.

Si la foule s’avère peu décidée à se bouger, les festivaliers ont quand même l’air absorbés par le set et assez admiratifs de la prestation des Américaines. Signe qui ne trompe pas : la foule grossira assez nettement durant le show. “Pretend We’re Dead”, le morceau le plus connu, fera bouger quelques têtes mais l’auditoire restera assez (trop ?) sage pendant une heure. Finalement, les musiciennes américaines ont assuré un show très énergique avec un son idéal et ont beaucoup communiqué avec la foule présente.

 

 

THE INSPECTOR CLUZO (Scène Zanzibar) – Le duo de Gascogne, déjà entrevu dans quelques festivals, et notamment le Download Festival France, était attendu avec joie si on se réfère au nombre de spectateurs amassés devant la Scène Zanzibar malgré une chaleur caniculaire. Les deux musiciens, après avoir salué la foule avec respect, ne déçoivent pas et en mettent plein la vue aux festivaliers. Outre sa musique, la force de ce duo est de réussir à créer un climat plus qu’amical entre eux et les spectateurs. Le guitariste-chanteur Laurent Lacrouts annonce la couleur en déclarant : “On n’a pas d’ordinateur, nous n’avons que nos quatre mains et nos instruments, mais on va réussir à vous faire oublier qu’on est deux et on va vous marcher sur la gueule !”

Aussitôt dit, aussitôt fait, les deux fermiers de Gascogne enflamment littéralement le public. Entre rock énergique et prise de parole impertinente, The Inspector Cluzo aura émerveillé la foule qui se surprendra à exécuter de nombreux pogos et même un braveheart de toute beauté. Au milieu de toute cette énergie, le combo parvient même à glisser l’acoustique “On The Run”, un modèle de mélodie bercée par la voix magnifique de Laurent Lacrouts. Prestation grandement réussie pour les musiciens gascons qui ont gagné le cœur des Ardennais et le nôtre !

 

 

MASS HYSTERIA (Scène Zanzibar) – Dans notre présentation des groupes à voir pendant ce festival, RockUrLife vous avait prédit que la furia de Mass Hysteria allait retourner la scène Zanzibar ! Et on ne s’est pas trompé ! Toujours sous un soleil de plomb, le fer de lance du metal français ne faillit pas à sa réputation et sort toute la panoplie pour ravir les metalheads : riffs plein de rage, son ravageur, communication idéale avec l’assistance et titres accrocheurs. Le charismatique frontman du groupe parisien, Mouss, aura arpenté sans relâche et pendant une heure la scène du Cabaret Vert malgré un bandage révélant une blessure à la jambe. Toujours aussi à l’aise avec un micro, il s’adresse à plusieurs reprises à un public très réceptif à ses désormais célèbres discours politiquement incorrects.

Les festivaliers, venus en nombre pour ce concert, peuvent ainsi se déchainer sur les classiques du groupe mais également sur des morceaux tels que “Vae Soli!” ou “Chiens De La Casse” extraits du dernier (et excellent) opus “Matière Noire“. Mention spéciale à “L’Enfer Des Dieux”, que Mouss dédie aux victimes des attentats du 13 novembre et qui se révèle être un excellent morceau pour le live. Le show de Mass Hysteria s’achève sur un braveheart immense qui s’étend sur toute la pelouse de la Scène Zanzibar pour le grand bonheur des “furieux” qui n’en demandaient pas tant. Le live des Parisiens aura comblé toutes les attentes des spectateurs venus pour se défouler sous une chaleur écrasante.

 

 

SUM 41 (Scène Zanzibar) – C’est sous l’orage et la pluie que les nombreux spectateurs se pressent devant la scène Zanzibar pour le très attendu show des Canadiens. La foule est immense et occupe le moindre mètre carré d’espace. De nombreux festivaliers confient venir voir ce show en souvenir de leurs années “collège et lycée”. Après une intro tirée de “Carmina Burana”, Derick Whibley et ses acolytes prennent possession de la scène et balancent d’emblée “The Hell Song”. Réaction immédiate des spectateurs qui s’en donnent à cœur joie en sautant dans tous les sens. La foule aura été extrêmement mobile durant tout le show des Canadiens. Le frontman Derick Whibley s’adresse fréquemment à la foule et il le fait avec succès, certains auront même l’honneur de se glisser sur scène !

“Fake My Own Death”, extrait du prochain album “13 Voices”, rencontre un franc succès auprès de l’assemblée. D’humeur joueuse, le chanteur-guitariste s’amuse avec la foule en reprenant à la guitare les célèbres “Smoke On The Water” et “Seven Nation Army”. Tout cela n’est qu’une mise en bouche avant qu’il n’interprète la ballade “Pieces”, reprise en chœur par toute la fosse. Sum 41 aime faire dans le cover et reprend le légendaire “We Will Rock You” de Queen, histoire de faire bouger les derniers festivaliers qui auraient décidé de ne pas se déhancher pendant le set. Les Canadiens finissent leur show en boulet de canon avec les inévitables “In Too Deep” et “Fat Lip” qui sont, sans aucune discussion possible, leurs morceaux les plus mythiques. Prestation explosive des punks rockeurs à Charleville-Mézières, l’énorme masse de spectateurs présents auront été comblés. Seul petit bémol : le départ un peu précipité des musiciens qui n’ont pas salué la foule. Dommage !

 

 

BLOC PARTY (Scène Zanzibar) – Le public est venu en nombre pour assister au live des Britanniques de Bloc Party. Kele Okereke se présente sans sa guitare, muni de son seul micro et utilisant un looper pour lancer la chanson ouvrant le bal, “Only He Can Heal Me”. Le frontman attire toute l’attention mais l’excellente prestation des musiciens n’aura pas échappé au public et notamment la batteuse Louise Bartle, redoutable d’efficacité pendant l’heure de set. L’enchainement de “Song For Clay” et du mythique “Banquet” fait définitivement chavirer les Ardennais. Même si les morceaux du dernier album, “Hymns“, paru en janvier, sont très appréciables en live, ce sont les classiques tels que “Helicopter” ou “Ratchet” qui auront les faveurs des festivaliers. En bref, une heure de show solide où les membres de Bloc Party ont grandement rempli leur contrat et où les fans auront été gâtés.

 

 

Le Cabaret Vert aura, une fois de plus, frappé un grand coup cette année. Avec une fréquentation record de 94 000 personnes malgré une chaleur caniculaire, les organisateurs ont réussi le pari de se renouveler sans pour autant perdre les valeurs écologiques et humaines qui font le charme de ce festival. Côté musique, la qualité des concerts aura ravi les spectateurs qui ne regretteront pas leur séjour en terre ardennaise et la majorité sera certainement partante pour retenter l’expérience lors de la 13ème édition l’année prochaine. En tout cas, RockUrLife y sera !

Anthony Bé
Fondateur - Rédacteur en chef du webzine RockUrLife