“Raise Vibration” est probablement l’un des albums les plus inspirés de Lenny Kravitz. L’artiste américain a-t-il réussi à partager cette passion à l’AccorHotels Arena ? Récit d’une soirée longue à démarrer.
La première partie de ce soir est assurée par ANNAHSTASIA ENUKE. La jeune Américano-Nigérienne, mannequin et artiste visuelle, à la voix proche de celle de Lauryn Hill, nous balance son rock teinté de trip hop. C’est carré et bien exécuté. C’est groovy sans pour autant faire décoller l’ambiance. Très mobile, Anahstasia se déplace et danse au gré des rythmes de ses musiciens. On ne peut s’empêcher de voir un petit air de ressemblance avec Skunk Anansie sur le jeu de scène.
La salle va montrer plus d’enthousiasme avec la reprise du “Smells Like Teen Spirit” de Nirvana. Dommage qu’il ait fallu attendre quarante minutes pour que le public se réveille.
Bring it on!
La douce voix d’une hôtesse nous annonce une demi heure d’entracte avec le show de l’Américain. Qu’importe : c’est à pile 20h58 que les lumières s’éteignent et que résonnent les premiers cris des fans venus en masse ce soir.
Première surprise : la scénographie est identique à celle de son dernier Bercy en juin 2018. Peu d’efforts de ce côté là, même les lumières ne seront pas d’une grande originalité. La seule trouvaille intéressante reste les effets de gyrophares utilisés sur “Bank Robber Man”.
Il n’y a besoin que de deux chansons à peine pour se retrouver devant une évidence : LENNY KRAVITZ est un musicien habité et un showman imparable. En nous balançant en pleine figure “Fly Away” en second titre, il nous impose la tonalité de la soirée : sex, love, groove & rock n’roll!
“It’s good to be home!”
La voix est parfaite, les instrumentations impeccables et c’est un plaisir de retrouver Gail Ann Dorsey aux côtés du chanteur. Cette bassiste insuffle un une atmosphère hyper funky aux chansons. L’ensemble de cuivres rehausse les compositions plus rock de l’artiste. Ils y amènent une chaleur et un groove bienvenus, en particulier sur “Where Are We Runnin’?” transformé quasiment en un morceau de Motown ! Sans oublier le reggae sur la fin de “American Woman”, apportant une tonalité métissée à l’image du groupe du chanteur. Sans oublier son trio de cuivres qui y ajoute “Get Up Stand Up”.
Très vite on constate une limite : les spectateurs ne semblent pas emballés. Dans les gradins on reste assis tandis qu’en fosse les premiers rangs se dandinent timidement. Nous percevons une véritable différence entre ce qui se passe sur scène et dans la salle. Lenny Kravitz nous éclabousse de sa passion et de son charisme mais il semble avoir du mal à les communiquer aux spectateurs. En conséquence, un concert qui ne décollera vraiment qu’à partir de “Are You Gonna Go My Way”, la dix-huitième chanson.
Let Love Rule
Faisant contre mauvaise fortune bon cœur (ou ne se rendant pas compte du peu d’ambiance de la salle ?), lunettes de soleil vissées sur le nez et dreadlocks s’agitant en rythme, le chanteur se donne et harangue les premiers rangs dès qu’il le peut.
Lenny Kravitz est un showman mais aussi un homme de foi. On a droit à des instrumentations et des solo gospels des cuivres, mais aussi quelques mots sur l’amour et le respect des autres. Les quelques mots de français glissés par ci par là feront hurler les plus hystériques.
A partir de “Are You Gonna Go My Way” on perçoit un infime changement dans la salle : les musiciens et le public sont chauds et ça balance sévère. C’est l’occasion pour le chanteur à la silhouette juvénile de proposer comme à chacun de ses concerts sa promenade dans la foule. Et c’est parti pour plus de vingt minutes de balade sur l’inoxydable “Let Love Rule” qu’il nous fait répéter en coeur. Cette version étirée illustre la virtuosité de son groupe et le pied phénoménal qu’il prend sur scène. Il aurait pu continuer encore toute la nuit !
C’était un véritable feu d’artifice millimétré et maîtrisé que nous a proposé ce soir Lenny Kravitz. On repart de l’AccorHotels Arena des étoiles plein les yeux et du rock plein les oreilles. Même le manque d’ambiance ne peut pas nous enlever le sourire que l’on a sur le visage !
1 Commentaire
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Je ne partage pas votre enthousiasme. J’en attendais beaucoup plus de l’artiste qu’est Lenny Kravitz. J’ai trouvé son concert Feignant. Avec son répertoire (qualité, quantité et style) et la qualité de son groupe, le concert aurait dû être beaucoup plus dynamisant. Si le public s’est réveillé tard (18ème chanson), c’est simplement que le concert était tiède : des longueurs au dépend de tubes absents, peu de créativité musicale sur les enchaînements, les variantes par rapport aux interprétations studio. Et il ne suffit pas de se promener pendant 20 minutes au milieu du public pour que chacun de nous se sentions transporter. IL a manquait l’énergie et la magie que savent apporter les plus grands showmen et/ou musiciens de hauts vols. Ce fût un concert respectable mais pas un concert “whaou”.