Décidément, Leprous est un groupe qui aime la France. Après sa venue au Hellfest et au Motocultor cet été, voici déjà les Norvégiens de retour dans notre pays pour y donner pas moins de sept concerts partout dans l’Hexagone ! C’est à la Salle Pleyel que nous retrouvons ce soir Leprous pour une soirée sous le signe du metal progressif.
Kalandra
La soirée commence dès 19h à la Salle Pleyel avec KALANDRA. Le groupe norvégien mené par la chanteuse Katrine Stebekk propose une musique mélancolique et mystique, proche des ténors du genre comme Wardruna ou Heilung, avec une dimension progressive en plus.
La voix de Katrine Stebekk (chant) est puissante et envoutante et la chanteuse a une grosse présence scénique, n’hésitant pas à frapper les airs de son poing au rythme de la batterie. Le chant en norvégien participe également à ce coté folk planant, tout comme l’utilisation de corne sur un morceaux instrumental.
Une très belle découverte et une bonne surprise pour commencer cette soirée.
Monuments
On change complètement de registre avec MONUMENTS et on passe tout de suite aux choses sérieuses, bien plus lourdes et violentes. Le combo britannique de metal progressif puise ses influences dans le djent ou le metalcore et cela se ressent dès le début du set, avec des riffs beaucoup plus lourds que ceux de Kalandra. Le chanteur Andy Cizek, arrivé dans le groupe en 2019 seulement, est une véritable bête de scène et maîtrise son chant à la perfection, alternant chant clair, scream et growl avec une facilité déconcertante.
La foule semble beaucoup apprécier ce moment et se lâche complètement sur “Leviathan”, sautille de partout sur “False Providence” ou “Cardinal Red”. Pour une salle composée en majorité de places assises, le public en fosse sait y mettre du sien pour donner de l’énergie et de la force au groupe. Le set se termine même sur un wall of death demandé par Andy Cizek, sur “The Cimmerian”.
Le groupe de metal progressif teinté de metalcore a totalement convaincu le public présent ce soir, malgré des différences flagrantes avec la musique des deux autres formations de la soirée. Monuments casse probablement un peu moins les codes que Leprous, mais son énergie débordante a conquis la Salle Pleyel ce soir.
Leprous
LEPROUS entre sur scène à 21h, et le bonne surprise est la présence du violoncelliste Raphael Weinroth-Browne, pour son deuxième concert avec Leprous en France, après le Hellfest en juin. Les cinq, et donc désormais six, Norvégiens lancent les hostilités avec “Have You Ever?”, extrait du dernier album Aphelion, sorti en 2021.
Si il y a bien quelque chose qui différencie Leprous des autres groupes de metal progressifs, c’est la voix si particulière de son chanteur Einar Solberg, capable de monter extrêmement haut, tout en insufflant émotion et douceur dans son chant. Le chanteur norvégien attire toute l’attention sur lui avec son charisme et son chant lyrique envoutant, épique et poétique. Il prend aussi régulièrement la parole pour exprimer sa joie d’être à nouveau en France et nous montrer que l’étendue de son vocabulaire français se résume aux mots “fourmilière” et “ornithorynque” !
Très en forme ce soir encore, on a la confirmation que Leprous sonne aussi bien, voire mieux, en live que sur leurs albums. La virtuosité technique des guitaristes Tor Oddmund Suhrke et Robin Ognedal et l’harmonie entre tous les instruments présents ce soir (et cela en fait les guitares, batterie, basse, violoncelle ou les multiples claviers) font de Leprous un groupe unique en live. À cela s’ajoutent les conditions parfaites dans lesquelles le groupe norvégien joue ce soir, entre une scénographie splendide aux jeux de lumière subtils et soignés, et un mixage son magistral.
La setlist du soir met principalement l’accent sur le dernier disque Aphelion. Il faut dire que bon nombre de ses morceaux ressemblent déjà à des tubes incontournables de Leprous en seulement deux ans, comme “Running Low”, “Out Of Here” ou “Castaway Angels”, dédié au peuple ukrainien secoué par la guerre. Mais Leprous n’oublie pas non plus ses classiques : le puissant “Slave” permet à la formation de montrer son coté le plus sombre et brutal avec un final heavy au possible, tandis que “The Cloak” commence comme une berceuse noire et ténébreuse pour finir en apothéose. D’une manière générale, on ne peut qu’admirer le jeu de batterie de Baard Kolstad ce soir, puissant comme jamais. Chacun de ses coups résonne dans la Salle Pleyel comme un coup de tonnerre !
“Below” est l’un des morceaux les plus épiques du groupe et vraisemblablement l’un des plus attendus par le public. Sublimé par une introduction au violoncelle, la chanson extraite de Pitfalls semble encore plus forte en live et on se dit qu’elle aurait parfaitement sa place au générique d’un James Bond. Le concert se termine avec “Nighttime Disguise”, un morceau composé pendant le confinement en collaboration avec les fans et en streaming. Une idée géniale qui a donné naissance à une chanson toute aussi belle, qui conclut le show en apothéose.
Mais Leprous n’en a pas encore fini avec nous et revient sur scène quelques minutes plus tard pour un “The Sky Is Red” dantesque d’une dizaine de minutes, condensé de toute la musique du groupe dans tout ce qu’elle a de plus progressive, de plus majestueuse mais aussi de plus brutale. Le morceau se termine d’ailleurs par une sorte de jam progressif de plus en plus lourd et puissant, là encore dominé par la batterie et son rythme martial. La bande quitte la salle sous une standing ovation et un tonnerre d’applaudissements.
Avec ce concert grandiose, envoutant, et chargé en émotions, Leprous prouve encore qu’il mérite sa popularité grandissante et qu’il est voué à devenir l’un des plus grands noms du metal progressif.