Pour les amateurs de rock, le troisième jour des Eurockéenes sera moins intense que la veille. En effet, sur les deux principales scènes, outre Black Rebel Motorcycle Club et The Strypes, les têtes d’affiche de la journée sont issues de la pop, du hip hop ou encore du reggae. De même, sur la scène de La Plage, dès 20h30 c’est un enchainement de concert électro et de DJ set qui est prévu.
Alors que les portes du festival ouvrent ce jour à 16h, le premier concert auquel nous assistons est celui de THE STRYPES sur la Green Room. Au moment où les quatre hommes entrent en scène, l’ensemble des festivaliers présent se pose la même question : mais quels âges ont-ils ? Les plus curieux qui sont allés voir sur le site du festival étaient au courant que la moyenne d’âge des membres était de 16 ans, mais le visage poupon des quatre musiciens surprend tout de même plus d’un festivalier averti. Cela d’autant plus que le style du quatuor, loin d’être prépubère, est, au contraire, des plus classique et que la maitrise de la scène est parfaite. A mesure que les titres blues et rythm n’blues des irlandais s’enchainent, on sent bien que le public de Belfort initialement timide prend de plus en plus de plaisir à écouter le groupe. Si bien que, à l’issue du spectacle, ce sont des festivaliers conquis qui quittent la Green Room.
Trois quart d’heure plus tard c’est un groupe avec beaucoup plus de bouteille qui monte sur la grande scène : BLACK REBEL MOTORCYCLE CLUB. Ces derniers proposent un rock lui aussi provenant du blues mais bien plus lourd, sombre et tendu que ce celui de The Strypes. Le show est très sobre. Pas de gesticulations dans tous les sens ici. La prestance de Peter Hayes, Robert Turner et Leah Shapiro suffit à emballer le public et les milliers de festivaliers se défouleront sur “Conscience Killer”, “Whatever Happened To My Rock’N’Roll” ou encore “Spread Your Love”.
Le concert à peine fini, il est temps pour nous de nous précipiter au Club Loggia pour le concert des JC SATAN. Quintette mené par le français Arthur et l’italienne Paula, le groupe fait partie de la nouvelle scène garage rock à la française aux côtés de groupes tels que Yussuf Jerusalem, The Feeling Of Love, ou encore Jack Of Heart. L’énergie brutale du son des JC Satan – mélange de plusieurs influences (pop, psyché, post punk) que l’on peu qualifier au final de “noisy pop” – conquiert rapidement le public qui se déchaine et se lance dans de brulants pogos. Sous l’apparente violence de ce show, de l’intérieur l’ambiance est vraiment bon enfant. Et, quand le chanteur crache aux pieds de la chanteuse qui lui rend la pareille en souriant, on est bel et bien dans cet esprit.
A 19h30, se produit sur la scène de la plage une des formations culte du grunge : DINOSAUR JR. Si la formation est une légende pour plus d’un festivaliers aujourd’hui présent, l’entrée en scène de Jay Mascis et de ses compères, n’a rien d’exceptionnelle : les trois hommes entrent tranquillement sur scène, prennent leur temps pour saluer le public et ensuite pour faire quelques petits réglages avant de commencer à jouer. Cette sobriété marquera en fait l’ensemble du concert. Les gars sont là pour faire le job. Ils le font bien, sans enthousiasme excessif, mais sans non plus donner l’impression que ce concert est pour eux une contrainte. Parmi les titres joués on notera, entre autre : “The Wagon” et “Freak Scene”. Apres une heure de concert ponctué par des problèmes techniques sur la basse (qui empêcheront d’ailleurs le bassiste de finir le dernier morceau), le groupe s’en va comme il était arrivé… tranquillement. Puis quelques secondes après le frontman réapparait, tout naturellement pour récupérer son portable qu’il avait oublié par terre…!
Changement d’ambiance ensuite avec le concert de LOU DOILLON . Malgré le fait qu’elle ai rapidement balayé toutes les suspicions qui portaient sur son travail lorsqu’elle a sorti sa galette (un mannequin, actrice, fille de… qui fait un album a toujours un petit air d’arriviste), la jeune femme qui entre sur scène semble intimidée. Est-elle impressionnée d’être à l’affiche de cet événement musical français mythique qui fête ses 25 ans ? Ou par le public venu en masse alors qu’il s’agit de sa première grosse scène de l’été ? En tout cas, le gros pull beige à côtes irlandaises qu’elle porte sur sa petite robe blanche apparait dans ces circonstances comme une grosse carapace dont elle se serait revêtue. Au final, la jeune Lou reste certes sur la réserve tout au long du concert, mais dans le même temps le public mesure sans problème combien elle est heureuse d’être là. Reconnaissante, à un moment la chanteuse rend hommage à Etienne Daho et sa maman Jane Birkin pour l’avoir sortie de sa cuisine et l’avoir poussé à enregistrer “Places” son premier album. La singulière voix grave de Lou Doillon -à la fois voilée et profonde-, sa présence sur scène, sa simplicité, sa sensibilité et la délicatesse de ses chansons folk, conquièrent le public qui quitte la Green Room enchanté par ce moment de poésie.
C’est ensuite à TWO DOOR CINEMA CLUB de se produire sur la Grande Scène. Le groupe irlandais pop va interpréter des morceaux issus de l’ensemble de sa discographie. Ainsi aux côtés des très connus “What You Know” et “Something Good Can Work” parmi les titres interprétés on peut citer “Beacon”, “I Can Talk”, “Sleep Alone” (titre d’ouverture du concert), ou encore “Come Back Home”. En ce samedi soir, la foule est importante sur le festival et il est vraiment difficile de se frayer un chemin aux abords de la Grande Scène. Les efforts consentis pour y parvenir ne sont malheureusement pas récompensés. La prestation sur scène, comme l’ambiance dans le public n’ont rien de transcendantes. On a là un gentil concert de pop sans trop d’énergie malheureusement.
A 23h sur la plus petite scène du festival, le Club Loggia, c’est le groupe FAUVE qui est programmé. Sans être certain d’apprécier le son du groupe, mais curieux de voir la formation française qui fait le buzz en ce moment, nous nous dirigeons alors vers la plus petite scène du festival. Arrivés avec quelques minutes d’avance nous constatons rapidement qu’il va nous être difficile de nous frayer un chemin dans la foule dense qui est déjà réunie pour le spectacle. Au bout de dix minutes et après plusieurs vaines tentatives pour gagner quelques ridicules mètres, c’est finalement sans grand regret que nous abandonnons l’idée de voir qui interprète les chansons à mi-chemin entre le rap et le slam sur des airs de guitare oscillants entre la pop et le rock que nous entendons. Il y a alors un autre défi à surmonter : parvenir à s’extraire du public. Un petit quart-d’heure après c’est chose faite ! Nous retournons alors au pied de la Grande Scène pour attendre le concert de Phoenix, la tête d’affiche de la journée.
Parmi les quelques groupes de pop rock français, PHOENIX est très certainement celui qui a le mieux réussi à l’international, le public est donc là en masse. Les petits frenchies n’en sont pas à leur premières Eurocks : il y a quatre ans ils s’étaient déjà produit sur la presque île du Malsaucy. Le titre d’ouverture du concert est “Entertainment”, premier single de leur nouvel album “Bankrupt!“. Dès l’arrivée des versaillais sur scène, le public se montre survolté. L’ambiance ne retombera pas pendant l’heure et demie de concert. Il faut dire d’une part que le groupe a offert ce soir une setlist particulièrement bien choisie, rassemblant plusieurs de leurs titres les plus connus : “Love Like A Sunset” “Lasso”, “Lisztomania”, “1901” ou encore “Too Young/Girlfriend”. D’autre part, Thomas Mars, le frontman, a rappelé à plusieurs reprises le plaisir qu’avait le combo à chanter devant une foule française et a aussi donner de son corps en venant au plus près de celle-ci où il s’est fait chahuter par les spectateurs des premiers rangs. Enfin, la mise en scène a été particulièrement travaillée avec notamment en plein milieu du concert un jet de confettis bien particuliers sur le public : des billets de 500 francs factices.
Cette troisième journée se termine pour nous avec un petit détour par La Plage, histoire d’aller constater qu’il y a bien de nombreux festivaliers encore prêts à bouger leurs corps sur le son du DJ set de KAVINSKY.
Crédit photos : Nicko Guihal