Après avoir enchaîné une tournée nord-américaine et européenne à guichets fermés, avec un passage remarqué à Paris, au Trabendo, Livingston entame un second chapitre de sa tournée en Europe et au Royaume-Uni. Il s’arrête cette fois au Bataclan, toujours porté par le succès de son très bon album A Hometown Odyssey (2024).
Jude Todd
Le chanteur franco-britannique JUDE TODD ouvre la soirée. Bien qu’il ne le mentionne pas, ceux qui ont une bonne mémoire se rappelleront peut-être de sa prestation remarquée sur “U-Turn” de Aaron en 2013 lors des auditions à l’aveugle de The Voice. Passionné par la musique et le chant depuis son enfance, il délivre une pop ensoleillée, pleine de bonnes ondes. Le Bataclan sonne un peu creux, avec son balcon fermé et une fosse pas tout à fait remplie, mais ceux qui ont décidé d’en pousser la porte accompagnent Jude et sa guitare. Les mélodies additionnelles participent à faire bouger leurs têtes aux spectateurs. Souriant, Jude se présente et évoque à quel point il est heureux et chanceux de jouer dans cette salle, en première partie d’un artiste qu’il admire. Après avoir fait chanter le public et l’avoir bercé de sa voix chargée d’émotions diverses, il est l’heure pour l’artiste de clore son set plein de fraîcheur, chaleureusement applaudi.
Livingston
La salle est plongée dans l’obscurité. Soudain, des lumières scintillantes illuminent la scène. La mélodie envoûtante de “Introduction” résonne, nous transportant immédiatement dans l’univers de LIVINGSTON, un espace dans lequel on n’a pas peur d’évoquer ses rêves et ses émotions avec sincérité. L’auteur-compositeur-interprète de 21 ans apparaît sur scène, vêtu d’un long manteau et plein d’énergie.
L’assistance est directement plongée dans l’alt pop puissante et cinématographique de la sensation texanne, qui entonne “Half Life”. La setlist du soir est majoritairement constituée de titres issus du dernier album de l’artiste, qui a sûrement décidé de tirer un trait sur ses deux disques passés, afin de ne proposer à l’auditoire que des sonorités plus en phase avec sa personnalité artistique actuelle. Livingston nous emmène avec lui dans un voyage émotionnel, nous transportant entre hymnes énergiques comme “Otherside” ou “Warrior” et ballades poignantes telles que “Last Man Standing” ou “Traitor”.
Les mélodies grandioses associées à des textes pleins de sincérité confèrent à la performance de Livingston une authenticité dans laquelle les spectateurs se reconnaissent sans peine, chantant la plupart des paroles du jeune homme avec ferveur. Sa voix chargée d’émotions, son sourire contagieux et sa présence scénique font de Livingston un artiste talentueux et passionné, qui donne tout son cœur à son audience lorsqu’il se produit sur scène. Comme une preuve de la fidélité reçue en retour de la part de ses fans, la moitié de la salle lève la main quand il demande qui a assisté au précédent show parisien.
Sur scène, seul un batteur et une petite console, sur laquelle Livingston joue parfois quelques notes, sont présents. Ce qui nous laisse sur notre faim musicalement parlant. Il ne s’agit plus de boucles mélodiques ajoutées avec parcimonie, mais carrément de l’ensemble de la chanson, à l’exception de la batterie, qui retentit “artificiellement” dans le Bataclan. Cela retire une grande partie du côté live de la performance, tout en nous rappelant que les musiciens ne sont pas là pour faire de la figuration sur un plateau. Toutefois, cette approche se comprend facilement lorsqu’on prend en compte les contraintes financières auxquelles un artiste en développement peut être confronté pour tourner avec plusieurs musiciens. On peut tout de même regretter les “backing vocals” ajoutés quasi systématiquement sur les refrains, qui pourraient par moments apporter plus de profondeur à l’interprétation, mais qui, à notre sens, ont tendance à la desservir.
Mention spéciale pour la performance de l’Américain sur “The Ending You Deserve”. Sans fioriture, avec seulement sa voix (dont les sonorités rappellent par moments celle de Lewis Capaldi) et une mélodie au piano, l’artiste livre une interprétation à cœur ouvert qui séduit toute l’assistance et vient montrer qu’il n’est pas là par hasard.
Livingston fait remonter l’énergie d’un cran en faisant chanter le public sur “Symphony”, démontrant au passage toute la puissance qu’il est capable de déployer. Comme un symbole, c’est au milieu de la fosse qu’il interprète “Last Man Standing”, morceau qu’il introduit comme étant celui qui a donné un élan à sa carrière. L’énergique “Gravedigger” laisse place à un rappel survolté avec l’incontournable “Shadow”.
Au terme d’un set un peu court (1h10), Livingston scande “I love you” à de nombreuses reprises, phrase à laquelle lui répondent une nuée de cœurs en l’air. Malgré l’ambition un peu haute de vouloir remplir le Bataclan quelques mois à peine après une première date parisienne, et une musicalité qu’on aurait souhaitée plus riche, Livingston nous a prouvé ce soir qu’il avait mérité son statut de révélation alt pop. Sa sincérité et son empreinte artistique font figure d’ingrédients idéaux pour convaincre de plus en plus de fans dans les mois et années à venir.