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LOFOFORA @ La Maroquinerie (16/11/11)

Forts du succès critique de leur dernier album “Monstre Ordinaire”, sorti le 24 octobre et de leur incontestable statut de piliers du rock depuis vingt ans, les Lofofora ont fait halte à la Maroquinerie histoire de nous envoyer leurs ondes d’énergie et de nous serrer la pince. Soutenus par leurs copains de 7 Weeks (Seven Weeks), Reuno (chant), Daniel (guitare), Phil (basse) et la nouvelle recrue Vincent (batterie) ont convié leur public à une réunion de famille hors du commun.

 

La Maroq’ affiche complet ce soir. Mais si les chanceux se pointent très à l’avance, c’est plus pour partager une bière et se mettre en condition physique (se réchauffer) et psychologique (s’échauffer) que pour squatter les premiers rangs de la salle située au sous-sol. Au rez-de-chaussée, on peut croiser les membres de Lofofora, déjà bien excités. En bas, groupes d’amis, connaissances, femmes, hommes, jeunes, moins jeunes – taillent joyeusement une bavette en attendant la première partie. C’est dans cette ambiance bon enfant que 7 Weeks commencent la première partie. Chaleureusement accueillis par un public en partie connaisseur de leur musique, Julien (chant/basse), Florian (guitare) et Jérémy (batterie) nous présentent leur rock 90’s aux accents stoner avec brio. Dès les premiers titres, le trio limougeaud motive le public. L’efficace “All Channels Off”, qui est extrait de leur premier album du même nom et groove façon Queens Of The Stone Age, enchante un public très réactif. La tension monte et la salle est pleine à craquer quand Reuno, chanteur de Lofo, monte sur scène et accompagne le trio sur “Submarine”. Les voix rugueuses de Julien et de Reuno s’entremêlent harmonieusement sur cette jolie balade. Après le duo, Reuno quitte la scène. Les spectateurs, de plus en plus nombreux, sont désormais captivés par l’énergie des 7 Weeks. D’ailleurs, Jérémy a mystérieusement fait disparaître son pull. M’enfin bref. Le trio ne laisse pas de répit à l’auditoire et enchaîne avec “600 Miles” et d’autres titres de “All Channels Off” (2009) et de leur premier EP “B(l)ack Days” (2007). Leur set se termine avec “High In Heavenly Places”, titre inédit lumineux.

La salle continue de se remplir tandis que les spectateurs déjà présents se rasseyent sur les mini-gradins et reprennent breuvages et discussions. Après les habituelles vingt petites minutes de battement, et un peu plus d’alcool et de sucre dans le sang, le public acclame Lofo. Les quatre membres se présentent sur la petite scène, devant laquelle une foule compacte, prête à en découdre, s’est pressée. Rayonnant, Reuno annonce le programme de la soirée : “On va vous jouer le dernier album et après, on sait pas, on verra si vous êtes sages… “. Vincent bat les premières mesures de “Utopiste”, que la plupart des spectateurs reconnaissent – et les hostilités s’ouvrent. Emporté, hypnotisé par les riffs ravageurs, le public se trémousse, slame et scande les paroles du morceau d’ouverture de “Monstre Ordinaire”. Puis celles des “Évadés”. En fait, tout le monde (du vieux fan de rock, au punk, en passant par l’aveugle et le sosie d’Avril Lavigne) accompagne Lofo, secouant la tête, brandissant le poing, vibrant sur chaque chanson de “Monstre Ordinaire”. Entre chaque morceau, Reuno déclame poétiquement des extraits de paroles de chansons et papote avec le public, comme quand vous vous réunissez avec de vieux amis après une longue période de séparation : après tout ce temps, vous constatez que vous parlez toujours la même langue et que vous êtes toujours les meilleurs amis. Et les retrouvailles sont de taille. Dans la fosse de la Maroquinerie surbondée, des spectateurs déchaînés exécutent un circle pit (vous savez, cette danse qui consiste à tourner en cercle comme des p’tits enfants de maternelle ayant bu trop de coca) sur le nerveux “Elixir”. Après “La Beauté et La Bête”, dernier titre du dernier opus, les quatre membres de Lofo nous la jouent “à l’américaine” et sortent de scène les uns après les autres… pour revenir cinq minutes après. Eh non, ce n’est pas terminé : c’est le moment où vous vous rappelez vos vieux souvenirs. Interprétés avec intensité, les anciens tubes de Lofofora n’ont pas perdu de leur fraîcheur. Les paroles de “L’Oeuf” ou du “Pire” sont récitées… enfin, hurlées par les fans, tandis que le sol de la Maro’ recommence à trembler sous le poids des corps ayant échoué leurs crowdurfings (technique du slam à plat). Après cette longue piqûre de rappel qui s’achève avec “Auto-Pilote”, les Lofo saluent le public hétéroclite (on plaisantait pas, quand on disait qu’ils étaient venus nous serrer la pince) encore sous le choc de cette excellente performance et de la phrase qui l’a clôt : “Gardez espoir, tant qu’il y en a”.

 

 

Setlist :

 

Utopiste
Les Evadés
Elixir
Les Conquérants
La Merde En Tube
Le Visiteur
Ma Folie
Un Mec Sans Histoires
Cannibales
Frustrasong
La Beauté Et La Bête
—-
L’Oeuf
Les Gens
Dur Comme Fer
Au Secours
Macho Blues
Le Fond Et La Forme
Mémoires de Singes
Le Pire
Auto-Pilote

Appuyé par une bonne première partie, Lofofora a offert au public une rencontre percutante, généreuse et positive, qui contraste avec les thèmes abordés dans leur dernier album déjà culte. Cependant, la dernière phrase prononcée par Reuno résonne comme une promesse de nouveaux rendez-vous avec la passion et le rock. De fait, la configuration de la salle permet ce type d’intimité, agréable pour les musiciens comme pour le public. A la fin de cette soirée forte en émotions, les spectateurs quittent la Maroq’ ravis, le sourire aux lèvres, le diable au corps, touchés en plein coeur.