Actuellement en tournée à travers toute la France, -M- pose ses guitares au Zenith De Paris et ce jusqu’au 29 juin. Le temps n’est pas forcément à la fête, la pluie et la boue du Parc De La Villette rappellent les plus belles heures des festivals de rock. La salle noire de monde, s’éteint à 20h20, la voix de Matthieu lance sa première partie Pauline Croze.
Seule avec sa guitare et au départ dans une lumière mauve (chaque couleur variant en fonction de l’émotion transposée dans le titre), PAULINE CROZE annonce quelques ballades acoustiques de son dernier album. Hormis la fosse, le public n’est pas très attentif, alors que mademoiselle Croze tient habilement la distance, le public parisien fait une nouvelle fois la preuve de ses caprices et de son manque de savoir-vivre. A noter que cette audience a loupé une très belle interprétation de “Enjoy The Silence” renvoyant à la reprise de Moriarty. Dans une clarté rose opaline, Pauline termine avec son morceau le plus connu “T’es Beau”.
A 21h20, le noir revient avant de laisser place à une vidéo psychédélique sur un grand écran transparent. -M- démarre, visible seulement en ombre chinoise avant d’éclairer le public par ses lunettes, comme si des lasers bleutés sortaient de ses orbites. Ses deux comparses, entrent en scène et explosent les transistors : Brad Thomas Ackley à la “basstar” (basse, guitare et échantillonneur en un seul instrument), ainsi que de Lawrence Clais à la batterie. Matthieu Chedid reste assez sobre comparé à ses accoutrements passés : cheveux courts, veste glam à paillette rouge et au col plumé de noir. Trois personnes sur scène, cela paraît peu, mais c’est sans compter le travail magistral d’Emilie Chedid sur la scénographie. Derrière les musiciens, trois miroirs tournoient et s’assemblent pour créer un -M- gigantesque, le groupe devient visible de face comme de dos, le public se verra lors des divers allumages de la salle, car Matthieu, en véritable showman, n’en finira pas de blaguer et de remercier son auditoire entre les morceaux voir pendant. A chaque changement de style, il change de guitare, tantôt une Takamine électro-acoustique, tantôt une Gibson dorée et scintillante, sans oublier le retour de sa fameuse guitare rose. D’ailleurs le miroir -M- change de couleur en fonction des albums, il devient rose pour “Onde sensuelle”. Une personne assez méconnue du grand public fera également son apparition sur scène pour apporter à ces vagues d’images diffusées en arrière plan (aussi aériennes qu’hypnotiques), une poésie corporelle des plus touchantes : il s’agit de James Thierrée. Tel un indigène sur “L’île Intense”, il lance une danse endiablée aux influences africaines, un duel démarre entre un riff psychédélique et une gestuelle frénétique. D’un autre côté, le public sera constamment interpellé tout au long du concert refrain, gimmick et on en passe. La foule sautera à chaque demande de Matthieu, il faut dire que ce dernier et ses comparses se donnent vraiment sur scène et leur énergie et extrêmement communicative. Il détend l’atmosphère : “imaginez que vous êtes chez vous, avec plein de potes super sympa que vous ne connaissez pas”. Des enfants montent sur scène pour la “Nostalgic Du Cool”. L’éclairage devient explosif par le biais de L.E.D. polychromatiques et de l’impulsif “Mojo”. En parfait magicien, -M- disparaît pour se retrouver au piano, en plein milieu de la foule, sur ce qu’il appelle sa “papamobile”. C’est le moment le plus intimiste du concert (qui sera gâché par certaines fans plus intéressées par leurs futurs achats des soldes qui approchent plutôt que par l’intro de “La Bonne Etoile”). Le fameux “Gimmick” débarque plus explosif à chaque tournée, cette fois, c’est un mix entre Nirvana, Daft Punk, Justice et Hendrix qui envoie ce titre, plus tard il dansera tel un robot pour l’électro funk “Le Complexe Du Cornflakes”. Thomas Monica (gagnant du concours “Be The Rockstar” organisé par Paco Rabanne), monte sur scène et devient lead guitare le temps de “Ma Mélodie”. Les vieux tubes continuent de s’enchainer “Mama Sam”, “Machistador”, revisité par le “California” de 2Pac.
Pour le rappel, le trio se place sur la papamobile version -M- et continue l’exploration dans ses précédents albums : “En Tête A Tête”, “Le Roi Des Ombres” et plus encore. Pendant ce temps, une partie des gradins s’échappe et personne ne leur tiendra rigueur. Il faut dire qu’un groupe de jeune filles n’arrête pas de piailler depuis plus d’une heure avec des réflexions aussi stupides que stériles. “Tu as vu il a jeté son harmonica dans le public ?! Il est fou.” Alors déjà c’est un kazoo et pourquoi tu hurles alors que tes copines sont à coté de toi ? Mise à part cette partie du public qui fera fuir la partie attentive de la foule, le rappel continue de façon très agréable. “Baïa” permet à la fosse de se transformer en chorale gigantesque, “Oualé” fait revenir Pauline Croze sur scène pour un duo doux et lancinant. “Mojo” revient pour clôturer le spectacle, chorégraphié à la manière du clip, lumières laser sur la tête pour tous les membres du groupes, de son côté la foule se dandine à la manière d’un “Harlem Shake”, la preuve que ce public n’a pas l’habitude de danser au gré du rock n’roll.
Entre ballades poétiques et riffs énervés, -M- conquiert un public pendu à ses lèvres dès les premiers instants. La salle s’envole “Océan”, explose sur “Mojo” et danse sur “Baïa”, en suivant les directives de l’homme aux montures scintillantes. Guitare affûtée, look, le Machistador est à la hauteur de sa réputation de showman. Rien n’aurait été possible sans les deux personnes qui officient dans l’ombre : James Thierrée à la danse et Emilie Chedid à la scénographie, un très beau spectacle.
Setlist :
Elle
Le Film
Le Baptême
Onde Sensuelle
Laisse Aller
Océan
À Tes Souhaits
Nostalgic Du Cool
Mojo
Qui De Nous Deux
La Bonne Etoile
La Seine
La Vie Qui Tue
Gimmick
Le Complexe Du Cornflakes
La Grosse Bombe
Je Dis Aime
La Corde Sensible
Ma Mélodie
Mama Sam
Machistador
—-
Le Roi Des Ombres
En Tête A Tête
Faite-Moi Souffrir
Baïa
Oualé
Mojo
Crédit photos : Nicko Guihal