Après un passage en 2017, Machine Gun Kelly réinvestit l’Elysée Montmartre pour défendre son quatrième album studio, intitulé “Hotel Diablo”, l’un de ses efforts les plus mélancoliques et introspectifs. Retour sur une performance éblouissante.
20h. Les lumières s’éteignent. AMAZONICA, DJ anglaise, se voit confier la tâche d’ouvrir la soirée. Si son nom ne vous dit rien, l’artiste possède pourtant un historique impressionnant : de Marilyn Manson, U2, à Courtney Love, en passant par le Festival De Cannes, les BAFTAs ou les Oscars, la disc-jockey a assuré des sets pour les plus grands. Remixant des titres aux styles éclectiques, Amazonica réussit à remuer la foule au rythme de ses beats, faisant augmenter la température.
Après une vingtaine de minutes d’entracte, l’Elysée Montmartre se retrouve de nouveau plongé dans l’obscurité. Ce n’est que pour mieux révéler l’imposante scénographie de ce “Hotel Diablo Tour”, reposant sur des écrans géants positionnés à l’arrière-scène et sur l’estrade. Sous fond de “Sex Drive”, des images de Machine Gun Kelly, de son enfance à son dernier album, sont diffusées pour rappeler le chemin parcouru par le rappeur de Cleveland, qui fait une entrée surprise par une porte dissimulée dans l’écran principal.
Sous les acclamations tonitruantes d’une salle largement pleine, MACHINE GUN KELLY et ses talentueux musiciens se préparent à assurer plus d’une heure et demi d’un show tout bonnement captivant. A l’image de sa musique, la soirée s’impose rapidement comme une fusion entre culture hip-hop et scène alternative, offrant au public une setlist pour tous les goûts : du flow acéré de “Breaking News 2” à la trap de “The Break Up”, en passant par des ballades pop rock telles que “Let You Go” ou “I Think I’m OKAY” (en featuring avec YUNGBLUD et Travis Barker), l’artiste montre l’étendue de sa polyvalence sous fond de beats électroniques, guitares lourdes et percussions endiablées.
Diverses reprises s’invitent également à la partie. Si “Ocean Eyes” de Billie Eilish et “Wonderwall” d’Oasis mettent en avant la part de vulnérabilité non-négligeable du rappeur, la reprise plus qu’enflammée de “Shout At The Devil” de Mötley Crüe figure comme un clin d’œil à deux de ses autres talents : le jeu d’acteur (MGK a interprété le rôle de Tommy Lee dans le biopic “The Dirt” sorti plus tôt dans l’année) et la batterie, qu’il assure pour l’occasion.
Rien ne semble stopper Machine Gun Kelly, endossant à merveille son rôle de tête d’affiche. Véritable boule d’énergie, ce dernier se montre très mobile, investissant tous les recoins de la scène, -parfois même les premiers rangs du public-, et joue constamment avec son micro, qu’il s’amuse à lancer dans les airs.
Côté fans, l’ambiance est à la hauteur des efforts fournis par l’artiste charismatique, la fosse se voyant animée par des sauts en rythme, des pogos et autres circle pits. Preuve de l’efficacité live du rappeur : les titres les moins diffusés sur les ondes provoquent autant de réactions que les tubes comme “Wild Boy”, “See My Tears” ou même “Rap Devil”, la diss song à l’encontre d’Eminem ayant propulsé MGK à un niveau de notoriété supérieur il y a un an. A cette occasion, les écrans géants arborent des images couleur rouge-sang du Real Slim Shady, dont le visage est symboliquement pris pour cible d’une arme.
Pas une once de fatigue ne semble affecter le rappeur de Cleveland, qui profite du rappel pour faire des ravages dans la fosse avec le combo “Bad Mother F*cker” et “Till I Die”, avant de s’éclipser définitivement sur les douces notes de “27”.
Ce soir, Machine Gun Kelly a brillé par son expérience et sa maîtrise, défendant avec éloquence et désinvolture une vision décloisonnée du rap. Artiste prolifique aux dizaines de mixtapes, EP et clips, Kelly continue son ascension avec brio, “Hotel Diablo” ayant convaincu le public parisien.