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MAIN SQUARE FESTIVAL 2024 – Jour 2 (05/07/24)

© Jérôme Pouille

Tous les voyants sont au vert en ce vendredi 5 juillet. Après une mise en bouche agréable la veille, place à une programmation faisant la part belle à la scène rock/metal contemporaine. De quoi présager du meilleur avec, en point d’orgue, le show de Bring Me The Horizon.

YONAKA (Green Room)

En raison d’un battement de seulement un quart d’heure entre l’ouverture des portes et le début des concerts, une longue file d’attente s’étend encore quand commence le set de YONAKA. C’est donc avec regret que nous entendons de loin “By The Time You’re Reading This”, le très bon morceau d’ouverture de leur EP Welcome To My House (2023).

Quand nous arrivons enfin sur place, nous constatons avec plaisir que les Britanniques semblent déterminés à rallier le plus de novices à leur cause électro rock. La chanteuse Teresa Jarvis ira même jusqu’à demander au public encore clairsemé de former un moshpit. Devant l’échec de cette requête (résolument optimiste pour un début de journée), elle mimera des larmes de façon assez amusante. Ce n’est finalement que partie remise, puisque la récente “Predator” permettra d’exaucer son vœu. En matière d’intensité, la jeune femme peut compter sur son guitariste George Edwards. Ce dernier se saisit à son tour du micro pour accompagner la frontwoman sur “Clique”, se substituant avec passion (et réussite) à l’habituel interprète qu’est FEVER 333.

On notera également l’excellente interprétation du punky “Hands Off My Money” semblant sortir du catalogue d’Amyl And The Sniffers. Un titre incendiaire qui ne mérite rien de moins que de retourner un club rempli de fans. Électrisante et trouvant le bon compromis entre fluidité pop et énergie rock, YONAKA se révèle donc une très belle pioche pour commencer la journée. Une belle découverte qui ne demande qu’à être confirmée en salle.

LANDMVRKS (Green Room)

Attention phénomène. Pour ceux n’étant pas encore au courant, un groupe de Marseillais monte inexorablement dans le paysage metalcore hexagonal. Ce collectif, c’est LANDMVRKS, dont nous avions déjà aperçu de nombreux T-shirts lors du dernier passage de Bring Me The Horizon à l’Accor Arena. C’est donc plutôt logiquement que nous les retrouvons sur la même affiche que les natifs de Sheffield. Le quintette partage avec ses aînés le goût du contrepied permanent. Ce set est ainsi l’occasion de montrer la grande variété des compositions.

Cette polyvalence est annoncée dès le morceau d’ouverture “Creature”. Ce morceau fait cohabiter rap en français, couplet frénétique proche de Rage Against The Machine et refrain metalcore. Le tout s’achevant par un pont tout growl dehors. Bluffant ! Le set est extrêmement dynamique, ce qui semble réjouir un public réagissant au quart de tour. Que ce soit pour reprendre des paroles (“Death”) ou répondre à l’invitation de slamer, ce dernier fait honneur à la venue de nos Frenchies. Non content de faire jumper la foule, le groupe fera également sauter… le courant. Cette mésaventure conduit à une interruption d’une dizaine de minutes, pendant laquelle l’assemblée n’aura de cesse d’encourager les musiciens. Une anecdote ne faisant que renforcer la sympathie du moment, sans préjudice sur l’ambiance.

Un set mené d’une main de maître, qui continue de faire monter la cote de LANDMVRKS après un Hellfest acclamé. “Pas mal non ? C’est français.

© Jérôme Pouille


Nothing But Thieves (Main Stage)

Après avoir récemment apprécié sa capacité à enflammer l’Olympia, nous étions curieux de voir l’impact de Nothing But Thieves sur un festival généraliste. Alors que de nombreux fans de Ninho sont déjà en place, nous constatons avec plaisir que le groupe a suffisamment d’expérience pour ne pas être déstabilisé par une foule ne connaissant pas son répertoire. Nous découvrons au contraire un Conor Mason qu’on imaginait moins avenant. Ce dernier prend le temps de saluer une très jeune spectatrice et félicite un autre pour sa demande en mariage.

Signe de cette capacité d’adaptation, la setlist s’en trouve largement modifiée. Exit l’ouverture par “Welcome To The DCC”, l’heure est au remaniement ! La groovy “Oh No :: He Said What?” se charge d’ouvrir le bal, avant que l’intensité rock monte avec la doublette “Futureproof” / “Is Everybody Going Crazy?”, faisant décoller la fosse. La sublime “Lover Please Stay” fait assez logiquement les frais de ce changement de format, laissant les power ballads “Impossible” ou “Sorry” souligner les capacités vocales de Conor.

Les hits s’enchaînent dans cette première partie, jusqu’à ce que “Unperson” fasse basculer le set dans une énergie nouvelle. Ce morceau particulièrement punchy est ainsi interprété comme un signe de ralliement. Un moshpit se crée alors, permettant aux fans de pogoter dans un esprit bon enfant, pour le plus grand plaisir des Anglais. La prestation se démarque de la tournée en salle par le retour de “I’m Not Made By Design” et de la reprise des Pixies, “Where Is My Mind?”, scandée le poing levé par les fans de Ninho (non). Le point d’orgue est atteint sur l’incontournable “Amsterdam”, délivrant l’énergie accumulée lors d’un ultime pogo cathartique. Malgré un créneau loin d’être évident, le groupe peut quitter la scène sur “Overcome”, avec le sentiment du devoir accompli.

© Jérôme Pouille


Ninho (Main Stage)

Nous passerons pudiquement sur la prestation du rappeur Ninho. Disons simplement que la présence d’un avion sur scène est tout sauf l’assurance d’une performance qui vole haut…

Bring Me The Horizon (Main Stage)

Alors que les amateurs de rap ont pris la direction de la seconde scène où se produit Josman, la Main Stage est extrêmement remplie une demi-heure avant le début du show. On ne compte plus les T-shirts à l’effigie du groupe auprès de fans impatients de découvrir les nouvelles compositions.

Disons-le d’entrée, le groupe a proposé LE plus grand show de cette édition. Contrairement à beaucoup d’artistes, ne comptez pas sur Bring Me The Horizon pour alléger sa scénographie en festival. Les Anglais n’ont absolument pas lésiné sur les moyens pour immerger les spectateurs dans leur univers dystopique. Canons à air, confettis et lance-flammes appuient les spectaculaires projections faisant avancer le récit. Fidèle à l’esthétique gaming du dernier album POST HUMAN: NeX GEn, le show commence par une vidéo d’intro façon Final Fantasy. “Niveau de difficulté : extrême“. Le ton est donné !

Dans un décor au style gothique composé de podiums imposants, Oli Sykes et sa bande lancent les hostilités avec “Darkside”. Bien que ce titre provienne du (très bon) dernier disque, il est accueilli comme un classique. Le départ du second vocaliste, Jordan Fish, laissait planer le doute sur la qualité vocale du show. Il faut dire que ce dernier relayait parfaitement Oli, précédemment réputé pour ses difficultés au chant. Ces doutes sont balayés par le guitariste additionnel, John Jones, qui endosse ce rôle à la perfection sur “Empire (Let Them Sing)”. D’autant que la formation peut compter sur une troisième voix particulièrement enthousiaste : celle de l’auditoire.

Ce dernier est visiblement déterminé à rendre ce show absolument mémorable. On prend ainsi en pleine face les classiques de Sempiternal (2013) “Shadow Moses” et “Can You Feel My Heart”. Non content de donner de la voix, la fosse ne rechigne jamais à sauter à l’unisson (“Teardrops”, “Top 10 staTues tHat CriEd bloOd”) ou à déclencher des pogos (“Parasite Eve”, “AmEN!”). Un certain “projet Kingslayer” mettra tout particulièrement les corps à contribution…

Oli est très en forme et semble ravi de l’adhésion générale. Il interprétera “Drown” dans les bras des premiers rangs dans un moment de communion habituel mais qui respire l’authenticité. Un bain de foule dont il repartira avec une peluche confectionnée pour l’occasion, qui “Thronera” au centre de l’imposant décor.

Décidé à nous faire passer par toutes les émotions, le rappel est l’occasion de diffuser des extraits retraçant la carrière de BMTH (et d’applaudir le regretté Chester Bennington). L’accalmie est ensuite prolongée de manière surprenante mais finalement bienvenue sur “Doomed”. Une belle montée en puissance avant la joyeuse “LosT”, qui voit Oli se trémousser sur ce tube emo punk. Le leader achèvera de précipiter la Citadelle dans un maelström de saut, de flammes et d’étincelles sur un “Throne” d’anthologie. Une clôture à la hauteur de la démesure de ce concert magistral.

© Jérôme Pouille


Cerise sur le gâteau, l’équipe de France de football a eu l’obligeance de prolonger le plaisir afin de permettre aux festivaliers de vivre ensemble une qualification au bout du suspense (et du réseau). Un dernier moment de partage d’une journée qui restera dans les mémoires de nombreux festivaliers. La suite sera-t-elle à la hauteur ?

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