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MAIN SQUARE FESTIVAL 2024 – Jour 3 (06/07/24)

© CBONAMIS

Après un vendredi mémorable à bien des égards, ce samedi présente à première vue un programme moins chargé pour les amateurs de rock. Pourtant, cette troisième journée pourrait réserver bien des surprises…

The Snuts (Main Stage)

Le Main Square entretient depuis des années la volonté de programmer des jeunes groupes britanniques pour leur première date en France. À cet égard, la venue des Écossais de The Snuts rappelle visuellement l’ouverture de Circa Waves en 2015. On retrouve cette même fraîcheur dans leurs nombreuses compositions au potentiel tubesque. Le flow dansant en diable de “Hallelujah Moment” précède ainsi le riff irrésistible de “Always”. Vocalement, le chanteur Jack Cochrane est irréprochable. Son accent permet de donner énormément de relief à de nombreuses compositions pop rock (“Gloria”, “Glasgow”).

On reste davantage sur notre faim quant à sa présence scénique. Ce visage fermé et cette démarche chaloupée sont peut-être la conséquence d’une timidité bien compréhensible. Ce sont en tout cas de vrais axes de progression pour embarquer au-delà des aficionados du genre. Le public réserve néanmoins un bel accueil aux morceaux du dernier album Millennials (2024). L’une des belles révélations du week-end, qui nous donne rendez-vous le 13 novembre prochain au Pont Éphémère de Paris.

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Against The Current (Green Room)

Alors que résonnent les dernières notes du concert précédent, les amateurs de rock s’empressent de parcourir les trois-cent mètres les séparant de la Green Room pour retrouver Against The Current. Trop rares en festival, les Américains vont mettre tout le monde d’accord durant une heure de pop punk explosif. Le groupe nous gratifie d’entrée des deux derniers singles sortis depuis la dernière fois que nous les avons vus au Trabendo : “Silent Stranger”, dont les notes épiques sont parfaites pour lancer le show, et “Good Guy” qui donne lieu aux premiers mouvements. La formation a ajouté un bassiste pour cette tournée, qui prend notamment à sa charge la partie chantée par guardin sur la survitaminée “again & again”.

Néanmoins, l’élément central du show reste la pile électrique Chrissy Costanza. La jeune femme prend toute la lumière et mène le public à la baguette. Que ce soit pour transformer le parterre en trampoline (“Wildfire”, “Gravity”) ou faire reprendre à l’unisson les “Talk, talk, talk, talk” de la chanson “appelée assez ironiquement… Talk“, l’audience est embarquée dans un tourbillon d’énergie et de bonne humeur. Certains reconnaîtront avec surprise la bande-son de League Of Legends “Legends Never Die”. On préférera de notre côté la catchy “blindfolded”, ou l’interprétation très habitée de “Lullaby”. Quoi qu’il en soit, chacun repart avec la conviction d’avoir assisté à l’une des meilleures performances du week-end.

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Future Exes (Le Bastion)

Tandis que Pierre de Maere prend le relais de Zara Larsson, nous nous dirigeons pour la première fois vers la troisième scène dédiée aux talents locaux. Intitulé Le Bastion, cet espace propose une respiration à taille humaine entre village associatif et jeux de plein air.

On s’appelle Future Exes, et on est votre futur ex-groupe préféré !“, lance le chanteur en introduction, avant de commencer pied au plancher. Fan de rock 90’s, vous êtes au bon endroit. Les Lillois pratiquent un rock alternatif fortement influencé par des artistes comme Weezer. On retrouve le grain grunge de Kurt Cobain sur le pont de l’électrique “Stand Still” ou la survoltée “Unshoeable”. Néanmoins, il émane un côté solaire des compositions proposées. “Never Bored Valley” nous fait ainsi penser à John Butler Trio, époque électrique.

Alors que certains artistes émergents pourraient paraître inhibés par l’audience très respectable qui leur fait face, c’est tout l’inverse qui se passe ici. Le chanteur-guitariste est survolté, et amène une énergie punk des plus plaisantes. Pour ne rien gâcher, chaque prise de parole est savoureuse, et contribue à renforcer la grande sympathie de la prestation. Les quarante minutes passent à toute vitesse, au grand dam de l’assistance qui réclame un rappel. Certaines spectatrices iront jusqu’à montrer leur approbation en jetant des soutiens-gorge. Leurs futurs exs pourront se consoler en écoutant l’EP Human Shape/Color Shades (2024), qu’on ne peut que recommander.

Frank Turner chantait dans “Four Simple Words” : “Je veux des groupes qui ont dû travailler pour survivre. Parcours des milliers de kilomètres, dorment chez des inconnus et ont hâte de recommencer le lendemain.” Ce même sentiment nous habite après un spectacle qui sent bon les SMAC et le spectacle vivant.

Deluxe (Main Stage)

Dans chaque festival, arrive un moment où le festivalier doit faire face à l’imprévu, à un événement susceptible de bouleverser ses plans. La problématique d’arbitrage entre concerts et repas peut parfois pousser à des impasses, quitte à lâcher un hasardeux “Deluxe ? C’est royal, mais surtout niveau burger” (toute ressemblance avec le rédacteur de cet article est purement fortuite).

Déterminé à rejoindre l’entrée du site, nous nous apprêtons donc à traverser la Grande Scène, en pensant assister à un ou deux morceaux avant d’aller chercher notre dose quotidienne de frites. Une heure plus tard, nous voici à ployer le genou à terre afin de nous faire adouber par une chanteuse brandissant une épée. Que s’est-il donc passé entre-temps ?

L’explication tient en une variable que nous n’avions pas prise en compte : la formidable machine à ambiancer qu’est Deluxe ! Originaires du sud de la France, il se dégage un côté très organique chez ce groupe à la fameuse moustache. Chaque instrument est mis en valeur, et notamment le saxophoniste qui sublime de nombreuses compositions par ses solos endiablés.

L’alchimie des membres est irrésistible et conduit à une ambiance de feria. Particulièrement heureux de jouer devant “la plus grande foule de leur vie“, les Aixois sont à fond. Ils descendront même interpréter une chanson au beau milieu de la fosse. Si la musique enthousiasme, les six trublions bénéficient d’un talent incroyable pour électriser les foules. Non contente de nous charmer avec une voix rappelant Selah Sue, la chanteuse Liliboy est doublée d’une marionnettiste hors pair. Par sa volonté, nous voici tour à tour transformés en “anémones” (balançant nos bras de chaque côté), tenant de parfaits inconnus par les épaules ou esquissant des pas de danse disco. Tout ceci avant d’utiliser son titre de “chevalier de la ville de Barcelonnette” pour mettre en scène un saut général sur la chanson du même nom. Une superbe voix, des musiciens “au poil” et un sens inné du spectacle ont transformé ce concert en moment le plus fédérateur du week-end.

C’est donc un triomphe mérité que reçoit le groupe, qui quitte la scène sur une ultime chorégraphie. Moustaches Gracias !

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Sam Smith (Main Stage)

Alors qu’Eddy de Pretto performe devant une Green Room saturée, la foule est également extrêmement dense devant la Main Stage. Ceux ayant choisi de rester jusqu’au bout devant le rappeur français auront la mauvaise surprise d’entendre au loin le principal hit de la tête d’affiche du jour.

Sam Smith fait en effet le pari de lancer sa performance avec le tube planétaire “Stay With Me”. Poursuivant sur cette lancée, l’artiste choisit de dégainer tous ses plus gros succès dès le début. Un choix particulièrement audacieux, qui pourrait faire craindre un essoufflement après ce démarrage canon. Alors que les titres défilent, on comprend alors que Sam Smith a composé son show de manière chronologique. L’artiste nous annonce dédier son spectacle à “l’acceptation et la tolérance“. Il apparaît que l’avancée du concert est justement une métaphore de sa quête d’identité.

La première partie égrène les ballades pop des débuts. Le public est charmé par ses tubes radiophoniques (“I’m Not The Only One”, “Too Good At Goodbyes”), mais aussi par l’extrême gentillesse dégagée. L’interprète diffuse en effet une humilité des plus rafraîchissantes, mettant sans cesse en avant ses danseurs et choristes. Il rendra également un hommage très appuyé à l’une de ses choristes, qui aura droit à un véritable passage solo.

La deuxième partie du set montre un Sam Smith capable d’enfiler des atours plus R’n’B. Arras se déhanchera avec joie au gré de ses collaborations avec Calvin Harris (“Promises”, “I Feel Love”) ou Disclosure (“Latch”). Certains passages nous emmènent jusqu’à Broadway, à la faveur d’impressionnants tableaux faisant la part belle aux danseurs. Mais c’est le final qui achèvera de marquer ce show dans les mémoires. L’Anglais y apparaît sur fond de chant religieux (“Gloria”), avant de jeter son voile de madone pour dévoiler un bustier et une jupe. La clôture sur “Unholy” nous fait passer du Vatican à une ambiance donjon BDSM. Un final explosif qui ne laisse personne indifférent, mais dont on peut une nouvelle fois saluer l’audace.

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Justice (Main Stage)

Si la veille, Armin Van Buuren avait permis de célébrer la qualification des Bleus façon Tomorrowland, la principale tête d’affiche électro du week-end s’appelle bien Justice. Porte-drapeau de la French Touch depuis la retraite de leurs compatriotes casqués, la curiosité a réuni de très nombreux spectateurs face au nouveau show proposé dans le sillage de leur nouvel album Hyperdrama (2024). Et force est de constater qu’à l’exception de quelques fans, le public s’ennuie ferme… De notre côté, n’étant pas amateur d’électro, on partait pourtant avec un a priori très positif au vu des échos lus et entendus (notamment sur la chronique d’un excellent webzine).

La claque anticipée n’a pourtant jamais eu lieu. À la place, nous avons droit à des boucles sans fin, récompensées par quelques légères variations ne nous sortant que rarement de notre léthargie. Visuellement, la mise en scène ne bouleversera pas non plus l’histoire des light shows. Mais le plus grand mystère reste le parti pris de nous imposer en continu la vision des deux protagonistes debout, aussi expressifs qu’une huître neurasthénique. Malgré quelques passages plus intenses en fin de concert, nous quittons donc les lieux avant le rappel (tant pis pour la seconde version de “D.A.N.C.E”). Justice a finalement été cohérent avec son emblème, en nous proposant un set aux allures de chemin de croix…

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Alors que nous n’en attendions pas énormément, cette journée aura su nous surprendre par de très belles performances. L’énergie était au rendez-vous, avec le pop punk d’Against The Current, les locaux de Future Exes ou l’ambiance feel good de Deluxe. On a également apprécié la pépite The Snuts et la solidité de Sam Smith. Rendez-vous demain pour Tom Odell, Avril Lavigne et le lever de rideau de Lenny Kravitz.

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