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MAIN SQUARE FESTIVAL 2024 – Jour 4 (07/07/24)

© Jérôme Pouille

Ce dimanche 7 juillet marque l’ultime journée de notre périple arrageois. Le Main Square Festival s’apprête à livrer ses derniers décibels pour une journée résolument rock. Aujourd’hui, les têtes daffiche se nomment Lenny Kravitz, Avril Lavigne ou encore Tom Odell. Pour une clôture en beauté ?

Psychedelic Porn Crumpets (Green Room)

En cette dernière journée, nous avions prévu une entrée en douceur sur la seconde scène, bercés au son de Psychedelic Porn Crumpets. C’était sans compter sur le mur de son envoyé par les Australiens, qui ont visiblement traversé le globe avec la ferme intention d’en découdre. Le groupe s’aventure sur des terres inexplorées dans cette édition : celles de sonorités garage psychédéliques, beaucoup plus enlevées que ce que le disque nous avait laissé imaginer.

La formation salue la présence de Bring Me The Horizon et de Lenny Kravitz sur l’affiche, mais semble rendre hommage à Justice par des interludes un chouïa longs. Néanmoins, les accélérations sont savamment placées, le tout sur fond de visuels psychédéliques joliment travaillés. On pense à King Gizzard & The Lizard Wizard, ou à leurs compatriotes de Wolfmother. On ne peut que féliciter la volonté des organisateurs de donner de la visibilité à cette scène, qui ravira les connaisseurs.

© Jérôme Pouille


Christone “Kingfish” Ingram (Main Stage)

Alors que nous poursuivons notre après-midi en compagnie du blues rock de Christone “Kingfish” Ingram, les éléments se rappellent à notre bon souvenir. De manière étrange, chaque accélération de ce guitariste virtuose semble renforcer l’intensité de l’averse. Bien que la situation dégage une certaine poésie, les solos interminables et la place démesurée du synthé poussent une partie du public à chercher l’abri des arbres plutôt que celui des riffs.

Il faut dire que la performance est de celles dont on salue la virtuosité, sans ressentir hélas un soupçon d’émotion. On relèvera néanmoins sa percée au cœur de la foule, aboutissant à un solo joué avec la bouche, ainsi que sa voix soul pas désagréable. Un contenu toutefois insuffisant pour susciter autre chose qu’un intérêt poli.

© Jérôme Pouille


MOMA elle (Le Bastion)

Le soleil est désormais au beau fixe au moment de revenir vers la troisième scène du Bastion. De nombreux spectateurs profitent, assis, de cette oasis pleine de charme. Annoncée comme l’un de nos coups de cœur, MOMA elle n’a pas déçu. Une écoute en amont du festival nous avait donné un aperçu de son très beau timbre de voix. Cette performance live nous fait découvrir sa capacité à jongler entre sa guitare et un looper.

Quelques prises de parole nous apprennent également ses origines bretonnes. Cette filiation celtique s’entend notamment sur “Hurricane”, qui introduit une partie jouée à la flûte. L’assemblée de plus en plus garnie semble sous le charme de ses ballades délicates comme de ses rythmes plus entraînants. Une prestation trop courte, mais qui aura confirmé tout le bien que l’on pense de ses compositions folk. Fans d’Aurora et de douceurs, foncez !

© Jérôme Pouille


Bombay Bicycle Club (Main Stage)

Après cette belle parenthèse, nous voici de retour sur la Main Stage avec Bombay Bicycle Club. S’ils ne sont pas les apôtres d’un rock virulent, cette programmation permet de se mettre petit à petit en jambe. À défaut d’être immédiat, leur indie rock se révèle agréable. Les Londoniens fêtent ce jour le quinzième anniversaire de leur premier album, dont est issu le célèbre “Always Like This”. Une belle longévité, qui n’a en aucun cas altéré la fraîcheur de Jack Steadman et sa bande.

Malgré une foule de néophytes, les sourires sont constants lors d’une performance qui irradie le plaisir de jouer. On retrouve une fougue adolescente dans la façon d’attaquer les cordes et de sautiller. La montée en puissance a le mérite de réveiller les fans, qui imitent le leader en se déhanchant sur les accélérations de “Eat, Sleep, Wake (Nothing But You)” ou de “Carry Me”. Si nous ne sommes pas tout à fait embarqués par la qualité des morceaux, on ne peut que saluer la bonne volonté infusée dans ce set.

© Jérôme Pouille


Tom Odell (Main Stage)

Comme de coutume depuis jeudi, nous retrouvons l’insatiable festivalier déguisé en Charlie pour lancer un clapping général. Le signe d’un concert réussi ? Il est en tout cas attendu, si l’on en croit la densité du public faisant face à un imposant piano. Les moins familiers du répertoire de Tom Odell seront peut-être surpris du nombre de musiciens accompagnant l’interprète. La guitare et la batterie sont ainsi épaulées par un violon, un saxophone, une trompette et une contrebasse. L’orchestre introduit Tom avec la légère “Loving You Will Be The Death Of Me”. Pourtant, cette quiétude se transforme rapidement en rage sur la solennelle “I Can’t Pretend”. À l’image de ce morceau achevé debout, la mâchoire serrée, il est saisissant de constater l’épaisseur que prennent ses compositions en live.

S’il surprend par son énergie, l’artiste n’en oublie pas pour autant de montrer une grande finesse au piano. “Heal” est un bijou de douceur, mais ne constitue finalement qu’une mise en bouche avant l’un des moments les plus marquants du festival. Alors qu’on atteint la moitié du concert, le Britannique est rejoint par Zaho de Sagazan, également à l’affiche du festival, pour interpréter “Black Friday”. La pièce maîtresse de l’album du même nom est incroyable sur disque. Elle apparaît ici sublimée par deux artistes vibrant à l’unisson. Ajoutez à cela l’apparition de la pluie et vous obtenez un moment hors du temps, d’une intensité folle. Loin de s’arrêter en si bon chemin, Tom enchaîne avec une magistrale interprétation de “Grow Old With Me” et “Fighting Fire With Fire”, tout en rage.

Alors que la pluie redouble d’intensité, l’artiste est déterminé à ne pas faire retomber le souffle épique du concert. Il décide ainsi de partager notre sort, rejoignant les barrières sur “Parties” avant de décrocher des larmes avec “Best Day Of My Life”. Puis vient le moment que tout le monde attendait : la reprise de “Another Love”. Il est bluffant de constater l’impact des réseaux sociaux sur le regain de notoriété de ce tube de 2013. Une popularité dont est témoin la Citadelle, qui a dû ressentir les paroles jusque dans ses fondations. Un triomphe à la hauteur du tour de force réussi par Tom Odell, qui a prouvé qu’il ne pouvait être résumé à ce hit. Une performance qui fera date d’un artiste complet, à voir absolument.

À noter que la bromance avec Zaho de Sagazan s’est poursuivie quelques minutes plus tard, l’Anglais l’accompagnant sur son hit “La symphonie Des Éclairs”. C’est aussi ça, la magie des festivals.

© Jérôme Pouille


Avril Lavigne (Main Stage)

Particulièrement rare, la venue d’Avril Lavigne nous pousse à faire l’impasse sur Zaho de Sagazan pour être au cœur de l’action. Ce placement stratégique nous donne l’occasion d’entendre l’excitation des fans … ainsi que des énormités (“Avril Lavigne ? Comme tout le monde, j’en connais qu’une, “Girlfriend”“). Hasard ou coïncidence, la Canadienne choisit justement de commencer son set par ce single phare de l’album The Best Damn Thing (2007). Évoluant dans un décor mêlant cœurs et crânes, la jeune femme improvise une chorale sur “What The Hell”, avant de faire exploser les fans avec “Complicated”. Bien qu’en pleine tournée best of, la jeune femme n’en oublie pas les titres de son dernier album Love Sux (2022), naturellement moins connus.

Les remerciements et autres “je t’aime la France” sont de rigueur. Pourtant, on sent que quelque chose cloche. En dépit de l’accueil qui lui est fait, et de ses vingt ans de carrière, la chanteuse ne semble pas réellement dans son élément. La différence d’interprétation avec Chrissy Costanza d’Against The Current est frappante. La voix est bien présente, mais il manque un minimum de conviction et d’énergie pour incarner ses compositions viscérales. On se consolera néanmoins avec les tubes “My Happy Ending”, “I’m With You” ou encore l’indétrônable “Sk8er Boi”. Les hits étaient présents, pas l’enthousiasme nécessaire pour basculer dans une performance mémorable.

© Jérôme Pouille


Lenny Kravitz (Main Stage)

À l’approche de l’ultime concert de ces quatre jours, l’usure physique se fait particulièrement sentir. Mais alors que résonne notre meilleure interprétation de Jonathan Cohen en mode “mon pied“, Lenny Kravitz prend tout le monde de court en lançant sa performance par le cultissime “Are You Gonna Go My Way”. Dans la foule, c’est l’hystérie, que ne fera pas redescendre “Minister Of Rock n’Roll”. À soixante ans, Lenny est tout simplement bluffant dans son interprétation. La voix est en place, la virtuosité toujours au rendez-vous, aux six cordes comme à la basse (“TK421”). Mais le plus impressionnant reste sa passion du rock n’roll, absolument intacte. Le plaisir d’évoluer avec des musiciens d’exception crève les yeux, et c’est ainsi qu’on le retrouve à jammer pendant près d’un quart d’heure avec la section cuivre (“Fear”).

De ce point de vue, le concert ne tombe pas dans l’excès de 2016, où la multiplication des solos avait alourdi la performance. Ici, l’artiste enchaîne plus naturellement, tout en communiquant au public sa reconnaissance d’être toujours présent. Les festivaliers le lui rendent bien, et accueillent chaleureusement les hits qui balaient toute sa discographie. Toutes les époques sont représentées, si bien qu’aucun album ne compte plus de deux représentants. Que l’on apprécie le Lenny groovy (“The Chamber”), langoureux (“I Belong To You”, “It Ain’t Over ‘Til It’s Over”) ou du dernier album Blue Electric Light (“Paralyzed”), tout le monde s’y retrouve.

De notre côté, nous avons particulièrement été sensibles à l’interprétation de “Stillness Of Heart” et son très beau visuel enfumé. L’heure et demie passe à une vitesse folle. À tel point qu’à cinq minutes du terme, de nombreux classiques manquent à l’appel. Pas de souci, l’Américain n’hésite pas à prolonger le plaisir, avec un enchaînement somptueux : “Always On The Run”, “American Woman” et l’indémodable “Fly Away”. Vingt minutes de dépassement ? “On n’est plus à cinq minutes près !“, se dit certainement la star du jour, qui poursuit en acoustique avec “Let Love Rule”. Nos pieds en feu ne sont plus qu’un lointain souvenir au moment de participer au clapping, de répéter les paroles enseignées par l’Américain ou d’être attendris par l’étreinte avec une enfant à l’occasion d’un bain de foule plus que mérité.

C’est donc à minuit vingt-cinq que se termine le festival, avec cette performance XXL qui a réaffirmé la place de Lenny Kravitz au panthéon des rockstars.

© Jérôme Pouille


Clap de fin sur une édition qui aura réuni cent trente-mille personnes et tenu toutes ses promesses. Mention spéciale aux très nombreuses navettes gratuites mises à disposition avec une efficacité impressionnante. Côté musique, on retiendra particulièrement le show dantesque de Bring Me The Horizon, la sensibilité de Tom Odell, la bonne humeur de Deluxe et la générosité de Lenny Kravitz. Une très belle édition que l’on prendra plaisir à retrouver du 4 au 6 juillet 2025 !

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