A l’occasion du Red Bull Music Festival, le duo d’illustrateurs Førtifem proposait un spectacle en trois actes collaboratifs inspirés des arcanes majeures du tarot. Major Arcana, c’est six groupes sur scène pour trois rencontres insolites. RockUrLife revient sur cette soirée exceptionnelle !
Acte 1 : la mort
La soirée commence avec un warm up assez dispensable de VERSET ZERO. Le temps pour le Trianon, qui affiche complet, de laisser entrer tout le public. Les choses sérieuses commencent avec le premier set, rencontre du hardcore rugueux de NOSTROMO et du dark ambient de DEHN SORA. Les écrans s’allument et la salle se retrouve plongée dans une grotte, où brillent les yeux de chauve-souris aux aguets. Les images défilent derrière les musiciens, et une atmosphère sombre et prenante s’installe.
Dehn Sora apporte à Nostromo toute sa capacité à créer de la tension, avant que les Suisses ne laissent exploser toute l’énergie de leur musique. Les morceaux revisités débutent par une lente et ténébreuse montée en puissance. L’intensité projetée par Javier est captivante. Une fois les chevaux lâchés, plus rien ne l’arrête.
Acte 2 : Le diable
Le deuxième acte marque la fusion de deux groupes qui ont le vent en poupe. Le post-black metal de REGARDE LES HOMMES TOMBER face au sludge de HANGMAN’S CHAIR. Sur scène, deux batteurs devant lesquels se positionnent en demi cercle deux bassistes et trois guitaristes. Aux extrémités, les deux chanteurs se font face à face. Qui dit mieux ?
La proposition est alléchante, l’expérience live est envoûtante. Les deux groupes jouent à l’unisson, combinant leurs forces respectives pour un résultat imparable. Le blend du stoner lourd et puissant de Hangman’s Chair avec la brutalité noire de Regarde Les Hommes Tomber se fait en parfaite osmose. La douceur de la voix de Cédric face à la sauvagerie de TC pour revisiter les morceaux des formations. Un délice pour les oreilles, une expérience sensorielle fascinante. Les passages lourds sont écrasants, de la bestialité s’émane des passages plus agressifs et toute la foule respire lors des parties aériennes. La connexion palpable entre les deux groupes touche le public qui se meut au rythme de la musique.
Acte 3 : La roue de la fortune
A peine remis des émotions fortes du duo précédent, c’est dans un registre plus stellaire que la soirée se poursuit. Que vaut la synthwave de PERTURBATOR mêlée à celle du post black éthéré d’ALCEST ? Si le rendu sonore semble difficile à imaginer, cette collaboration apparaît comme la plus évidente sur le papier. C’est un trio composé de Neige (Alcest), James Kent (Perturbator) et son batteur qui investit la scène.
Les vagues sombres électro de Perturbator donnent immédiatement une couleur à la performance. Avec de beaux arpèges post punk qui ne renieraient pas Depeche Mode ainsi que des cœurs improvisés, Neige se greffe à merveille sur les trois nouveaux morceaux de Perturbator. Le maître à penser d’Alcest s’est complètement approprié l’exercice et apporte son grain éthéré aux compositions urbaines et décantes de James Kent. En arrière-plan, les illustrations animées de Førtifem transportent l’audience au firmament. Le temps semble en suspens…
Ce voyage parmi les astres se poursuit avec l’arrivée des autres musiciens d’Alcest. A en juger par les applaudissements qui retentissent pendant l’intro de “Kodama”, le public s’est en majorité déplacé pour eux ce soir. Fidèles à eux-mêmes, les Français livrent un set carré, planant et magistral. Les deux nouveaux single “Sapphire” et le final déjà très connu du public, “Protection”, viennent clore en beauté cette deuxième partie de set. Légère ombre au tableau de ce parcours sans faute, la contribution électronique de Perturbator sur les titres d’Alcest aura été plutôt discrète.
Major Arcana, un concept original et ésotérique pour une soirée magique sous les ors du Trianon. Une programmation musicale de haut vol, illustrée par un duo brillant qui a su transporter le public.