Mardi 5 juin, il fait gris, il pleut, Marilyn Manson est du côté de Porte de la Villette. Le Réverend fait son grand retour dans la capitale après trois ans d’absence pour défendre son nouvel album “Born Villain” sorti le 30 avril dernier via PIAS. Alors aussi vilain en live qu’en studio Mr Manson ?
La soirée débute à 20h40, soit quarante minutes en retard, avec la première partie : Binary. Dès la première chanson dans la quasi obscurité, une ambiance rock psyché s’impose. Il parait que ces londoniens font du noise. De la traduction littérale “bruit” en français. C’est le cas de le dire au vu du son plutôt saturé provoqué par divers effets de pédales wah-wah et autres à nous détruire les tympans. Le frontman prévient d’entrée de jeu : “Nous sommes de Londres et on est là pour vous tuer.” Visiblement ce n’est pas de la faute des musiciens qui ont “un putain de plaisir à être là ce soir” mais plus un soucis de son qui est à comme à l’accoutumée mauvais pour une première partie. Le chant de David Troster, mêlant voix écorché/voix claire un peu similaire à celle de la tête d’affiche, est en effet noyé sous les instruments. On ne parvient malheureusement pas à discerner les six morceaux du set, à l’exception de quelques uns sans trop d’effets dont le nouveau single “Modern Man”. Dommage. Au bout d’une demi-heure de rock aérien aux relents psychés, les britishs, qui ont au moins le mérite de chauffer l’audience en l’incitant à scander le nom de la tête d’affiche tout au long du set, quittent la scène pour laisser place aux roadies de MM.
Après un long entracte de plus d’une demi-heure, le public du Zenith, très hétéroclite, s’impatiente. 21h30, un rideau recouvrant la scène est installé sous les acclamations. L’excitation est à son comble. De la fumée annonce le début imminent. Enfin ! Le Zenith plonge dans le noir et l’intro qui n’est autre que la B.O du film d’horreur de Dario Argento “Suspiria” (1977), nous envoie directement dans l’univers mansonien tandis que les musiciens apparaissent en ombre chinoise. S’ensuit le morceau introducteur de “Born Villain”, l’efficace “Hey Cruel World…” prolongeant avec brio cette ambiance malsaine sur lequel le rideau tombe et laisse entrevoir un Marilyn Manson entamant les premiers couplets dos au public avant de se retourner et crier le refrain : “Hey Cruel World, you don’t have what it takes!”. Le Réverend is back ! La voix est à la fois puissante et énergique. Soyons clairs : ce n’est certes plus le Manson des débuts, celui qui avait tant choqué le monde entier mais il est très heureux d’être de retour à Paris, “inventeur du “ménage à trois”” et ça se voit ! Cela fait exactement depuis le 21 décembre 2009 que le shock rockeur n’avait pas foulé les planches de cette même salle. Viennent ensuite deux titres de “Holy Wood” (2000), le fédérateur “Disposable Teens” avant “The Love Song” dédié aux parisiens, où il passe un coup de karcher sur le groupe ainsi que sur les premiers rangs de la fosse à l’aide d’un extincteur ! Il s’éclate tellement qu’il avouera avant le nouveau single “No Reflection” muni de son micro-poignard : “J’oublie que je suis sur scène pour un super moment parisien !” On comprendra vite qu’en plus de ses nombreux discours, Manson divertit son public avec toute sorte d’artifices sur chacune des chansons du set, certes moins grandiloquents que par le passé mais toujours aussi efficaces. Par la suite, il enfilera son haut de forme alors que sur la toile de fond est projeté “mOBSCENE” en lettres lumineuses comme dans le clip. Sur scène, Twiggy Ramirez (guitare) et Fred Sablan (basse) se déchainent sur leurs instruments chacun de leur côtés tandis que le nouveau batteur, Jason Sutter, reste plus en retrait. Forcément toute l’attention est portée sur le charismatique chanteur. L’intro de “Coma Black” se fait entendre jusqu’au retour de Manson avec un gilet à paillettes sur les épaules : “Je m’appelle Marilyn Manson et j’aime les drogues !”. On l’aura tous deviné, c’est le moment du “Dope Show” qui sera interprété devant un mur de diodes lumineuses, tout comme sur la reprise de Depeche Mode, “Personal Jesus”. Pour l’occasion, il a même sorti les RayBan et son boa rose flashy. So glamorous! Au fil du concert, la voix s’essouffle et peine à suivre le rythme mais rien que sa présence efface ce qui ne sera en somme qu’un petit détail. Ce n’est pas la forme d’antan mais c’est déjà mieux qu’il y a quelques années. Rien à dire concernant la performance des musiciens qui assurent. “J’ai quelque chose à vous annoncer Paris.”, dit-il avec un casque à paillettes vissé sur la tête. “Quand j’ai perdu ma virginité, ils ont dit que le rock était mort.” avant… “Rock Is Dead” débutant par une pluie de confettis et un élégant “God is in your pussy” dans les paroles. A part montrer son derrière ou mimer une masturbation, les mots sont tout ce qui reste du shock rockeur devenu musicien à son tour en l’espace d’un autre titre de “Born Villain” apprécié par le public. Sur “Pistol Whipped”, il s’improvisera guitariste en jouant quelques riffs avant de balancer la guitare au sol à la fin. Le show regagne d’intensité avec l’enchainement des tubes de la première heure pour le plus grand plaisir des premiers fans, “Tourniquet”, “Irresponsible Hate Anthem” et la reprise qui a révélé Marilyn Manson au grand jour, “Sweet Dreams (Are Made Of This)” de Eurythmics où il éclairera la salle plongée dans l’obscurité avec sa lampe torche.
Après le premier rappel, c’est LE moment que les fans de la première heure attendent depuis si longtemps : l’installation du fameux podium et de trois banderolles avec le logo de “Antichrist Superstar” annonce la couleur. Des battements de coeur résonnent à travers tout le Zenith entamant ce morceau qui n’avait pas été joué lors des deux derniers shows parisiens. Du haut de son pupitre, Manson l’homme politique en costume, se dandine tel un pantin désarticulé en jouant avec les multiples micros qui pendent du podium. Après un second rappel, Marilyn Manson revient maquillé de traits épais sur le visage et d’une moustache presque hitlérienne : “How does it feel to be one of the beautiful people!” lance-t-il avant l’explosif “The Beautiful People”, particulièrement réussi et violent. Il est presque 23h10 et les lumières se rallument alors que les musiciens saluent une dernière fois le public. Mr Manson quant à lui, a déjà disparu dans les backstages sur l’outro “You’re So Vain”, bonus clôturant également son dernier opus.
Malgré quelques problèmes de son, ce fut une courte mais assez bonne performance du Révérend, qui a fait le show rien qu’avec sa présence, ses discours transitoires et autres mimiques qui lui sont propres. Seulement 1h15 de show dont de longues transitions entre les chansons qui sont souvent raccourcies et moins chantées qu’auparavant. D’ailleurs, pour une tournée censée promouvoir “Born Villain”, on aurait aimé entendre davantage de nouveaux titres plutôt qu’un simple best of à la “Lest We Forget” (2004). De plus, c’est un peu court pour quelqu’un qui possède un aussi vaste bagage discographique. Cela n’a pas pour autant dérouté le public qui était en parfaite communion avec leur idôle. Un Manson, qui malgré son âge, est en assez grande forme et qui prend toujours du plaisir à se donner en spectacle avec ses musiciens et qui ira même jusqu’à envoyer de multiples baisers à ses chers et tendres fidèles. Car oui, le provocant Marilyn Manson autoproclamé “Antichrist Superstar”, a laissé place, au fil du temps, à l’humain Brian Warner, l’Entertainer Superstar. De ce fait, ce concert fut rassurant et confirme donc que le comeback de Marilyn Manson n’est pas uniquement “Born Villain” mais aussi ce “Hey Cruel World… Tour”.
Setlist :
Suspiria
Hey Cruel World…
Disposable Teens
The Love Song
No Reflection
mOBSCENE
The Dope Show
Slo-Mo-Tion
Rock Is Dead
Personal Jesus
Pistol Whipped
Tourniquet
Irresponsible Hate Anthem
Sweet Dreams (Are Made Of This)
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Antichrist Superstar
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The Beautiful People
Retrouvez les photos et vidéos du concert sur www.marilynmanson.fr.