Même salle, mêmes acteurs. Pour la troisième fois en l’espace de deux ans et demi, l’Alhambra accueillait ce lundi le ténébreux Mark Lanegan, dans une configuration légèrement différente des dates précédentes : entièrement assis, le public a assisté à un beau concert semi-acoustique où seules les voix et les guitares se sont fait entendre.
Comme en 2013 et en 2015, deux musiciens du groupe de Lanegan, le bassiste Fred Lyenn Jacques et le guitariste Duke Garwood, se sont succédés sur scène en guise de premières parties.
L’honneur d’ouvrir la soirée revient donc à LYENN, qui sait troquer sa basse contre une guitare et pousser sur ses cordes vocales. Le songwriter belge délivre des compositions acoustiques sensibles portées par une belle voix, mais malgré ses efforts, il ne parvient pas à convaincre une audience timide dont les rangs sont encore clairsemés.
DUKE GARWOOD suit de près cette première performance. Pendant trente minutes, l’Anglais nous fait profiter de ses ballades blues qu’il entrecoupe de remerciements envers les spectateurs et la vedette du soir. On lui reconnait des similitudes avec Mark Lanegan, tant vocalement que musicalement. Rien d’étonnant à cela, puisque les deux artistes se sont côtoyés de près à plusieurs reprises, tant sur scène qu’en studio où un album de collaboration intitulé “Black Pudding” avait vu le jour en 2013. Pour ce soir, l’auditoire est encore réservé, mais l’artiste aura su planter le décor avec classe.
A 21h pile, MARK LANEGAN débarque sur les planches accompagné de trois musiciens. Deux guitares, une basse et le chant du crooner suffisent à rendre le cadre feutré de l’Alhambra encore plus intimiste. Comme à son habitude, l’Américain adopte dès le départ sa position favorite pour ne plus la quitter du set, une main agrippant le micro, l’autre en tenant le pied. L’absence de batterie, ou tout du moins de percussions, ne se fait pas tellement ressentir grâce au jeu technique et rythmé du guitariste Jeff Fielder. A lui seul, il ferait presque le show tant par son talent évident que par sa présence sur scène. Lanegan lui-même n’hésitera pas à l’applaudir pour son impressionnant solo sur le titre final “Halo Of Ashes”. Pour ce qui est de la prestation, les promesses sont tenues. Bien calés dans leurs fauteuils, les spectateurs se laissent bercer par cette plongée dans la carrière impressionnante du grand Mark. Les interprétations les plus appréciées de l’assemblée sont celles écrites de la main de Lanegan, comme la nerveuse “Gravedigger’s Song”, ou la superbe “Torn Red Heart”.
Mais les nombreuses reprises à l’honneur sont tout aussi prenantes. Ainsi, la “Pretty Colors”, originellement de Frank Sinatra, n’a rien à envier à cette version entièrement guitaristique portée par la voix profonde de Mark, tout comme la faussement naïve “Mack The Knife” composée par Kurt Weill. Les plus ou moins anciennes collaborations de Lanegan refont également surface : deux morceaux de Screaming Trees, la formation avec laquelle il a fait ses armes, sont joués pour le plus grand bonheur des fans inconditionnels. Et à l’occasion du rappel, le second guitariste Duke Garwood sort de l’ombre dans laquelle il s’est tenu la majeure partie du concert pour interpréter deux chansons envoûtantes tirées de leur répertoire commun.
Au cours de cette petite mais dense heure et demie de set, Mark Lanegan et ses musiciens auront su offrir aux Parisiens un show équilibré et élégant. Si à certains moments on a pu regretter la présence de percussions qui auraient rendu davantage le dynamisme de certaines compositions, le vieux lion sait encore largement tenir la scène, pour le plus grand bonheur de son public.
Setlist :
One Way Street
Creeping Coastline Of Lights
Mirrored
The Gravedigger’s Song
Can’t Catch The Train
Holy Ground
I’ll Take Care Of You
Where The Twain Shall Meet
Torn Red Heart
Judgement Time
Phantasmagoria Blues
One Hundred Days
Mack The Knife
You Only Live Twice
On Jesus’ Program
—-
Driver
Mescalito
I Am The Wolf
Pretty Colors
Bombed
Halo Of Ashes