Fondateur et ex-chanteur des mythiques Screaming Trees, Mark Lanegan est une figure de proue du rock underground américain depuis le milieu des années 1980. De Kurt Cobain (Nirvana) et Layne Staley (Alice In Chains) à Isobel Campbell (Belle & Sebastian) et la nébuleuse Homme (Desert Sessions, Queens of The Stone Age, etc), le parcours de cet artiste désormais solo est ponctué de collaborations prestigieuses. Cela étant, le rockeur à la voix d’outre-tombe se tamponne le coquillard (pour rester poli) de sa potentielle classe, et explore sa propre noirceur, singulière, poétique et blues. Mardi soir, accompagné de son groupe de musiciens belges, Lanegan a présenté son septième album solo dans les studios de Canal+. Nous vous rapportons en avant-première la découverte live de “Blues Funeral”, dont les poèmes doux amers nous ont porté hors du temps.
Précédé de son guitariste solo, de son batteur, de son bassiste et de son claviériste/second guitariste, Mark Lanegan est arrivé sur scène avec son austérité et son flegme habituel, sans un regard vers le public. “Egal à lui même”, diriez-vous, “exactement comme on l’imagine” après avoir entendu le chant suave et rugueux de sa voix de baryton. Le claviériste lance le premier sample, le live démarre. Là, Mark empoigne son micro de la main droite, retient son porte micro de la main gauche, cale son corps raide dans un équilibre précaire, ferme les yeux et nous quitte pendant une demi-heure. L’ironique “Ode To Sad Disco” est une entrée en matière new wave, surprenante. Le son est plus moderne, comme le confirme “Harboview Hospital”, aux accents new yorkais. “Blues Funeral” s’annonce éclectique et fantasmagorique; et pour ce projet, il semble que Lanegan et son producteur et vieil ami Alain Johannes aient choisi de prendre une direction plus pop, proche de ce qui a été réalisé avec Isobel Campbell. Cependant, Lanegan nous fait l’honneur de reprendre “Sleep With Me” extrait de l’EP “Here Comes That Weird Chili” (2003) et de retourner aux sources avec “Crawlspace” des Screaming Trees.
Du côté du public, les épaules remuent et les têtes se secouent sur “Riot In My House”, titre bluesy produit par Josh Homme. Le guitariste au look de gangster russe lance un solo hésitant qui ne fait pas vraiment honneur au talent de composition de L’Homme Fort. De toute évidence, il est aussi parti que le chanteur. En plus de l’invisible rideau qui nous sépare de la scène, la relative absence de Mark et les inquiétantes et étranges ambiances qui habitent ses créations nous donnent l’impression de ne plus exister; mais nous-mêmes, sommes-nous bien là ? L’intro de “Gravedigger’s Song” nous tire de cette torpeur. Après avoir fidèlement joué l’excellent premier single, qui est diffusé via un splendide clip vidéo, le Mark Lanegan Band nous quitte. Le chanteur nous gratifie d’un timide regard et d’un maladroit “Bonne journée”, avant de nous laisser seuls, avec toutes ces émotions et la satisfaction d’avoir vu en action une légende du rock.
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Bien que Lanegan et ses musiciens n’aient point cherché à établir un contact avec le public, les atmosphères complexes issues de l’imaginaire de Lanegan ont tout de même pénétré nos esprits. Elégantes et pesantes, les balades de “Blues Funeral” ont la capacité de plonger leurs auditeurs dans un profond enchantement.
Setlist :
Ode To Sad Disco
Sleep With Me
Riot In My House
Phantasmagoria Blues
Crawlspace
Harborview Hospital
The Gravedigger’s Song
“L’Album De La Semaine” avec Mark Lenagan sera diffusé le samedi 10 mars 2012 à 11H30 en clair sur Canal+. Quant au “Live De La Semaine”, ce dernier sera diffusé le vendredi 16 mars à 22h30 sur Canal+ Décalé.
Crédit photos : ©Daniel Bardou/Canal+
