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MASTODON @ Casino De Paris (13/02/19)

En cette veille de Saint-Valentin où les températures hivernales règnent à la nuit tombée, une importante source de chaleur se propage autour du Casino De Paris où une soirée mémorable est sur le point de se tenir. C’est Noël une fois de plus pour les amateurs de musique endiablée qui viennent assister à la prestation de Mutoid Man, Kvelertak, et Mastodon.

Une heure avant le début des hostilités, les portes s’ouvrent pour que la masse de vestes en jeans couvrant des hoodies à effigie de groupes de stoner ou de heavy metal vienne engouffrer pour y trouver chaleur, merchandising un brin onéreux, et le plus important : de la bière. Une ambiance conviviale s’installe rapidement grâce à la présence des habitués qui remercient le quatuor d’Atlanta pour sa fidélité, ayant un rythme de passage français digne de Dropkick Murphys. Un autre point commun avec la bande South Boston, il est toujours bien accompagné.

La salle n’est pas encore pleine à craquer, mais nombreux sont ceux qui sont présents pour voir le premier groupe à entrer en scène. 19h30 sonne lorsque le trio de MUTOID MAN arrive en trombe pour nous asséner d’entrée de jeu “Melt Your Mind”, un titre phare issu du dernier album fêtant déjà ses deux ans. Pour le side-project du batteur de Converge, on peut applaudir l’assiduité dont les musiciens font preuve, ainsi que la qualité des compositions qui transpire également sur les planches. Penchant vers le metalcore, l’influence heavy metal des premiers albums de Metallica se fait ressentir par les vocalises du chanteur-guitariste Stephen Brodsky, ainsi que par le solo de quatre cordes orchestré par Nick Cageao. Une mise en bouche loin de laisser le public de marbre, entre des morceaux aussi pêchus que “Bridgeburner” et “Gnarcissist”. En attendant le prochain album avec impatience, merci.

Le temps de recharger la bête en roteuses, la salle ne paraît pas désemplir. Bien au contraire, on envoie quelques amis néophytes au bar pour garder un emplacement idéal pour la suite. Car bien que le nom de groupe norvégien soit difficile à prononcer, sa musique est tout ce qu’il y a de plus inoubliable. KVELERTAK a acquis un statut culte au sein de la communauté metal de par ses shows mémorables en première partie de Metallica (encore eux !) et un son d’une rare fraîcheur. Le riff d’introduction de “Åpenbaring” emplit le Casino lorsque surgit le clou de cette formation qui dévoile son nouveau chanteur, Ivar Nikolaisen. Ce dernier prouve en une dizaine de titres qu’il a la voix et l’étoffe d’un frontman. Rien ne nous sera épargné, nous sommes en pleine zone de chaos contrôlée où Ivar aime à prendre ses bains de foule tandis que le reste du sextette secoue la tête frénétiquement en envoyant du rock n’roll passé au papier de verre. Quand la dernière note reste en suspens, on comprend que les Norvégiens viennent de faire un travail de tête d’affiche, et non de première partie. Chapeau bas messieurs !

Le schéma de l’interlude incluant la course à la mousseuse se répète, et c’est aux alentours de 21h20 que la salle se retrouve dans la pénombre tandis que “Singin’ In The Rain” sert d’introduction. Humour décalé digne du Mastodon qui passe de Gene Kelly à “Iron Tusk”, ce qui provoque une incroyable frénésie. L’acoustique de la salle parisienne est tout à l’honneur de la pluie de distorsion qui s’abat sur nous, tout autant magnifiée par une mise en scène sobre et efficace constitués d’écrans en piliers qui passe des illustrations autour de la mythologie des morceaux joués.

La prestation de ce soir est avant tout sous le signe de la générosité. En une vingtaine de chansons, MASTODON choisit de ne pas uniquement jouer la carte des succès, mais va alors inviter l’audience à rentrer dans l’univers de la formation avec des extraits de ses sept albums, la part du lion revenant à “Leviathan” (2004). Un jeu d’ambiance énergique qui tend presque vers l’hypnose tant il est maîtrisé et exécuté par des musiciens en symbiose. Aucun temps mort n’est toléré, comme les riffs aiguisés de Bill Kelliher et Brent Hinds nous le suggèrent. Troy Sanders assène des lignes de basse tout en donnant de la voix sans broncher, sans parler de la virtuosité de Brann Dailor derrière les fûts. Un concert rondement mené qui vaut son pesant de bois et de bonnes surprises.

Avant de nous quitter sur l’incontournable “Blood And Thunder”, Troy nous dévoile l’enregistrement d’un nouvel album tout en espérant nous revoir nombreux l’année prochaine. Une fois la chanson finie, Brann prend le temps de remercier les deux autres groupes ainsi que l’auditoire entre deux traits d’humour pince-sans-rire.

Il est maintenant temps de rentrer dans ses pénates, le froid calmant légèrement les maux de nuque qui commencent à faire leur apparition. Ce fut une soirée de tous les diables, une bénédiction en ce début d’année 2019 que nous espérons riche en concert de cet acabit.

Mastodon Setlist Casino de Paris, Paris, France 2019, 2019 UK & Europe Tour