Il aura fallu quasiment deux ans et un nouvel album pour que le quintette américain Mayday Parade daigne revenir dans notre capitale. Actif depuis maintenant dix ans, les musiciens n’ont rien lâché depuis leur début et continuent de se renouveler du mieux qu’ils le peuvent, comme le montre “Black Lines”, leur sombre et intriguant cinquième album paru fin de l’année dernière via Fearless Records. Une nouvelle facette de la personnalité du groupe emo que l’on se devait de découvrir sur scène pour mieux comprendre ce registre et vérifier si l’engouement des années précédentes est toujours d’actualité. Surtout que, pour l’occasion, la bande de Derek Sanders n’est pas venue seule puisque sont également de la partie Have Mercy et Beautiful Bodies.
Premiers à passer, le trio BEAUTIFUL BODIES ouvre le bal sous de timides acclamations. Accompagnée par deux autres musiciens en live, il est vrai que la troupe de Kansas City n’est que peu connue sur notre territoire, bien que liée au label indépendant Epitaph Records. Sans se démonter à l’occasion de leur premier concert parisien, les Américains proposent un set alternatif rock carré et divertissant, piochant des mélodies de leur premier album “Battles” sorti l’année dernière. Il faut dire que le guitariste Thomas Becker (ex-The Get Up Kids) a l’art et la manière d’attirer l’attention en se baladant, instrument à la main, dans la fosse afin d’écouter le rendu live de sa formation, tout en discutant avec certaines personnes présentes. Mais la vedette de ces trente minutes est surtout la charismatique chanteuse Alicia Solombrino qui, de par ses drôles pas de danse et une joie communicative, engendre des applaudissements conséquents de la part de la fosse, en particulier lors de la reprise du fameux “I Love You All The Time” d’Eagle Of Death Metal. Finalement, le set se finit en apothéose, avec un Becker, cymbale à la main, une nouvelle fois en dehors de la scène et le reste du groupe le sourire aux lèvres. Ils repasseront, c’est certain !
“C’est bon ? On peut commencer”. C’est sur ces paroles assez surréalistes que se démarre le concert de HAVE MERCY, après un traditionnel signe d’encouragement. Quatuor américain, ce dernier nuance la soirée avec un set indie rock progressif mettant en avant la voix criée du chanteur-guitariste Brian Swindle. Beaucoup plus en retrait physiquement que la troupe précédente, l’heure est à l’émotion, notamment lors du single “Two Years”, connu de certains fans dans la salle. Qui dit en retrait ne dit pas automatiquement sans humour, car durant une majeure partie du concert, les musiciens n’hésitent pas à annoncer, non sans rire, que leur merch est très peu cher et que des T-shirts sont même gratuits. De manière générale, le groupe alterne sans difficulté entre ses deux disques, “The Earth Pushed Back” (2013) et “A Place Of Our Own” (2014), et défend, avec talent, sa place avec des chansons sans prétention, à l’instar de “Let’s Talk About Your Hair”. Un style touchant et une atmosphère prenante, voilà ce qu’il faudra principalement retenir du jeu des Américains. Petite info, il semblerait même qu’Have Mercy sortira un nouvel album cet été… mais chut !
Enfin, c’est sur une intro instrumentale que débute le clou du spectacle. Très actif dès les premières notes de “One Of Them Will Destroy The Other”, issu de “Black Lines”, MAYDAY PARADE n’a que peu perdu de sa présence scénique, malgré des sonorités ayant quelque peu évoluées. Venue défendre dans la capitale son nouvel album fraîchement sorti, la bande de Derek Sanders apparaît plus soudée que jamais pour le coup sur le titre d’ouverture. L’argument est également valable pour les anciens morceaux, à l’instar de “Jamie All Over”, repris sans retenue par le public. Hyperactif sur les bords, le frontman n’hésite pas à faire des aller-retours entre Jake Bundrick – son batteur-chanteur – et le premier rang, bracelets en évidence. Pour ce qui est du lien avec les fans, les Américains favorisent la communication non verbale – les sourires, les regards – afin de se rapprocher au plus d’eux, sans tomber dans la soupe habituelle.
“Retournons dix ans en arrière” annonce le chanteur en milieu de set, avant d’interpréter “Three Cheers For Five Years”, extrait du premier EP “Tales Told By Dead Friends” paru exactement en 2006. Une courte attention qui fait son effet et qui démontre avec brio l’attachement de la formation avec son passé. Car, contrairement à beaucoup d’autres, Mayday Parade ne met pas uniquement en avant des chansons de son nouvel album ainsi que d’anciens singles. Ce soir, pas de “Ghosts” ni de “When I Get Home You’re So Dead”, mais bien des “Black Cat” et “Terrible Things”, de petits changements faisant la différence. Ceci dit, en trois ans, le set n’a pas énormément évolué, comparé à celui proposé au Batofar, si ce n’est le final reprenant désormais les incontournables “Kids In Love” et “Jersey”. On y retrouve, sans surprise, le passage au piano, celui avec la guitare acoustique. En bref, ce que le combo a l’habitude de proposer, fort heureusement bien joué au Backstage By The Mill.
Mayday Parade évolue et change. “Black Lines” est peut être la première étape vers une nouvelle personnalité plus mature et adulte de la formation, qui se dévoue corps et âme à rendre chaque soirée inoubliable et différente. Ce fût le cas ce mercredi soir, malgré une absence de prise de risque.
Setlist :
One Of Them Will Destroy The Other
Jamie All Over
When You See My Friends
Keep in Mind, Transmogrification Is A New Technology
Three Cheers For Five Years
Hollow
Letting Go
Terrible Things
Oh Well, Oh Well
Let’s Be Honest
Black Cat
Stay
Miserable At Best
—-
Kids In Love
Jersey