Comme le veut la coutume à l’Asylum, qui organise presque tous les jours des soirées club, le concert de ce lundi commence à 18h.
Il semblerait une fois de plus que ce soit trop tôt pour le public de Birmingham, qui boude ce début de soirée : il y a, à tout casser, une centaine de personnes présentes pour LIKE MOTHS TO FLAMES. C’est un peu dommage, car le groupe assure un set très carré… bien que peu chaleureux. La troupe ne s’adresse pas à l’assemblée, le show est calculé au millimètre près, et ça ne vient pas particulièrement chercher la petite foule à ses pieds. Les portes ouvertes attendent toujours l’arrivée d’éventuels fans, et les courants d’air qui en proviennent achèvent de donner le ton : il fait froid, là.
C’est heureusement sans compter sur la seconde formation de cette soirée : les trois headliners de cette tournée changeant leur ordre de passage chaque jour, c’est à THE DEVIL WEARS PRADA qu’incombe la difficile tâche de mettre un peu d’ambiance dans la salle. Qu’à cela ne tienne, son énergique frontman Mike Hranica n’étant pas du genre impressionnable, il délivre un show digne d’un stade sold out. Quant aux musiciens, ils sont justes et d’une précision redoutable du début à la fin : le groupe nous assène donc un set d’une dizaine de titres avec la brutalité qu’on attendait d’eux, et à laquelle personne ne peut résister. Même l’audience molle de ce soir est bien obligée de mosher avec Hranica lorsque celui-ci décide de prendre les choses en main et descend dans la fosse pour entraîner tout le monde dans un circle pit.
Il est maintenant 19h30 passé et la salle s’est progressivement remplie pendant The Devil Wears Prada; il est temps d’accueillir SILVERSTEIN pour un set plein de nostalgie ! L’auditoire de ce soir est visiblement plus âgé que celui auquel Birmingham nous a habitué; toutes les chansons sont reprises en choeur… mais personne ne danse. Alors que sur scène, bien qu’on puisse déceler une pointe de sarcasme dans les remarques légèrement désabusées de Shane Told (“on va mettre fin à vos souffrances tout de suite et passer aux vieux singles !”), la bande a l’air de s’en donner à coeur joie : les musiciens courent dans tous les sens, font des grimaces, et s’amusent à placer leur médiators sur les cymbales du batteur pour ensuite les attraper au vol quand il joue. Pas de doute, Silverstein est en grande forme ce soir, et on l’espère pour encore longtemps !
Le clou du spectacle sera MEMPHIS MAY FIRE. Toujours juste, souriant, c’est un Matty Mullins en feu qui motive les troupes. Et il fallait au moins ça pour réveiller Birmingham; enfin, on peut voir un peu de mouvement dans la foule, qui semble maintenant conséquente et proche de celle d’un concert sold out. Si les musiciens sont techniquement parfaits aussi, c’est définitivement le frontman qui gère la performance d’un bout à l’autre et enthousiasme. Jamais à court d’anecdotes, il nous apprend qu’il a rasé les cheveux du guitariste Anthony Sepe la veille à Glasgow “parce qu’il ne pouvait plus continuer à être le seul membre du groupe avec les cheveux longs”. L’intéressé, un sourire laissant vaguement présager une revanche aux lèvres, porte une casquette et se garde de commenter.
Avec Memphis comme avec Silverstein, force est de constater que ce sont les anciens morceaux qui rencontrent le plus de succès, notamment “The Sinner” qui provoque finalement un vrai mosh pit, et renforce l’impression que les fans qui ont finalement pointé le bout de leur nez sont des nostalgiques d’une autre époque. Matty a l’air de penser la même chose, et de s’en moquer complètement : d’après lui, même quand il n’y aura plus que deux personnes pour venir à leurs shows, ils continueront à jouer en Angleterre parce que les kebabs d’ici sont beaucoup mieux que ceux des Etats-Unis. Un deal qui convient apparemment à plus de deux personnes dans la salle !
Pas de grosse déception venant des groupes donc, mais le public aux abonnés absents (physiquement et mentalement) leur a rendu la tâche plus difficile qu’à l’accoutumée. Une tendance inquiétante déjà remarquée au show de Paris, qui donne envie de dire “c’était mieux avant !” même lorsque les formations assurent.