Annoncé comme l’événement de l’année, la tournée anniversaire du célèbre “Black Album” des Four Horsemen paru en 1991 pointe le bout de son nez en France à Paris. L’événement est dit complet, avec tout ce qui l’accompagne (remise en vente de places, marché noir, etc) et suscite beaucoup d’impatience pour les dizaines de milliers de fans français et étrangers ! Le “Black Album”, est l’un des albums les plus vendus au monde, déjà plus de trente millions d’exemplaires, et celui-ci donna une envergure supplémentaire à Metallica durant les années 90. Succédant à la tournée du “Big Four” (du thrash metal, en compagnie de Slayer, Megadeth et Anthrax) qui a eu lieu l’été dernier, quel sera le show proposé par la bande à Hetfield, afin de célébrer le vingtième anniversaire de cet opus, habituée des grosses prestations tant musicales que scéniques ? La réponse à partir de 21 heures en banlieue parisienne !
Comme tout concert se déroulant au Stade de France, se rendre aux abords de l’enceinte se révèle être une fête avant l’heure. Outre les multiples stands de nourritures et les divers bars entourant le jardin de l’Equipe de France de football, la musique de Metallica résonne déjà à travers les allées entourant le stade. L’ouverture des portes prévue à 17h30, à moins de vouloir être absolument à la barrière du carré or ou de la fosse “normale”, l’arrivée au Stade pouvait se faire sur le tard. Quoiqu’il en soit, les abords du Stade était noir de monde ce qui présageait une soirée inoubliable. La fosse était partagée en deux, et dans ce fameux carré or, une petite zone dite “Snake Pit”, en référence au même système utilisé auparavant, les heureux élus étaient au plus près de la scène; il fallait bien évidemment faire partie du Metclub pour y prétendre. Niveau installation, on notera les habituels écrans géants qui font office de décors ainsi qu’une passerelle installée derrière la batterie de Lars.
Annoncé depuis de nombreux mois maintenant, le premier groupe à se lancer à l’assaut du Stade de France est Gojira. Groupe français associant du death et du thrash metal progressif, qui est à l’heure actuelle plus grand combo français de metal, reconnu internationalement. Cette soirée ne marque pas leur première représentation en première partie de Metallica, ils ont eu l’occasion de jouer à leurs côtés à de nombreuses reprises. Mené par les frères Duplantier, c’est vers 19h que le quatuor prend place sur l’immense scène. Malheureusement, malgré une prestation attendue par les fans et l’énergie déployée par nos frenchies, leur passage s’annonce finalement comme une légère déception. D’une, le stade n’était pas plein, ce qui était logique, ensuite le public présent n’a pas tellement joué leur jeu; trop impatient à l’idée de voir Metallica; puis un set de trente minutes ne suffit absolument pas pour se plonger dans l’univers si spécial de Gojira, qui plus est en plein jour. De plus le public de Metallica n’est pas forcément un public pour Gojira bien que l’inverse soit plus que possible. Malgré tout, Gojira reste le groupe de metal français le plus coté du moment et leur prochain album “L’Enfant Sauvage”, à paraître le 25 juin, annonce une grosse réussite. Il sera préférable de les voir en salle où l’ambiance sera plus intimiste.
Seconde étape avant les Four Horsemen, le passage tout à fait inattendu du groupe The Kills. Alors non, ce n’est pas parce qu’il a le mot “kill” dans leur nom de scène que le groupe pratique du metal. En fait, ce duo délivre une sorte de garage rock, et il faut bien l’avouer que le succès les entoure. Cependant, quelle idée de caser un groupe de cet acabit entre Gojira, figure locale, et Metallica ? La principale interrogation venant de la part des fans est “pourquoi ?”, et ce qui devait arriver… arriva. The Kills jouera 40 minutes, 40 longues minutes, très longues pour quasi tout le monde. La critique de leur musique est une chose et peut prêter au débat, cependant leur programmation fut dès le début une mission suicide. Tout le monde est conscient que le public de Metallica n’attends que Metallica, déjà que Gojira n’a pas eu les félicitations espérées (en raison des conditions), quid de The Kills ? Passons sur ce détail et revenons-en à leur prestation. Accompagné de six grosses percussions, l’essentiel de leur musique s’effectue via le guitariste Jamie Hince et Alison Mosshart au chant. Les notes se suivent et la difficulté de distinguer les diverses structures s’accentuent de minute en minute. Le public s’impatiente et le fait savoir de manière peu élégante (fallait s’y attendre…) et c’est sur le titre “Fuck The People” que ces braves gens quittent la scène, d’abord sous les huées puis aussitôt parti, l’audience se félicite de leur départ. Triste sort que fut le leur, car même si leur musique est peu appréciable pour certains, il faut également montrer preuve de respect vis-à-vis de n’importe quel musicien.
A peine le set de The Kills terminé, la machine de guerre se met en marche. Pas moins d’une dizaine de techniciens s’activent pour placer les multiples micros, installer la batterie de Lars Ulrich et effectuer les dernières vérifications techniques, tout cela coordonné avec les deux régies installées sur les flancs de la pelouse or. S’en suit une succession de titres légendaires dans le stade, AC/DC, Dio, Ozzy Osbourne etc. jusqu’au moment tant attendu : “The Ecstasy Of Gold” s’affiche tel un petit clip sur les écrans latéraux et résonne enfin dans l’ensemble du Stade de France, et tout fan connaissant Metallica sait pertinemment à ce moment-là que le début du show est imminent. Le concert débute cash avec “Hit The Lights” qui embrase littéralement le stade tout entier et logiquement les différents pits bougent enfin ! Public ravi, après ce bon commencent, nos quatre gus balancent “Master Of Puppets” d’entrée de jeu et surprennent tout le monde. Une position si avancée dans la setlist parait étrange au premier abord, mais justement, ils jouent clairement sur la surprise et cela marche extrêmement bien. Suite à “Master Of Puppets”, Metallica enchainera encore trois titres dont “For Whom The Bells Tolls” qui marquera le public de son empreinte.
Passé ces cinq titres, le groupe se retire et les trois écrans diffusent une vidéo retraçant l’histoire entourant le fameux “Black Album”, alliant images studios avec flash news d’époque; l’engouement autour de ce disque fut si énorme que les stocks remis aux diverses distributeurs furent très rapidement à sec. Ce clip démontre à nouveau l’ampleur qu’a eue cet opus vis-à-vis des premiers fans de Metallica et de ceux qui ont connu le groupe grâce à celui-ci. Suite à cette petite pause, James Hetfiled (chant/guitare), Kirk Hammett (guitare), Robert Trujillo (basse) et Lars Ulrich (batterie) reviennent sur scène et débutent l’intégralité du “Black Album” par “The Struggle Within”. Forcement quelque chose apparait comme étrange, l’album qui va être joué en intégralité débute par sa fin ! Puis, après réflexion, quoi de mieux que de le redécouvrir d’une autre façon; en effet, au lieu de balancer l’album de A à Z, dans l’ordre, Metallica innove un peu et surprend tout le monde. De ce fait, écouter et vivre le “Black Album” d’une façon peu commune permet une expérience unique qui n’installe pas les fans en mode automatique si “Enter Sandman” était joué tout de suite. Les titres s’enchainent sans réelle pause, les écrans retransmettent la performance, parfois agrémentés d’effets visuels très appréciable. Le quatuor est très mobile sur scène que ce soit sur sa longueur ou sur la petite avancée; les divers micros placés y sont donc pour beaucoup; en n’installant pas des points de fixation précis, cette mobilité contribue fortement à l’intensité du show et à son dynamisme. Puis au beau milieu de ce show vint, à en croire les milliers d’appareils photos sortis, le tant attendu “Nothing Else Matters”. Souvent décrié par les fans pur et dur, cette ballade se révèle être une des chansons les plus “bankables” de Metallica, si ce n’est LA chanson la plus “bankable”. Alors oui, ce morceau est plaisant mais elle a le don pour énerver les fans de la première heure car certains se proclament “metalhead” ou bien fan de Metallica, car “Nothing Else Matters” est “super stylée” *sic*; l’éternel débat entourant ce titre. Suite à cela, Metallica attaque donc la seconde moitié du set et le plus gros arrive et va littéralement souffler sur le Stade de France, telle une onde de choc. L’enchainement de “Wherever I May Roam”, “The Unforgiven”, “Holier Than Thou” mais surtout de “Sad But True” et de “Enter Sandman” vont mettre à feu le public parisien. Il faut dire que ces deux derniers titres sont connus de tous et James dirige alors une chorale de plus de 70 000 personnes ! Résultat des courses, le “Black Album” conquit St-Denis et la horde des fans présents ce soir-là. Cependant le concert n’est pas encore arrivé à son terme et réserve sans doute de belles surprises. A peine le temps d’un petit break que les rappels débutent avec “Battery”; une nouvelle fois les deux fosses exultent et dégagent une impressionnante énergie. Puis vint le tour de “One”, qui verra l’utilisation de nombreux moyens pyrotechniques, sonores ainsi que de multiples lasers qui vont rythmer la totalité de ce morceau tant apprécié; à tel point que l’odeur des diverses explosions traversera le stade d’un bout à l’autre. Pour en revenir aux lasers, les effets utilisés ont un rendu exceptionnel, bien évidemment le spectacle offert par ceux-ci sont mieux observable des tribunes, mais peu de groupes metal en utilisent autant sur scène; d’où le statut qu’à Metallica, bien que les derniers efforts studios ne sont pas franchement excellents. Finalement, comme le veut la coutume, le concert finira sur un mémorable “Seek & Destroy” où tout le stade, reprenant l’intégralité des couplets, sera éclairé à la demande du frontman, afin de voir chacune des personnes venues ce soir. Et comme d’habitude, les ballons gonflables estampillées “Metallica” font leur apparition et traversent le carré or, puis le groupe prendra le temps de distribuer médiators et baguettes, de serrer les quelques mains des heureux gagnants ayant passé le concert dans le fameux “Snake Pit” et poser avec des drapeaux tricolores, récupérés auprès des fans, pour la dernière photo marquant ainsi cette date au Stade de France comme le plus grand concert de Metallica en France, en terme d’affluence.
Malgré les prestations mitigées de Gojira et surtout celle de The Kills, comme prévu, Metallica nous a démontré ce qu’il sait faire le mieux, à savoir le live et modifier à sa guise sa setlist. Le Stade de France était bien rempli et cette soirée fut un réel succès. Il est évident qu’un concert en stade est différent d’un concert en salle mais sur le show lui-même, rien à reprocher. Espérons tout de même que le groupe se concentrera sur le successeur de “Death Magnetic” (2008) afin de délivrer un excellent album. Quoiqu’il en soit, cette tournée continue de la plus belle de manière et ce n’est que début juin que Metallica quittera l’Europe.
Setlist :
The Ecstasy Of Gold
—-
Hit The Lights
Master Of Puppets
No Remorse
For Whom The Bell Tolls
Hell And Back
The Struggle Within
My Friend Of Misery
The God That Failed
Of Wolf And Man
Nothing Else Matters
Through The Never
Don’t Tread On Me
Wherever I May Roam
The Unforgiven
Holier Than Thou
Sad But True
Enter Sandman
—-
Battery
One
Seek & Destroy