En pleine tournée promotionnelle pour leur nouvel album, sobrement intitulé “How I Learned To Stop Giving A Shit And Love Mindless Self Indulgence”, les MSI ne pouvaient manquer de faire un arrêt dans l’Hexagone, un peu plus d’un an après leur très bonne prestation au Bataclan. Cette fois, c’était au Trabendo qu’il fallait être pour un nouveau show électro punk déjanté. Un rendez-vous à ne manquer sous aucun prétexte !
Quoi de mieux pour se mettre en condition qu’une première partie au moins aussi délirante que la bande de Jimmy Urine, encore que dans un registre très différent. Qualifiant eux-mêmes leur musique de “orchestral art rock”, les cinq complices de THE RED PAINTINGS faisaient ce soir découvrir au public français leur univers mystique, onirique et, disons-le franchement, complètement bizarroïde. Ces australiens, menés par le surprenant Trash McSweeney, s’amusent en effet à faire de la scène un espace de spectacle total, en mêlant leur performance à une démonstration de peinture, pour une représentation aussi visuelle que vivante. Pour bien se représenter la scène, il faut s’imaginer cinq musiciens parés de costumes japonisants complétés d’accessoires loufoques, aux côtés desquels s’activent deux artistes portant des masques d’aliens, l’un usant de ses pinceaux sur une toile, l’autre sur le torse d’un huitième acolyte, simplement là pour faire de la figuration et, accessoirement, créer un certain malaise avec son masque cornu digne du “Labyrinthe De Pan”. Le groupe présentera ce soir huit morceaux au caractère expérimental, relevés d’une dimension épique grâce à la vélocité et à la férocité apportée par le violon et le violoncelle, maniés avec talent par deux demoiselles déguisées en geishas. On relèvera notamment une interprétation très personnelle du classique “Mad World” de Gary Jules. Et si le public se montrera d’abord plutôt interloqué, l’originalité de la formation finira par convaincre, nombre de personnes s’agitant avec enthousiasme vers la fin du set, aux alentours de 20h30.
Une petite demi-heure plus tard, le moment est enfin venu de saluer l’entrée en scène des quatre hurluberlus de MINDLESS SELF INDULGENCE, pour un démarrage sur les chapeaux de roues avec le fracassant “Witness”. C’est un Jimmy teint en blond peroxydé que l’on retrouve ce soir, toujours aussi survolté et usant en abondance de son humour corrosif entre les morceaux, qui s’enchaînent par ailleurs à un rythme hallucinant. Avec l’électrisant “Shut Me Up”, la foule, qui avait déjà commencé à bien remuer, se lâche complètement et le crowdsurfing peut commencer. Difficile de citer quelques titres plus marquants que d’autres tant le set de la formation regorge de tubes, parmi lesquels “Stupid MF”, “Issues”, “Never Wanted To Dance” ou encore “Prescription”, mais le nouvel album est bien sûr à l’honneur avec les déjà cultes “It Gets Worse”, “You’re No Fun Anymore Mark Trezona”, “Fuck Machine”, “Ass Backwards” et “Ala Mode”. De quoi transformer la salle en un véritable dancefloor, que le leader viendra arpenter lui-même en jouant avec le public pendant “Issues”. Il n’y a pas un moment où l’ambiance retombe, même lorsque Lyn-Z, Kitty et Steve, Righ ? quittent momentanément la scène, laissant seul le frontman prétendre une conversation téléphonique avec l’Angleterre, quitte à en profiter pour casser un peu de sucre sur le dos des français, avant de lancer a cappella le fameux “Bring The Pain” de Method Man. Parmi les autres moments marquants de la soirée, on pourra mentionner la tentative de parodie des films de genre français sur “Ala Mode”, Jimmy se peinturlurant le visage comme pour une opération de chirurgie esthétique avant “Planet Of The Apes”, mais aussi la montée sur scène d’un spectateur venu habillé et coiffé à la manière du chanteur, invité par ce dernier à participer à l’explosif “Faggot”. C’est “Bitches” qui vient clore le set des américains, qui quittent la scène rapidement sous les applaudissements et les hourras de l’audience.
Mais, succès oblige, on ne tarde pas à entendre de nouveau la voix de Jimmy, qui continue de faire le show même depuis les coulisses. Et c’est seulement après un inévitable “Frère Jacques” lancé par celui-ci et repris unanimement par la foule que le groupe fait son retour pour un ultime et toujours jouissif “Straight To Video”. Alors que la bande s’éclipse cette fois-ci pour de bon à près de 22h30, le leader traîne toutefois encore un peu sur scène, juste le temps de reprendre en playback une chanson de Vera Lynn, “We’ll Meet Again”, jolie manière de nous faire comprendre que le groupe n’en a pas fini avec nous.
Avec un nouvel album aussi ravageur que les précédents “If” et “You’ll Rebel To Anything”, nous avions vraiment hâte d’en voir les morceaux joués sur scène, connaissant bien l’énergie monstrueuse déployée à chaque fois par les MSI. Comme prévu, nous n’aurons pas été déçus, et c’est la tête encore pleine des chansons du groupe que nous passerons les trois jours suivants.
Setlist :
Witness
Shut Me Up
It Gets Worse
Stupid MF
You’re No Fun Anymore Mark Trezona
1989
Issues
Fuck Machine
Never Wanted To Dance
Prescription
Bring The Pain
Ass Backwards
Evening Wear
Tornado
Ala Mode
Dicks Are For My Friends
Planet Of The Apes
Faggot
On It
Bitches
—-
Straight To Video
We’ll Meet Again