La symphonie des dermographes a raisonné une dernière fois en ce beau dimanche 8 mars à la Grande Halle De La Villette. Aujourd’hui, point de concerts mais un DJ set éclectique électro/rock/hip hop assuré tout au long de la journée par Fred Quota. Dès l’ouverture, le public est de nouveau au rendez-vous et s’amoncelle en une longue file devant la salle. Il fallait prendre son mal en patience pour entrer dans l’antre des maîtres tatoueurs.
Dès 14h, la foule s’est réunie devant la scène principale pour le premier concours de la journée : le “Best Back Piece” ou “Body Suit”. 14h30, Pascal Tourain, le maître de cérémonie, entre en scène. Comme à son habitude il ne porte qu’un bermuda et un nœud papillon. Nous pouvons admirer les nombreux dessins qui ornent son corps (d’ailleurs, il n’hésitera pas à faire un peu de pub pour son spectacle “L’homme Tatoué” qu’il joue encore à la Cantada). Après la présentation du jury, les vingt-huit candidats feront un premier passage rapide. Ils défileront ensuite un par un pendant plus d’une heure. On a beaucoup d’hommes dans cette catégorie. Les femmes seraient donc plus réticentes à faire de grandes pièces ? Certains sont très peu vêtus voire carrément nus et défilent tranquillement cachant leur sexe avec leurs mains. Heureusement qu’il fait très chaud dans la Halle. Les dessins plutôt japonisant (dragon, samouraï, carpe et autre geisha) sont à l’honneur. Pour déterminer le gagnant, le jury doit donner deux notes : une technique (pour la qualité du piquage) et une note artistique (tout ce qui est rendu, volume, dynamisme sur le corps). Pascal, très à l’aise, nous gratifiera de quelques blagues et jeux de mots sous l’œil amusé de Tin-Tin venu assister au bon déroulement du concours et aider le jury. 16h, C’est le célèbre artiste tatoueur japonais, Shige, qui se verra remettre le premier prix pour un magnifique dos coloré. Le tatoué est très heureux et fier de porter l’œuvre de ce maître piqueur.
En attendant le deuxième concours, la foule s’est promenée à travers les stands afin d’admirer le travail des artistes tatoueurs. Certains sont considérés comme de vraies rock stars et c’est un honneur de les voir œuvrer. Le public vient de tous les horizons et de tous les pays pour les admirer, se faire encrer, ou tout simplement discuter d’un projet de dessin. La fatigue de fait déjà sentir. Épuisés par ces trois jours intensifs, certains ont déjà quitté les lieux, d’autres profitent de ne plus avoir de candidat au piquage pour une petite sieste sur leur table. Traverser la halle ne s’est pas avéré chose aisée tellement la foule était dense mais rien de comparable avec les éditions précédentes. Il faudrait veiller à ne pas trop dépasser la jauge autorisée pour que la manifestation reste agréable. La chaleur aura raison de certains et c’est l’occasion rêvée pour eux de se dévêtir afin d’exposer leurs plus beaux apparats de peau. Petit passage au stand Fender, pour entendre deux musiciens reprendre en guitare/voix “Smells Like Teen Spirit” de Nirvana en version bossa. Plutôt réussi.
17h30 pointe le bout de son nez et le “Best Of Day” va être remis. Pascal de nouveau sur scène avec sa gouaille et son charisme rassemble la foule. Le jury prend place et c’est trente-sept tatoués qui vont défiler devant eux pendant plus d’une heure. Ils vont devoir élire les trois meilleurs tatouages réalisés sur les trois jours de la convention. Il y a de tout : un portait de Spoke sur une cheville, un Frankenstein sur la cuisse, Angus Young (AC/DC) sur une jambe, quelques squelettes, des dragons, un chat tuant un pigeon, Woody de “Toy Story”, une bouteille de Jack Daniel’s etc. Le choix s’avère très difficile. Le jury hésitera longuement avant de désigner le gagnant : Mathias Bugo (Artribal Tatouages, France) pour un magnifique samouraï réalisé en noir sur un dos en quinze heures. Comme tous les gagnants du week-end, il se verra remette un impressionnant trophée réalisé par l’orfèvre Simone El Rana. Il est presque 19h quand s’achève la remise de ces prix. Le temps des remerciements et des au revoir est arrivé. Le bruit des dermographes s’amenuise et laisse place à celui du rangement.
Bilan : sur l’ensemble des 6, 7 et 8 mars 2015, ce sont 30 000 personnes (contre plus de 25 000 l’an dernier) qui se sont rassemblés à la Grande Halle De La Villette autour de leur passion commune pour le tatouage. Aujourd’hui, cet art ancestral, longtemps considéré comme “underground”, s’est davantage démocratisé au vu du succès de cette édition 2015 du Mondial Du Tatouage. Rien à redire sur cette convention, qui a pris ses quartiers sur l’ensemble de la Grande Halle, qui a, de ce fait, amélioré l’aménagement de ses allées, désormais plus espacées comparés aux précédentes éditions, permettant ainsi une meilleure et agréable circulation pour les visiteurs. Devenu un rendez-vous incontournable des aficionados du tattoo, ces derniers devront attendre 365 jours avant la prochaine convention.