Ce samedi, l’Olympia de Paris s’est transformé en temple du metalcore avec une affiche de choix : Motionless In White en headliner précédés par les brutaux Brand Of Sacrifice et Fit For A King. Une soirée placée sous le signe de la puissance sonore, des ambiances travaillées et d’un public survolté.
Une bonne dose de brutalité
Dès l’entrée en scène de BRAND OF SACRIFICE, le contraste est frappant. L’Olympia, qui vibrait encore sur le thème de Pokémon diffusé en guise d’introduction, plonge soudain dans une ambiance bien plus pesante. Originaire de Toronto, le groupe s’inspire largement du manga Berserk, et cela se ressent autant dans son imagerie que dans sa musique ultra-agressive. Dès le premier titre, “Dawn”, le ton est donné : c’est massif, chaotique et sans concession.
Avec “Demon King”, la fosse explose, transformant la salle en un maelström de headbangs et de slams. La brutalité est au rendez-vous, même si une certaine répétitivité se fait sentir dans les compositions. Seul bémol, l’intégration des chœurs et voix claires sur “Altered Eyes” est mal maîtrisée et vient casser la dynamique du set. Heureusement, les morceaux suivants remettent une couche d’intensité avec “Exodus” et “Blinded”, achevant de convaincre ceux qui ne connaissaient pas encore la formation. Un premier acte aussi brutal qu’efficace.
Une montée en puissance progressive
Le deuxième tour de chauffe est assuré par FIT FOR A KING, formation américaine de metalcore chrétien. Moins agressif que son prédécesseur, le groupe mise d’abord sur une approche plus deathcore, avec des morceaux lourds et une exécution irréprochable. Pourtant, cette première partie du set peine à marquer les esprits. Heureusement, la dynamique évolue progressivement. les titres avec des passages mélodiques et des refrains en chant clair apportent un relief bienvenu. A noter que les morceaux issus de l’album Dark Skies fonctionnent particulièrement bien.
“When Everything Means Nothing” et “God Of Fire” font clairement monter l’ambiance, le public se montrant de plus en plus réceptif. Le chanteur Ryan Kirby, très communicatif, n’hésite pas à interagir avec l’audience, donnant un peu plus de chaleur à la prestation. Malgré un set propre et maîtrisé, Fit For A King manque toutefois d’un petit quelque chose pour véritablement marquer les esprits. Un bon échauffement néanmoins avant la tête d’affiche tant attendue.
Un groupe en petite forme, des fans captivés
MOTIONLESS IN WHITE fête ses 20 ans d’existence cette année. Le groupe, malade ces derniers jours, avait dû annuler plusieurs dates, c’est donc avec une certaine fébrilité que le public les accueille sur scène. Le show s’ouvre sur “Meltdown”, titre efficace avec une mise en scène bien travaillée. Le son est très brouillon, il est même difficile de distinguer les instruments. Avec “Sign Of Life” et “Abigail” la ferveur du public parisien atteint des sommets. Les fans sont venus nombreux pour soutenir le groupe, chaque geste du chanteur s’accompagne de cris et de gestes d’adoration. La scénographie, portée par trois écrans en arrière-plan, diffuse des visuels en accord avec chaque morceau. Des danseuses apportent une touche plus théâtrale pour un résultat assez convaincant.
Côté voix ça reste un peu compliqué pour Chris. Il adapte sa performance pour préserver sa voix tout au long du concert. Heureusement il peux compter sur l’appui de la salle, notamment sur “Voices” qui prend des allures de karaoké géant. Il faut dire que ce titre est terriblement entêtant. Autre solution pour ne pas trop forcer, faire venir des guests sur scène. Ryan Kirby de Fit For A King donne un peu de voix sur “Slaughterhouse”. Plus tard ce sera au tour de l’imposant leader de Brand Of Sacrifice de venir booster un morceau avec sa voix puissante.
Un univers visuel toujours aussi soigné
Motionless In White s’inscrit dans un imaginaire où se rencontrent les influences de Tim Burton, du cinéma gothique et de l’horreur industrielle à la Marilyn Manson. Le visuel est important pour le groupe et chaque morceau bénéficie d’une attention particulière. Sur “Werewolf”, les danseuses revêtent une tête de loup garou et une veste rouge rappelant un certain clip de Michael Jackson. Conscient de ne pas livrer la meilleure prestation possible, Chris prend le temps de s’adresser à l’auditoire. Il exprime sa gratitude envers ses fans dont le soutien indéfectible a permis au groupe de surmonter les récents défis de santé. Les derniers concerts ont vu leur setlist réduite, certains morceaux ne pouvant pas être joué par un groupe affaibli.
Chris est touchant dans ses prises de paroles, il semble très sincère dans son envie de partage. C’est donc avec émotion qu’il lance “Headache” sous les applaudissements. “Soft” se conclu avec une petite standing ovation, pas de doute le public est largement conquis par les Américains. Chris ne manque pas de renouveler ses remerciements, visiblement très ému par l’accueil parisien. Sur scène les musiciens ne sont pas en reste pour attiser les ardeurs du public. Très expressifs, ils enchaînes, sauts, grimaces et appel à participer. Les danseuses jonglent entre distribution de bonbons, utilisation de pistolets à eau et chorégraphies bien huilées. C’est un show bien calibré qui se déroule à l’Olympia.
Un final sous le signe de l’émotion
Au bout d’une heure de set le groupe lance le bouquet final avec “Another Life”. De nouveau, l’assemblée s’époumone sur le titre. L’ambiance est à son paroxysme. Sur “Eternally Yours” c’est la Saint-Valentin avant l’heure avec distribution de roses. Motionless In White a su relever le défi malgré les difficultés physiques de son chanteur. Si la performance n’a pas été la plus aboutie techniquement, l’intensité du public et l’univers visuel du groupe ont largement compensé ces petites faiblesses.
Motionless In White assure le show malgré une petite forme physique.
