MOTOCULTOR FESTIVAL 2013 – Jour 1 (16/08/13)

Un an déjà que ces trois dates sont réservées dans l’agenda ! Et bien voilà, nous y sommes, c’est déjà le 15 août, et nous allons profiter de cette journée supplémentaire pour prendre la route direction St Nolff. Un soleil radieux, pas un seul bouchon pour sortir de Paris, des co-voitureurs sympas (normal eux aussi vont au Motocultor !), décidément ce week-end s’annonce sous les meilleurs auspices. Arrivés sur place vers 16h, le camping n’est pas encore ouvert. Nous sommes accueillis par une haie impressionnante de festivaliers garés sur les côtés en attendant “festivement” 18h (heure d’ouverture prévue). Le moins que l’on puisse dire c’est que l’ambiance est déjà là ! Nous décidons de filer sur Vannes histoire de découvrir un peu la ville et là, surprise ! C’est le week-end des Fêtes d’Arvor. Au programme, un défilé dans les rues avec musiques traditionnelles, costumes bretons et coiffes de dentelle blanche amidonnée. Nous sommes loin des grandes silhouettes noires et chevelues… Afin de pallier aux petits soucis de l’an dernier à l’ouverture du festival, l’organisation avait pris soin cette année de proposer une permanence la veille au soir pour retirer les pass. Du coup, c’est le jeudi soir que la majorité des festivaliers a fait la queue (et pendant plusieurs heures pour certains…). En ce vendredi midi, finalement, c’est plutôt calme aux caisses.

Arrivés parmi les premiers aux barrières, le temps de se prêter à la fouille règlementaire, déjà les premières notes de THE STICKY BOYS résonnent sur la Dave MuStage : pile poil à l’heure ! Un bon gros son qui nous appelle et ne peut que nous inciter à hâter le pas. Malheureusement, beaucoup n’ont pas encore passé le sas d’entrée du festival, où se service de sécurité est tout particulièrement pointilleux, et risquent bien de ne pas assister à ce set d’ouverture sur-vitaminé. Les premiers rangs se remplissent petit à petit et ne tardent pas à se mettre dans l’ambiance, pendant que, plus en retrait, le reste du public écoute sagement. Il est vrai que les riffs sont bien accrocheurs et les soli de guitare bien dosés. Le trio se donne à fond sans aucune économie et c’est remarquable ! Le show est bien rodé. Jusqu’au discours de Tom le batteur, qui cette fois enjambera sa batterie pour délivrer un message au sujet du fameux reportage que M6 a consacré au Hellfest (festival dont ils ont été à l’affiche en 2011 au Metal Corner et qui leur a valu de se faire remarquer par la SNCF qui les a alors recrutés pour un spot publicitaire un peu déjanté tourné en pleine Gare de l’Est). Les parisiens aiment le rock n’roll. Ils le crient haut et fort sans se cacher de leurs influences (Creedence Clearwater Revival, Anthrax, AC/DC, en passant par Elmer Food Beat et les Béruriers Noirs). Sans être d’une originalité débordante, les compos ont le mérite d’être d’une efficacité redoutable. Les trois compères s’y entendent pour faire bouger la foule et chauffer l’ambiance. C’est clair, ils sont là pour s’amuser et mettre le feu. Et c’est avec une reprise très réussie des Clash “I Fought The Law” qu’ils clôturent leur set sous une petite pluie fine. C’est de la “Great Big Dynamite”. Il n’y a plus qu’à attendre la confirmation avec leur second album qui devrait sortir en Février/Mars 2014 toujours chez Listenable. Dans l’intervalle, ils écumeront la France jusqu’à la fin de l’année, et partageront la scène avec Elmer Food Beat le 23 janvier 2014 à La Cigale. Ils seront également à l’affiche du film “Océane” de Philippe Appietto qui sortira le 11 septembre prochain. La première bonne surprise de ce festival. Rendez-vous le 14 septembre au Raismes Festival dans le Nord.

Pendant ce temps, la scène d’à côté (la Supositor Stage) a été installée pour le groupe suivant. Et oui, c’est cela le Motocultor : deux scènes et des groupes qui se succèdent sans interruption. Par contre au vue du décorum, il semble évident que ce ne sera pas System Divide qui va jouer, mais plutôt BELENOS : les crânes cornus installés sur les micros ne peuvent trahir. Effectivement, il y a bien eu une interversion entre les deux groupes, et nous le découvrons. Il semblerait que System Divide n’ai pas voulu jouer à l’heure qui lui avait au départ été attribuée. Enfin, peu importe, à quarante-cinq minutes prêt il fera jour de toute façon, et le jour n’est malheureusement pas l’ambiance qui sied le mieux à un concert metal… Toujours est-il, que le devant de la scène se rempli à la vitesse grand V. Le public est visiblement impatient de retrouver Belenos qui il faut l’avouer se fait assez rare en live et ne s’est produit nulle part depuis le Cernunnos à Paris en février dernier pour cause de préparation du nouvel album, “Kornög”. Le vent de l’Ouest devrait l’apporter sous peu, avant la sortie d’un projet parallèle : Fetid Crypt, dont l’album orienté death metal est prévu en 2014. Petit changement de look pour le bassiste qui arrive sur scène avec les cheveux tout courts ! Loïc Cellier (chanteur, fondateur et unique membre permanent de Belenos) annonce les titres d’une voix sombre et grave. Le ton est donné. En effet, les bretons jouent un black metal poétique, mais infiniment sombre. Oscillant entre des parties speed et lourdes, dans lesquelles les blasts se succèdent, et d’autres plus planantes. Le tout servi par des textes emprunts de mythologie celtique, de mystère et souvent assez tristes voir parfois limite dépressifs. Ce qui donnera tout de même l’occasion aux premiers slams du festival d’émerger ! “Le Déchirement” annonce un retour timide du soleil, mais ce sera un retour de courte durée. Les gouttes reviennent en même temps que “L’Enfer Froid”; c’est presque logique ! Peu importe, le public répond présent et réclamera même un rappel. Nous aurons donc droit à un bonus avec “Fureur Celtique” de l’album “Champs De Bataille”. Belenos sera à l’affiche du MFest le 7 septembre du côté de Tours.

SYSTEM DIVIDE est le projet parallèle de Sven De Caluwé – alias Svencho, (par ailleurs chanteur d’Aborted), dans lequel il donne de la voix/growl au côté de sa femme Miri Milman (ex-Distorted), également au chant, mais en voix claire flirtant avec le symphonique. Le duo s’est associé les services de deux guitaristes : Mendel Bij de Leij (qui officie également dans Aborted), Steve Miller; d’un bassiste monté sur ressorts qui arpente la scène en sautant dans tous les sens, Andrei Aframov, et du batteur Ken Bedene (également dans Aborted). Du coup, voilà peut-être l’explication de l’interversion avec Belenos, car tout ce beau monde aurait été bien à l’étroit sur la plus petite scène. Le groupe délivre une musique somme toute assez difficile à définir tant le tableau est coloré de touches aussi diverses que variées, incluant bon nombre de styles que la palette “metal” peut proposer : du death, du gothique, du groove, du symphonique, voir même du metalcore et du doom. Le cocktail est assez technique et plutôt explosif. Le public apprécie et ne tarde pas à se lancer dans un circle pit effréné. Formé en 2008, System Divide ne s’était encore jamais produit en France. C’est maintenant chose faite et c’était au Motocultor ! Attention, le nouvel album “The Cult Of Indifference” est en préparation. Il est annoncé comme étant encore plus brutal, plus rapide, plus épique et plus technique que “The Conscious Sedation”, vous voilà prévenus !

Après la prestation de System Divide, le public en a profité pour se disperser vers les stands  de merch, les restos et les bars. Résultat, il n’y a pas trop de monde pour assister au set de MISEDUCATION OF MASSES C’est dommage car les bretons, privés de scène l’an dernier pour cause de retard à l’ouverture du festival étaient bien décidés à montrer à tous ce qu’ils avaient dans le ventre. Le groupe fait jeune malgré ses quelques cinq ans d’existence. Le brutal/death qu’il nous propose est percutant et les riffs accrocheurs (même si ils sont parfois quelque peu répétitifs). De plus, le chanteur fait preuve d’un bon charisme. Mais voilà, il manque un petit quelque chose qui pourrait bien être l’expérience live.

ANGELUS APATRIDA investi la scène toutes sirènes hurlantes. Les espagnols ne sont pas là pour faire du tourisme mais pour faire fumer le Motocultor et ils vont le prouver d’entrée, entraînant le public dans des circle pits qui transforment la fosse en un énorme nuage de poussière. Guillermo Izquierdo (chant) passe du scream au chant mélodique avec une aisance déconcertante. Des riffs et une rythmique à vous dézinguer les cervicales, des passages de shred savamment dosés, voilà du trash dans toute sa splendeur ! C’est évident, les quatre compères se devaient de jouer sur la Dave MuStage ! Les espagnols ne sont pas des débutants. Cela se voit et s’entend. Le groupe, créé en 2000 a maintenant deux démos et quatre albums ainsi qu’un bon nombre de concerts (premières parties et festivals) à son actif. D’ailleurs, ils étaient déjà à l’affiche du Motocultor en 2011. Le public ne s’y trompe pas et adhère à fond. Petit à petit les rangs grossissent devant la scène. Wattie Buchan, le chanteur de The Exploited, viendra même jeter une oreille en backstage (ce qui pour autant ne mettra pas fin à la rumeur selon laquelle The Exploited prévu pour jouer le lendemain aurait annulé…). Du coup de derrière, il ne profitera pas des superbes grimaces que nous offrent Guillermo et Jose. Voilà le groupe qui ouvrira définitivement les hostilités. Un set qui ne laissera aucun répit à la poussière ni au public. C’était fort, c’était puissant, c’était excellent ! Visiblement eux aussi se sont bien éclatés et sont prêts à revenir bientôt. Très très bonne surprise malgré un son tout de même un tout peu aigue et une coupure électrique passée presque inaperçue.

SVART CROWN déverse son black/death sur toutes les scènes depuis bientôt sept ans maintenant et s’est déjà produit dans bon nombre de festivals majeurs, mais c’est une première au Motocultor. Ils commencent très fort. Avec “Apocalyptic Triumph”, c’est puissant dès le début. Le public est rapidement dans l’ambiance et les slams fleurissent dès le premier morceau. “Of Sulphur And Fire” de l’album “Witnessing The Fall” est accueilli par une forêt de bras levés qui laissera place à un pur moment de folie. Ce sera également le cas pour tous les morceaux qui suivront. Que ce soit “Profane” ou “Coloseum”, il n’y aura pas de répit. La seule “pause” sera l’hypnotico-tribal “Venomous Ritual”. Mais elle ne sera que de courte durée et “Ascetic Purification” se chargera de refaire voler la poussière. Les riffs sont d’une efficacité redoutable. Et ceux du dernier album “Profane” ne sont pas sans rappeler un certain Robert Vigna de Immolation. Le public apprécie et en redemande. Du coup, ils en seront quittes pour un rappel avant de repartir sous le soleil. Pour une première au Motocultor, c’est une réussite et Svart Crown a bien rempli sa mission en ne laissant pas retomber le soufflé initié par Angelus Apatrida. Les parisiens auront la chance de retrouver le combo niçois le 17 septembre au Divan du Monde en compagnie de Nile (avec qui ils seront en tournée à travers l’Europe) et Ex-Deo. Les bordelais, quant à eux, les retrouveront en tête d’affiche le 18 octobre. A ne pas rater !

Après Svart Crown et son black/death, place au black tout court et sans concession des allemands de ENDSTILLE. Avec eux, “corpse paint” et grimaces sont toujours au rendez-vous. C’est “World Aflame”, extrait de leur excellent dernier album “Infektion 1813” qui aura la charge d’ouvrir les hostilités dans son appel à mettre le monde  en feu. Qu’on se le dise, Endstille ne fait pas dans la dentelle. A grand coup de blast beats incessants, et de riffs massifs, le combo envoie du lourd pour le plus grand bonheur d’un petit groupe de quatre mecs (ayant visiblement largement anticipé tout risque de dessèchement du gossier) qui à eux seuls soulèvent des tonnes de poussière. Un public plutôt fourni, mais une ambiance qui peine à décoller malgré la belle énergie développée par les Teutons et leurs petits messages en français tellement charmants. Le dernier titre sera un retour à 2005, “Navigator”, malsain et répétitif à vous en donner le tournis ! Zingultus adresse un dernier message dans la langue de Molière : “merci beaucoup avec plaisir au revoir”. Plus qu’à attendre la sortie de “Kapitulation 2013” chez Season Of Mist aux alentours de novembre.

VOIGHT KAMPFF est un groupe du Finistère. De Quimper plus exactement. Créé en 2010, il est formé de Ramon (chant), Virus (guitare), Z (guitare) et Oliv (batterie), et tire son nom de l’appareil qui sert à détecter les réplicants qui se cachent parmi les humains (et qui sont en fait plus humains que les humains eux-mêmes, d’où le nom du concept album) dans le film “Blade Runner”. Le quatuor joue une thrash metal technique et plutôt froid ce que retranscrit bien la pochette de “More Human Than Human” sorti en 2012. Rapide, des blasts assassin, des soli mélodiques et tout en changements de rythmes, leur titre “Cityscape Horizon” est un must ! Belle prestation même si, sur l’ensemble la batterie apparait un peu trop présente par rapport aux guitares. Ceux qui en veulent encore pourront retrouver Voight Kampff au concert organisé pour les 15 ans de Garmonbozia à Rennes les 25 et 26 octobre 2013.

Qu’on ne s’y trompe pas : ce n’est pas parce que CRUCIFIED BARBARA est un groupe de filles, et de jolies filles pour ne rien gâcher, que ce n’est pas lourd et incisif ! Les quatre suédoises jouent un heavy metal teinté de rock n’roll qui, sans être d’une grande originalité, s’avère tout de même bien rentre dedans. En tout cas, le quatuor est visiblement très attendu par le public venu en nombre devant la Dave MuStage. Et cela commence sur les chapeaux de roues avec un “The Crucifier” qui déménage tout sur son passage, titre ouvrant également le dernier album, “The Midnight Chase“. Les riffs de “Motorfucker” ou de “Rock Me Like The Devil” sont d’une efficacité incroyable, et la reprise de Motorhead “Killed by Death”, qui a vu se succéder au chant Klara Force et Mia Coldheart, a déclenché une sacrée folie dans le pit. Une pluie de slammeurs (mais les slammeuses ne sont pas en reste !) s’est abattue sur le service de sécurité aux barrières. De bons riffs, des soli légers, des changements de rythmes bien dosés et une batterie bien appuyée, le tout servi par une voix à la fois claire et délicatement érayée, il n’en faut pas plus pour faire un excellent mélange. Par contre, c’est une vraie bonne pluie qui tombe sur la foule compacte à la fin du set… Formé à Stockholm en 1998, le groupe n’a pour le moment que trois albums à son actif, mais le quatrième va être mis en route sous peu. Les séances d’écriture sont prévues pour cet automne et l’enregistrement pour janvier 2014. Seulement quelques mois après le concert au Divan Du Monde, les parisiens auront la chance de pouvoir retrouver les jolies suédoises en novembre (juste avant les vendéens) à Savigny Le Temple, et nul doute qu’étant donnée la configuration de la salle cela risque encore d’être un sacré bon moment.

Heureusement, la pluie ne s’installe pas et les quelques gouttes qui persistent n’ont aucun effet sur le public de DESTROYER 666 qui répond présent à 200 %. “Black City – Black Fire” de l’album “Cold Steel… For An Iron Age” déclenche, à coups de riffs bien brutaux des levées de poings vengeurs. Excellente reprise de “Black Magic” de Slayer qui terminera ce set en beauté.

Une petite coupure d’électricité vite réglée dans la joie et la bonne humeur donne lieu à un faux départ. ENSLAVED et son progressive/viking/black metal est une savante alchimie et un mélange des genres. Entre les passages de chant clairs de Herbrand Larsen aux claviers, et les growls éraillés de Grutle Kjellson, ils nous emmènent ce soir dans un voyage aux confins du pur black metal, en passant par des ambiances atmosphériques et mélodiques avec “Riitiir” et “Roots Of The Mountain” (qui sera dédicacée à la Bretagne). Ce seront d’ailleurs les deux seuls extraits de leur dernier opus paru l’an dernier. Ils n’hésiteront pas à piocher dans leurs productions plus anciennes de “Allfadr Odinn” (extrait d’un split avec Satyricon datant de 1995) à “Ethica Odini” (2010) en passant par “Ruun” (2006). Le guitariste (Arve Isdal – alias Ice Dale), en grande forme, s’offre des tête-à-tête musicaux avec tous les membres du groupe et même avec le public, haranguant la foule à coup de riffs tueurs. Le groupe montre un réel plaisir à jouer ensemble. Quelques mots de remerciements en français, et le rideau de la nuit tombent sur Enslaved qui devra aussi quitter St Nolff sans tarder pour jouer au Summer Breeze le lendemain.

ELUVEITIE a interverti son heure de passage avec Aborted. C’est donc avec les suisses de Zurich que nous avons rendez-vous maintenant pour un des derniers concerts de leur tournée. Par contre faire tenir tout ce monde sur la Supositor Stage, cela va frôler l’exploit tout de même non ? Et bien non même pas, on ne se rend finalement même pas compte qu’ils sont sur la petite scène, incroyable ! Le groupe bénéficiera d’un public très nombreux. Mais comme ils tardent un peu à arriver, la foule scande leur nom. C’est toujours une joie de retrouver les helvètes et leur folk metal, car ils sont l’assurance d’une ambiance plus que festive, et donc d’un bon moment. Et festive sera l’ambiance en effet depuis l’intro, puis avec “Helvios” suivi de “Luxtos”, qui annoncent d’entrée la couleur, et jusqu’à la fin. En s’éloignant un peu on aperçoit une marée mouvante de poings levés et de pieds qui passent dans un hallucinant mélange. Et lorsque le chanteur demande au public s’il est prêt, la réponse ne se fait pas attendre ! Evidemment qu’il est prêt, plutôt deux fois qu’une, il va le prouver et pas plus tard que tout de suite même ! “Kingdom Come Undone” sonne l’heure du circle pit de folie. Il semblerait que jusqu’à présent cela ne fait pas assez ambiance metal dans la fosse du Motocultor. Il faut donc arranger cela. Un leader sera désigné pour mener le circle pit. Lorsque raisonnent les premières notes de “Inis Mona”, les chants du public s’élèvent en même temps qu’un énorme nuage de poussière. Puis voici que sonne l’heure du wall of death. Le frontman Chrigel Glanzmann compte : “one, two, trois, quatre”, et voilà c’est parti avec “(Do)Minion” qui se prête parfaitement à ce genre d’exercice. Tout s’enchaine sans le moindre temps mort. Jusqu’à “Alesia” qui clôturera le set. Une prestation irréprochable, quoique certains disent probablement que trop de place à été accordée aux morceaux plus récents, c’est vrai, à part “Inis Mona” tout était extrait des deux derniers albums “Everything Remains As it Never Was” sorti en 2010 et “Helvetios” sorti en 2012. Mais cela aura au final été un pur moment de plaisir et ne peut que nous réconcilier avec Eluveitie (en live en tout cas). Lors de la conférence de presse qui a eu lieu un peu plus tôt, Chrigel Glanzmann a présenté le nouveau guitariste Rafael Salzmann qui prend la suite de Simeon Koch appelé par d’autres priorités. Il a également évoqué son duo avec Martial Tricoche (chanteur de Manau) lors du Gurtenfestival en juillet dernier, et à indiquer que de futures collaborations avec Manau seraient possibles. Il a également parlé de la sortie de deux futurs albums d’Eluveitie dont un serait en acoustique.

Sans contraste, la Dave MuStage se prépare à vivre de nouveaux moments survoltés avec les américains de DEVILDRIVER, trois jours après le concert parisien. Au son de “End Of the Line”, le groupe fait son apparition. Dez Fafara, le frontman, surgit tel un diable sortant de sa boite, armé d’un étrange micro lumineux qu’il ne posera pas de tout le show. Et c’est parti pour ne plus s’arrêter jusqu’à la fin ! Plusieurs nouvelles chansons du sixième album studio “Winter Kills” qui est sorti le 27 août dernier sont présentées comme par exemple “The Appetite” ou “Ruthless”. Les titres s’enchainent sans le moindre répit. Tout est bien carré. La batterie hyper percutante et les riffs toujours aussi assassins font le bonheur de la foule qui s’en donne à cœur joie : un régal. Puis Dez annonce “Head On To Heartache” à grands coups de “this is a love song!”. “Clouds Over California” est accueillie avec un grand enthousiasme par le public qui hurle et saute, c’est un vrai délire. Un wall of death qui fera reculer les spectateurs jusqu’au bout de l’autre scène s’organise. Mais avant que les deux parties ne se lance de toutes leurs forces l’une contre l’autre, il est stoppé par Dez qui demande à ce qu’il soit transformé, “parce qu’on n’est pas là pour faire la guerre”, en circle pit géant comme seul DevilDriver a le secret (accompagné d’un nuage de poussière en conséquence qui va embrumer toute la fosse). D’un coup Dez demande d’arrêter le circle pit afin de rappeler les règles de base : lorsque quelqu’un tombe, on le ramasse ! Allez, après ce petit intermède, c’est reparti pour un “Meet The Wretched” de folie qui clôturera plus qu’honorablement cette heure de chaos sublime.

Place maintenant à la “poésie” avec ABORTED. “Poésie” car avec des titres comme “Meticulous Invagination” ou “Coronary Reconstruction” on ne peut dire autrement. Comment qualifier ce qu’ils proposent ? C’est à la limite de l’inqualifiable (uniquement dans le sens où il est difficile de trouver des qualificatifs, entendons-nous bien) : du brutal death assurément, mais pas seulement. Ajoutez à cela un peu de gore, une bonne dose de bestialité le tout chauffé à blanc et plutôt technique, là, vous allez commencer à cerner l’affaire. Le groupe attaque fort dès le départ pour ne plus s’arrêter. Le batteur, Ken Bedene, blast à fond voir au-delà s’il est possible. Même pas fatigué de sa prestation du début d’après-midi semble-t-il. D’ailleurs, nous retrouvons dans Aborted outre Svencho, le chanteur (normal puisque c’est lui qui est à l’origine de System Divide avec sa femme), le guitariste Mendel Bij de Leij qui sont également en grande forme. Les gaillards vont faire une sacrée démonstration de force et de puissance. Le set fera la part belle à leur dernier album “Global Flatline”, sorti début 2012 dont le back drop couvre le fond de la scène, mais aussi à “Goremaggedon” sorti en 2003, peut-être leur meilleur méfait. Eux aussi auront un circle pit, et il n’aura rien à envoyer à celui de DevilDriver. Sauf que comme ils jouent sur la Supositor Stage (c’est-à-dire la petite scène), la fosse est plus réduite et la place manque cruellement. Qu’à cela ne tienne ! Le circle fera le tour de la tente régie ! Aborted nous assène ses riffs bien lourds mélangés à des soli de guitare mélodieux. Bien sûr, nous aurons droit à “The Origin Of Disease” du nouvel album avec une pensée pour Benighted (en effet, souvent Julien Truchan, le chanteur de Benighted monte sur scène avec Sven pour ce titre). Enfin, un braveheart est organisé. Sven donne le top départ : un, deux, trois, sodomie ! On vous avait prévenus : Aborted c’est de la poésie à l’état brut. Mais si vous aimez et que vous en revoulez, ils seront le 29 août à Belfort et le 19 septembre à Savigny le Temple.

Pour le dernier set de cette journée bien remplie les polonais de VADER investissent maintenant la Dave Mustage pour un final qui promet d’être une explosion death/trash. Malheureusement, il y a les mêmes terribles lumières rouges et jaunes que sur la Supositor Stage. Tant pis, il faudra faire avec. Au niveau musique, il faut avouer que “tout à fond” et “sans répit aucun” sont les mots d’ordre de cette fin de journée. Sur le sujet, Vader ne déroge pas à la règle bien au contraire. Là encore les morceaux sont aussi explosifs les uns que les autres. Tout chez Vader respire la puissance et la force : la batterie qui n’en finit pas de blaster, les riffs tantôt légers, tantôt au maximum de la lourdeur, la basse bien appuyée et enfin la voix capable d’être sombre et hargneuse à souhait, les changements de rythme incessants. Les titres s’enchainent à une allure effrénée : “Wings”, “Reborn In Flames”, “Silent Empire”, “Return To The Morbid Reich” ou l’excellent “Come And See My Sacrifice” pour n’en citer que quelques-uns ont le don de transformer la setlist en une véritable machine de guerre. Marek Pajak (alias Spider) toujours aussi démonstratif et peu avare de grimace est un régal à regarder jouer (pour qui peut/veut prendre le temps de le faire évidemment). Mais comme toutes les bonnes choses ont une fin, c’est sur la musique de la “Marche Impériale” de “Star Wars” que Vader s’en retourne et que la foule se disperse.

Un bon gros repos suite à cette intense journée, ce n’est pas de refus ! A partir de maintenant, la poussière à jusqu’à demain 13h pour redescendre !

Par Izenah

Crédit photos : Serge Tenani et Izenah

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