MOTOCULTOR FESTIVAL 2014 – Jour 1 (15/08/14)

Depuis deux ans à présent, l’ancien site du festival de Saint-Nolff accueille le Motocultor dans sa petite bourgade côtière tranquille proche de Vannes dans le Morbihan. En ce lieu paisible, tout est à dimensions humaines, le camping (plus grand que l’année précédente) est juxtaposé à l’entrée du site, si bien qu’il faut moins de cinq minutes pour pénétrer dans l’antre composé de deux scènes : la Dave Mustage  et la Supositor Stage, plus petite, sur lesquels s’alternent les artistes. Pas de choix cornéliens à savoir quel groupe on doit sacrifier pour voir tel autre groupe, il est tout bonnement possible d’assister à tout, d’autant plus que les concerts ne débutent qu’à 12/13h, ce qui est une bonne chose lorsqu’on veut profiter de ses soirées entres amis. C’est donc dans une atmosphérique bon enfant et détendue que peut débuter la septième édition d’un festival qui chaque année s’implante davantage comme le second festival metal français, juste derrière le Hellfest.

THE GREAT OLD ONES (Supositor Stage) – Cette année pas de retard sur la programmation, le Motocultor ouvre ses portes à temps et suffisamment en avance pour qu’on puisse se ruer sur le groupe d’ouverture de l’édition 2014 : The Great Old Ones. Pour avoir entendu quelques éloges à leur égard, il nous tardait de les découvrir live sur la Supositor Stage. Les Bordelais formés en 2009 sous l’initiative de Benjamin Guerry (guitare/chant) distillent un post black metal ambiant s’ancrant dans la mythologie lovecraftienne. Leur second opus “Tekili-Li” sorti cette année est au centre du sujet aujourd’hui puisque cinq titres seront joués. L’intro “Je Ne Suis Pas Fou”, extrait du fameux livre, trouble l’ambiance euphorique de ce début de festival. Benjamin, de sa voix sereine mais troublante, nous guide à travers un voyage glacial dans les Montagnes Hallucinées de Lovecraft. Tout de suite “Antarctica” nous prend au ventre. Hypnotisante et gorgée d’émotion, leur musique est à la fois éthérée et menaçante, envoûtante et obsessionnelle. En véritables orfèvres, les trois guitaristes offrent un travail remarquable de détails et de précisions, soutenu par des blast impériaux aux multiples variations. Même si l’ajustement du son fait quelque peu perdre certaines subtilités, on ressent le travail minutieux de compositions que le quintet a produit. Coup de cœur, véritable claque, bref utilisez n’importe quel superlatif, mais The Great Ones nous a émus, touchés, fait vibrer. Assurément la révélation de cette édition.

TEMPLE OF BAAL (Dave Mustage) – C’est toujours avec joie que l’on retrouve les Parisiens sur scène, car c’est généralement la promesse d’un vrai bon moment de black/death bien puissant. Et cette fois ne fera pas exception, malgré quelques petits problèmes techniques (chant inaudible sur les premiers morceaux et coupures du mur d’enceinte droit). Et oui, pas facile d’essuyer les plâtres de la grande scène en ce début de festival. Mais il en aurait fallu plus pour décourager le public, et encore plus pour perturber un groupe qui a déjà plus de quinze ans d’expérience. “Slaves To The Beast”, un morceau de 2003 aux consonances résolument black, qu’Amduscias (chant) dédicacera aux extrémistes, nous ramène aux origines de Temple Of Baal et installe l’ambiance. Les premiers pogos font leur apparition en même temps que le chant se fait plus audible. Tout au long des titres, Arkdaemon, à la basse ne s’économise pas. Il maltraite ses cordes et headbang comme un forcené. Après nous avoir baladés entre black, death et thrash, c’est “Walls Of Fire” (clôturant également le dernier opus sorti en 2013), qui achèvera ce set de fort longue (près de dix minutes) et belle manière. A noter que Skvm étant indisponible, c’est Belial de Cruxifiction qui officiait à la batterie. En attendant leur nouvel album annoncé pour 2015, nous pourrons retrouver Temple Of Baal le 4 octobre à Lyon et pour les Parisiens, on se donne rendez-vous le 27 décembre sans faute ! Si Temple Of Baal n’a pas échappé à quelques problèmes techniques, ils auront au moins été épargnés par la pluie. Les nuages ont en effet attendu la fin de leur prestation pour libérer leurs flots rageurs. Obligeant à bâcher les scènes de toute urgence, et le public à se mettre tant bien que mal à l’abri sous les quelques tentes de l’Extrem Market. En attendant que le déluge cesse, et que la scène soit débâchée pour que T.A.N.K puisse jouer, on s’occupe comme on peut à grands renfort de “C’est à bâbord qu’on gueule, qu’on gueule ! C’est à bâbord qu’on gueule le plus fort…” ! Pendant que d’autres s’adonnent à de joyeuses glissades dans ce qui n’a pas tardé à devenir un champ de boue (et dire qu’il y en a qui payent cher pour faire des bains de boue en thalasso !)

HUATA (Supositor Stage) – Habitués des scènes Nantaises, nous avons le plaisir de revoir Huata. Pas de découverte notoire pour nous, mais une confirmation de ce que nous savions déjà : En matière de doom occulte les Bretons maîtrisent le sujet. Depuis 2006, et avec un album à leur actif, ils incarnent un stoner doom au psychédélisme étourdissant. Leur investissement de la scène surprend les non-initiés. Solennel, le quintet Lannionnais mené par le maître de cérémonie accoutré de son plus bel habit, à savoir une aube rouge et une étole or, plante directement le décor. Des pancartes “Suze”, en hommage à Alexis Darnoux qui signe ici son dernier concert derrière les fûts, brisent l’air. Basse et claviers bien en avant, le chant se fond pour devenir une incantation quasi subliminale. Dense et magnétique leur prestation nous transporte littéralement, mais un grain diluvien vient perturber ce trip intersidéral. Tout le monde se presse et s’entasse à l’Extrem Market. Le moindre centimètre carré de toile est appréciable. Mais on le sait, en Bretagne cela ne dure jamais bien longtemps. Huata en bons Bretons ne se décourage pas et ne se laisse pas perturber par le spectacle, d’autant plus que quelques courageux bravent la tempête. Leur stoner doom occulte bien gras devient l’invocateur de la foudre des Dieux du Mystère. Toujours happé dans leur univers oppressant et tourmenté nous reprenons la navette pour ne plus la quitter. Même si le doom est peu représenté à l’affiche du Motocultor (seul deux groupes cette année, avec Church Of Misery), l’assemblée réagit parfaitement. Signe qu’il s’agit d’un style qui pourra être développé à l’avenir. Pour l’heure et pour sûr Huata aura créé des nouveaux adeptes ce jour-là.

T.A.N.K. (Dave Mustage) – Après une accalmie de courte durée, la pluie diluvienne reprend de plus belle lorsque T.A.N.K fait son apparition sur scène en entamant “The Raven’s Cry” (seul titre extrait du second et dernier opus “Spasms Of Upheaval”). Et là, ils n’ont même pas le temps de finir le morceau qu’une coupure de courant se produit. Cependant T.A.N.K ne perd pas pieds et n’attend pas que l’équipe technique du Motocultor finisse de bâcher leur matériel pour chauffer le public en attendant de pouvoir reprendre (mention spéciale pour le batteur Nicolas Bastos). Malgré les recommandations du festival qui aurait préféré, par mesure de sécurité, que le groupe annule, ce dernier opte pour la poursuite de son set qui se verra écourté de deux morceaux. Car le groupe parisien est un battant et ça se sent sur scène où il assène un death mélodique tonitruant qui provoquera le premier wall of death du festival. Maitrise et précision sont à l’ordre du jour, notamment lorsque les deux guitaristes se répondent avec dextérité sur les passages mélodiques. Le son est plutôt bon et équilibré ce qui permet aux spectateurs déchaînés de profiter pleinement du spectacle. Alors qu’une éclaircie pointe enfin son nez, le combo peut conclure avec brio son set axé principalement sur leur premier album “The Burden Of Will” (2010) (“T.A.N.K 09′”, “Beautiful Agony”, “Disturbia” et “Brother In Arms”). En dépit des problèmes techniques T.A.N.K a démontré son professionnalisme en maîtrisant la situation et prouve de la sorte qu’il fait bien parti de l’avenir du metal français.

HAVOK (Supositor Stage) – On change vite de scène pour assister à la prestation de Havok, combo sympathique s’il en est qui sait mettre l’ambiance. Pour leur dernier concert européen de la tournée, les ricains sont là pour rappeler, eux qui sont l’un des fers de lance du revival thrash au même titre que Evile ou Municipal Waste, que les années 80 ont le vent en poupe question musique. C’est parti pour 55 minutes de thrash des familles à la fois old school et moderne. Sur les routes depuis dix ans, la formation maîtrise à la perfection son discours. Carré ça envoie du bois, ça pogote et ça moshe gentiment ! La terre est désormais bien inondée et les festivaliers labourent allégrement les lieux à coups de circle pit. De la pluie et de la boue suffisent aux metalleux à les rendre heureux. Axé sur leurs trois dernières sorties, à savoir “Time Is Up” (2011), l’EP “Point Of No Return” (2012) et “Unnatural Selection” (2013), leur musique se veut festive, groovy et avec ce qu’il faut de technique. Efficace et sympathique, de quoi nous mettre en jambes pour le reste de la journée.

MONONC’ SERGE (Dave Mustage) – 16h55. Voici l’heure du premier O.V.N.I de cette édition 2014 du Motocultor. C’est seul avec sa guitare, (sans les Anonymus, groupe qui l’avait accompagné lorsqu’il était venu en 2010), que Mononc’ Serge fait son entrée sur la Dave Mustage. Sans détour, il nous annonce tout de go qu’il aime “le sexe, la drogue, le rock n’roll et surtout… les patates” ! Voilà pour l’ambiance, le premier titre est lancé. C’est à une foule plutôt… boueuse, mais qui adhère à 300% que notre cousin canadien va s’adresser. D’ailleurs le bougre ne va pas se priver d’interagir avec le public qui ne demande pas mieux. Très en verve, comme à son habitude, il nous propose même quelques petits cours de “joual” afin de nous aider à mieux appréhender ses compositions. Il faut dire que sans cela, ses textes seraient beaucoup plus abstraits. Comme par exemple lorsqu’il parle des cochons dans la chanson du même nom, ou de granola dans son morceau “Hitler Robert” (Robert est effectivement le vrai nom de Mononc’ Serge). Provocateur ? Un brin moqueur ? Non en fait carrément moqueur. A vrai dire, il est tout cela à la foi. Caustique même; et ce n’est pas “La Maladie Du Préjugé” qui apportera la preuve du contraire, mais incroyablement énergique et drôle. Nous aurons droit également à un featuring d’Andréas Et Nicolas avec qui il a partagé l’affiche lors de la tournée au Canada et qui joueront un peu plus tard dans la journée. C’est avec le titre ô combien percutant “Destruction”, dans lequel il est question des vikings, que Mononc’ Serge termine son set. Non sans avoir auparavant demandé à la foule si elle connaissait le frontibus et le mentibus… Provocation ! Une très belle performance qui confirme le bon souvenir laissé par son passage (accompagné alors des Anonymus) du Nouveau Casino en 2009 avec Tagada Jones (qui jouera demain) et les Bananes Metalik (Motocultor 2013).

DAWN OF MIGHT (Supositor Stage) – Changement total de style avec Dawn Of Might. Originaire de Carhaix, ce sont les gagnants du tremplin Motocultor de la région Bretagne, qui a eu lieu à Rennes le 12 avril dernier. Ils officient dans un death au jeu assez technique, trop peut-être, mais le public présent semble apprécier. En tout cas, avec Dawn Of Might, pas de blabla superflu, les titres s’enchaînent sans un mot. Autant dire que le contraste est énorme après Mononc’ Serge. Mais le Motocultor, c’est bien connu maintenant, n’a pas peur des contrastes. Il les cultive même pourrait-on dire ! Pour la petite histoire, le premier album de Dawn Of Might “Implosion” est sorti en 2013, et Sven Vinat, chanteur/guitariste d’Anticorpse (qui jouera dimanche) n’y est pas étranger. Alors que le set des Bretons se termine, petit coup d’œil vers le ciel : il brandi toujours sa menace mais se tient à carreau.

DAGOBA (Dave Mustage) – Depuis dix-sept ans, Dagoba écume les routes de France et de Navarre. On les as vus évoluer, changer, se remettre en question, on les as tout bonnement vus grandir sous nos yeux. C’est donc toujours avec un peu de tendresse qu’on assiste à un de leur concert, le premier remontant déjà à 2001 pour nous… La bande originale du Dracula de Coppola retentit sur le site de Kerboulard, le quatuor annonce son entrée imminente. Le public, tout acquis à la cause des Marseillais, c’est logiquement que les Dagoba foutent un feu d’enfer dès les premières notes de “I Reptile”, composition issue de leur dernière production. Pour les avoir vus maintes fois, on sait déjà que les Marseillais sont d’une constance métronomique. Comme à leurs habitudes, Franky fait preuve d’une aisance incroyable, Werther déchaîné est un réel atout scénique, Z même s’il est moins expansif que les autres semble avoir trouvé ses marques et Shawter sollicite le public pour qu’il soit encore plus démonstratif. En véritable rouleau compresseur la formation atomise tout sur son passage, mais il en est de même dans la fosse où les festivaliers se défoncent comme jamais et enchaîne wall of death dantesques et circles pit dévastateurs. En piochant dans l’ensemble de leur discographie, les Français bénéficient d’un vaste choix et nous gratifient des titres phares que sont “The Man You’re Not”, “It’s All About Time”, ou le plus récent “Black Smokers (752° Farenheit)”. Ils concluent en apothéose avec le combo fracassant “The Thing Within” (qui n’avait pas été joué au Hellfest) / “The White Guy (And The Black Ceremony)”. Même si nous avons assisté à une prestation pour laquelle, et le groupe et le public ont joué le jeu, ce concert n’est certainement pas le meilleur qu’il nous ait été donné de voir. Peut-être espérons-nous plus d’allégresse d’un groupe que nous suivons depuis déjà fort longtemps. Mais ne faisons pas la fine bouche, sur scène Dagoba est et restera une valeur sûre.

ANDREAS & NICOLAS (Supositor Stage) – Deuxième O.V.N.I. de la journée. Le moins que l’on puisse dire c’est que leur univers musical est bien particulier. Le duo, composé de Nicolas Patra (alias Fetus chez Ultra Vomit) et d’Andréas Martin (alias Andréas Uppercut chez Rage Against The Peppers), ou plutôt faudrait-il dire le trio puisque visiblement le singe batteur fait partie intégrante du groupe, œuvre dans un registre humoristique décalé. Voir même très décalé. Le décor de la scène est pour le moins hétéroclite. On trouve au hasard : un poupon pendu par les pieds, des palmiers gonflables, des masques de moutons et de canard, le spectacle promet d’être délirant. Après un extrait de l’ “Odyssée De l’Espace”, “Bienvenue en 4912” nous plante le décor : nous embarquons à bord d’un vaisseau en direction de la planète Cribule… Au synthé un poulet géant, aux percus le singe. De quoi nous laisser plutôt perplexes. Et comme si cela ne suffisait pas, voilà Andréas et Nicolas qui débarquent en peignoir avant de se retrouver en caleçon. Andréas cherchant désespérément son jean. C’est parti pour “Putain ! Putain ! Putain !”. Des chaussettes et autres T-shirts volent au-dessus du public lancés par un coq qui s’offrira un crowd surfing. Voilà pour l’ambiance. Nous aurons droit à un set au cours duquel les sketches vont se succéder avec un rythme effréné mais dans lequel l’humour, (ou plutôt devrions nous dire les humours car les deux compères jouent sur toutes les sortes d’humour du plus gros au plus subtile) est présent à chaque seconde. La chanson suivante “Ma Super Chérie” est clairement une sorte de clin d’œil à Indochine. Et le moins que l’on puisse dire c’est que le public est ravi. Il reconnait les morceaux dès les premières notes à l’instar de “Elle Change La K7 Dans La Tête Du Chat”. Après un solo endiablé du singe batteur, les deux compères font monter une spectatrice sur scène pour le jeu du sac poubelle (le but est pour elle de leur faire chanter dix chanson de m…. très courtes. Evidemment elle n’y parviendra pas mais repartira tout de même avec un sac plastique et un CD ! Les Nantais ont vraiment eux aussi l’art d’interagir avec l’auditoire. A l’instar de Mononc’ Serge qui, justement fait son apparition, antisèche en main, pour chanter avec eux “Abitibi”, une chanson qui traite de cette région du Canada. Le show est en fait constitué de multiples scénettes et ambiances hyper drôles et totalement déjantées. C’est sur “Je Collectionne Les Canards (Vivants)” célèbre chanson d’Ultra Vomit qu’ils nous quittent. Une très bonne surprise, mais avec cependant un bémol car l’intérêt vient principalement de la découverte. Dans ces conditions, pas sûr que l’intérêt soit le même une fois les sketches connus… Mais pour l’heure, ce fut un bien bon et sympathique moment en compagnie d’Andréas et Nicolas.

ENSIFERUM (Dave Mustage) – Ensiferum à droit à la Dave Mustage. Pour eux qui ont joué en première partie de Megadeth, on ne pouvait pas faire moins. Par contre ils héritent par la même occasion d’un champ de boue bien labouré par le circle pit de Dagoba et d’un public chauffé à bloc par Andréas et Nicolas. Et malheureusement, c’est à une ambiance digne d’un jardin d’enfants que nous aurons droit avec des lancer de paquets de boue pratiquement tout au long du set ! Petri Lindroos (chant/guitare) demandera d’ailleurs en vain au public d’arrêter. Sur fond de coucher de soleil, 1.2.3.4, c’est parti pour une petite heure de viking metal made in Finlande. Malheureusement, l’enthousiasme des premiers rangs peine un peu à se propager jusqu’aux spectateurs plus au fond. La raison principale en est le son plutôt faiblard et une voix trop en retrait pour un style qui justement prend toute sa mesure dans la puissance. Du coup, cela restera au final une prestation en demi-teinte, bien en deçà de ce qu’elle aurait pu être. A vrai dire c’est surtout le final qui aura été le plus intéressant : Markus Toivonen jouant “l’Ouverture De William Tell” de Rossini avec la guitare derrière la tête, il faut avouer que cela scotche.
Malgré tout, nous attendons avec impatience de découvrir le nouvel album (le sixième) dont l’enregistrement devrait commencer cet automne et une sortie prévue pour début 2015.

CANCER (Supositor Stage) – Annoncé tardivement suite à l’annulation de Death Angel, Cancer créa la surprise. En effet, après dix-neuf ans d’absence (si on ne compte l’album passé inaperçu en 2005) le groupe de death thrash anglais, reformé en 2013 pour promouvoir leurs trois premiers albums fraichement réédités, foulait pour la première fois de leur carrière le sol français. Si de prime abord le scepticisme était de mise, la claque n’en fut que plus intense. Le line up d’origine, composé de John Walker / Carl Stokes / Ian Buchanan, n’a rien perdu de sa verve et délivre un set tout en énergie et authenticité. Se concentrant uniquement sur les deux premiers essais “To The Gory End” (1990) et “Death Shall Rise” (1992) au détriment des trois derniers, Cancer frappe fort et veut faire découvrir l’essence même de sa musique, à savoir un metal extrême des plus old-school, lourd et sans fioritures mais avec le plaisir d’être sur scène. On est là pour aller à l’essentiel : La puissance destructrice. Ça marche et ça force le respect ! Le public qui pour la plupart découvre la formation se met vite au diapason, n’hésitant pas à soutenir le combo dans ses headbangings. Voilà le genre de reformation sincère qui fait plaisir à entendre, et encore plus à voir. C.F.C (Cancer Fucking Cancer) !

ENTOMBED A.D. (Dave Mustage) – Entombed est mort, vive Entombed A.D. ! Pour ceux qui n’avaient pas eu l’occasion de voir Entombed A.D. en live depuis le départ du guitariste fondateur Alex Hellid en début d’année et le rajout du suffixe A.D., ce vendredi aura a été l’occasion de se rattraper. Si la formation n’a pas eu l’autorisation de conserver le nom d’origine, il ne se prive pas pour autant de reprendre largement les titres qui ont fait sa notoriété. Du coup la presque quasi-totalité de la setlist est consacrée aux titres les plus connus (“I For An Eye”, “Living Dead”, “Wolverine Blues”, “Left Hand Path”, “Supposed To Rot”…), et seuls deux extraits de “Back To The Front” (“Pandemic Rage” et “Kill To Live”), leur premier album sous ce nom, sont interprétés. Si le chanteur, le légendaire L-G Petrov, est un peu moins en voix qu’à l’accoutumée, le guitariste remplaçant Johan Jansson (Interment, Moondark, Regurgitate, Uncanny…) fait son job. Le mythique groupe suédois death metal, pionnier de la scène mélodique, va mettre tout le monde d’accord avec un son ultra dantesque et une habilité hors du commun à pondre des riffs pesants bien gras sans, heureusement pour nous, en avoir l’attitude statique. Cela faisait sept ans que l’on attendait un nouvel album, nous voilà comblés avec en prime un groupe, qui comme à son habitude, est heureux d’être sur scène. Vive les rois !

TROLLFEST (Supositor Stage) – Déjà pendant les balances les Trollfest étaient en train de délirer entre eux. Cela promettait pour la suite ! Pourtant, soyons clairs : il allait tout de même être bien difficile pour eux de surpasser leur prestation du Hellfest. D’une part parce que les spectateurs seraient (et c’est tant mieux) beaucoup moins nombreux et d’autre part parce qu’une telle énergie est la conjonction de plusieurs facteurs qu’il serait bien difficile de retrouver malgré une setlist à peu presque similaire. Mais on peut tout de même faire confiance à la bande de joyeux lurons venus du nord pour mettre le feu. Servis par un jeu de lumières aussi tonique que leurs compositions les Norvégiens ne vont pas tarder à secouer la foule. Pendant que Lodd Bolt part en slam avec sa basse, le reste de la troupe transforme la scène et la fosse en joyeux bazar. Yer mat et santé ! Nous lance Trollmannen qui visiblement sait où il a mis les pieds (ndlr : yer mat signifiant “à la tienne” en breton). Voir une bande de metalleux slammer sur la désormais classique et incontournable reprise de Britney Spears “Toxic” (certes largement relevée à la sauce Trollfest) est toujours un moment assez surnaturel. Et que dire lorsque ces même metalleux reprennent en cœur “Papayou Papayou” de Carlos ! Les gars sont hilares et pas peu fiers de leur blague. Il y a de quoi avouons-le. Comme à leur habitude, les Trollfest ont su installer l’ambiance et entrainer le public dans leur délire. N’hésitant même pas à mixer “Solskinnsmedisin” et sa cabana party avec “Papayou”, histoire de nous en resservir un petit coup. Décidément ils n’ont peur de rien les gars ! La fiesta se clôturera avec “Helvetes Hunden GARM” sur laquelle quelques bénévoles viendront donner de la voix sur scène avec les Norvégiens. Et si vous n’en avez pas eu assez, une nouvelle chance vous sera donnée de remettre ça le 7 octobre prochain à Paris, au Nouveau Casino, où ils assureront la première partie d’Equilibrium (avec qui ils seront sur les routes européennes tout le mois d’ailleurs).

KREATOR (Dave Mustage) – Ce qu’il y a de toujours surprenant avec Kreator, et même après les avoir vus moult fois, c’est la décharge d’énergie dont ils sont capables dès la première seconde. Il s’agit d’une constante vraiment agréable. Par contre ce qu’il l’est moins c’est cette sensation d’assister toujours au même concert. Non pas que Kreator fait des concerts est en demi-teinte, loin de nous cette idée, mais on souhaiterait qu’il y ait un peu plus d’âme, un peu plus de personnalisation d’une ville à une autre. Ceci dit le public est venu en grande partie pour eux ce soir, et c’est tout naturellement que le concert débute sur les chapeaux de roues avec l’instrumental “Mars Mantra” suivi de “Phantom Antichrist”, repris en chœur par un parterre de fans tout acquis à leur cause. Fidèles à eux-mêmes, les patrons délivrent un set digne d’une tête d’affiche : Efficace et fédérateur. Malgré un set visuellement réduit (difficile de savoir si, selon les rumeurs, c’est la faute à une grève des bagagistes à l’aéroport d’Amsterdam ou si c’est du à l’interdiction de la pyrotechnie par le festival), on aura tout de même droit à quatre gros fumigènes expulsant leur nuage blanc opaque et des confettis à gogo. Piochant équitablement dans les titres forts de sa discographie, les Allemands imposent leur thrash à la face du monde avec brio et conviction, même si on aurait aimé avec un peu plus d’échange avec l’audience. Cependant l’ambiance de ce soir ne sera guère glaciale, il n’y a qu’à voir l’ébullition de la fosse pour constater que tous passent un bon moment d’euphorie. Au moins certains n’auront pas eu froid en cette soirée particulièrement humide. Très attendus en cette première journée, Kreator n’aura pas déçu, et conservera son statut de bon groupe de scène, mais ils n’auront pas surpris non plus.

MALEVOLENT CREATION (Supositor Stage) – Visiblement, le public était là pour Kreator. Résultat, aussi étonnant que cela puisse paraitre pour cette légende du death américain, c’est devant une foule relativement restreinte que Malevolent Creation va se produire. Il faut dire que la journée a été rude et qu’il commence à faire bien frisquet. Sans une (voir deux) petites laines, il commence à être difficile de résister et beaucoup prennent le chemin du camping dès la fin du set de Kreator. Tant pis pour eux. En tout cas, pour nous il était impossible de partir sans se prendre une dernière rasade de bon gros brutal death dans les oreilles. D’autant que plutôt rare en France, ils ont décidé cette année de sortir le grand jeu en faisant une tournée de festivals européens, et leur seul stop dans l’Hexagone sera… pour le Motocultor (que Phil Fasciana a décidé d’honorer en portant le T-shirt) ! Le moins que l’on puisse dire c’est que nous ne serons pas déçus. Malevolent Creation délivrera un set sans concession, tout en puissance, et brutalité. Une excellente façon de clôturer cette superbe première journée.

Il est deux heures du matin et la fatigue se fait durement ressentir. Même si quelques nuées ne nous ont pas épargnés durant l’après-midi cette première journée s’achève sur une note d’optimisme. En effet les deux prochains jours devraient être plus cléments. Il est grand temps à présent de regagner le camping pour une nuit bien méritée, avec au passage quelques péages gratuits; comprenez par là quelques bières gracieusement offertes par nos amis. C’est aussi ça l’esprit d’un festival, et en la matière le Motocultor fait fort. Le festival, tout comme le camping, étant à dimensions humaines, il est aisé de croiser et profiter de chaque personne présentes, et ça c’est un gros plus !

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