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MUDHONEY @ Le Trabendo (03/09/24)

Pour un cadeau de rentrée, c’est quelque chose. U-Turn Touring fête son anniversaire et n’y va pas avec le dos de la cuillère. Trois groupes pour le célébrer au Trabendo, l’agence bordelaise voit les choses en grand pour le plaisir du public. Pour un moche mardi soir où la pluie épargne tout de même la capitale, on se déplace sans souci pour Mudhoney.

Sonic infusion

Avec un début des hostilités à 19h30, SOWT commence son set d’une demi-heure devant une salle peu remplie. Une quinzaine de spectateurs, tout au plus. Le monde arrive progressivement, profitant de cette ambiance conviviale qu’offre le Trabendo. Mais la faible affluence devant la scène ne va pas durer, car le quatuor de noise rock livre son premier morceau avec une puissance qui ne tombe pas dans l’oreille de sourds. Fraîchement arrivé des Pays-Bas, le groupe a tout pour plaire. Une bassiste qui donne de la voix, des guitares qui rugissent ou sonnent avec une clarté déconcertante, cela ne vous dit rien ?

Sans être une copie conforme de Sonic Youth, cette première partie puise intelligemment dans le style de la formation new-yorkaise. Le premier album Kids Hurting Kids est à l’honneur. Des larsens de “Crystal Meth” au changement de tempo explosif de “Stupid Kids”, les sales gosses de Søwt sont une excellente surprise. Et bien que la fosse ondule poliment de la tête, elle est désormais bien remplie. Les applaudissements entre chaque morceau sont sans retenue. Un plaisir partagé pour une première partie à suivre.

Where the flavor is

Le temps de traîner au bar et de se remettre de la scène underground d’Eindhoven, KID CONGO & THE PINK MONKEY BIRDS termine ses réglages. Changement d’ambiance. Tout de blanc vêtu, nous rappelant Cab Calloway, Brian Tristan alias Kid Congo est prêt à nous faire voir du pays. Blues, garage rock, punk et rockabilly sont distillés de la manière la plus communicative possible. Le chanteur-guitariste prêche un public de convertis qui s’amasse au plus près de la scène. Une véritable communion avec une foule très dansante. Le trio de musiciens l’accompagnant est à la hauteur de sa carrière. On croule sous les riffs charmeurs et ravageurs.

Le leader nous fait voyager à travers sa riche discographie. Une reprise des Cramps et deux morceaux de The Gun Club, Kid Congo dévoile son bagou et son bagage. Il introduit chaque musicien et chaque morceau est parsemé d’anecdotes. Un peu moins d’une heure sans faille où flirtent tant de styles, en anglais et en espagnol dans le texte. Car du chemin a été parcouru par ce musicien Latinx queer, et on ne peut que tirer notre chapeau !


What the fuzz is all about

Cinq minutes de retard au programme, c’est pardonnable. Foulant pour la troisième fois en quinze ans le Trabendo, l’accueil est plus que chaleureux. Néanmoins, il est étonnant de constater que la salle n’est pas pleine pour le quatuor de Seattle. Il faut dire que MUDHONEY ne rate jamais une occasion de se produire en France, pourtant à un prix qui rappelle celui des concerts d’il y a quinze ans.

Pas le temps de niaiser, les premières notes de “If I Think” nous traversent la peau. La voix lancinante de Mark Arm est intacte, et ses cris toujours aussi vigoureux. Le temps ne semble pas avoir de prise sur les musiciens. Hormis les cheveux blancs, nous voilà de retour en 1988. La fosse jusqu’alors très sage se déchaîne sous les solos dégoulinants de Steve Turner. Même sur les nouveaux titres. Le dernier album Plastic Eternity (2023) est à l’honneur ce soir. Pas moins de six morceaux, tous d’excellente facture et fonctionnant parfaitement en live.

Piece of cake

Ce sont les titres plus anciens qui déchaînent plus vivement les passions. Bien que le rythme ne faiblisse pas, l’apothéose d’un public en folie a un nom : “Touch Me I’m Sick”. Paroles scandées à tue-tête, slams torse nu, on en prend plein la figure sous les fûts martelés par Dan Peters. Le groupe, qui ne s’est jamais défini comme grunge, prend un malin plaisir à jouer avec ses conventions. Il est vrai que les cantonner à ce genre serait réducteur. Mais plus important que les étiquettes, le plaisir de jouer ensemble est palpable pendant tout le concert.

After 36 years, the time is right for a love song from us.” Une partie de la salle s’attend à la reprise des Dickies, “Hate The Police”, absente de leur set ces dernières années. Raté, le groupe entame “Little Dogs”, tiré du dernier disque. Une occasion manquée pour marquer le coup, surtout dans le climat politique actuel. Cela n’empêchera pas les spectateurs présents de vivre intensément une déflagration sonore comme on en vit rarement. De plein fouet et de très près.

Vanishing point

De si près que lors du rappel, un membre du public débranche par mégarde la guitare de Mark Arm lors du très attendu “You Got It”. Hilares, les aléas du direct n’empêchent pas le quatuor d’enchaîner deux autres morceaux. C’est sur un “In’n’Out Of Grace” exceptionnel avec un Guy Maddisson survolté sur sa quatre-cordes que se termine la soirée.

Tandis qu’une partie de la foule traîne pour une dernière cigarette, la majorité se dirige vers les transports en commun pour rentrer chez elle. Mudhoney nous a fait oublier la rentrée le temps d’une soirée survoltée. Une prestation menée de main de maître, vraiment. Vivement la prochaine fois !

Mudhoney Setlist Le Trabendo, Paris, France, European Tour 2024

1 Commentaire

  1. effectivement, Mudhoney prouve qu’il est le dernier représentant et le plus authentique de la vague Grunge plus de 30 ans après ses débuts (avec les Melvins). Alice In Chains et Pearl Jam sont légèrement surcotés. Il ne faut pas hésiter à aller les voir à La Clef de Saint-Germain le 03 octobre

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