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MUMFORD AND SONS @ Zénith (22/05/16)

Connue pour son style traditionnel et ses compositions aussi efficaces les unes que les autres, la formation anglaise Mumford & Sons était de passage à Paris en cet avant-dernier dimanche de mai afin de défendre une nouvelle fois dans l’Hexagone son long-format “Wilder Man”, dans les bacs depuis 2015. Après l’Olympia donc, c’est au tour du Zénith De Paris d’accueillir l’orchestre pour un événement exclusif qui manifeste largement l’engouement des Français autour du groupe de Marcus Mumford.

Avec comme objectif celui de chauffer la salle avant l’arrivée des Britanniques, quoi de mieux qu’un instrumentiste aguerri et actif depuis les années 90 ? Anciennement lead-guitariste de The Coral, c’est désormais en solo que BILL RYDER-JONES continue sa route, dans un tout autre registre. Finies les mimiques rock mignonnes et communes, place est faite pour un genre plus noise, dans la lignée de son dernier essai “West Kirby County Primary” (2015). Entre changements de rythme revendiqués, couplets aux guitares et voix timides, l’heure est à l’écoute de cette personne sensée, ne manquant pas de rajouter du peps à sa performance avec l’aide de ses camarades. Chaudement applaudie par le public, la troupe offre, vers la fin de son set, une longue phase instrumentale harmonieuse et explosive – en quasi contradiction avec le ton grave de Bill Ryder-Jones -, qui sera vivement remerciée. Mission accomplie.

 

 

Entre le backdrop géant à l’effigie des Anglais et les projections sur les murs des fameuses ailes, difficile de passer à côté du groupe qui va suivre. Plus le temps passe, plus les gradins se vident et la fosse se condense. Mais qu’importe, puisque tout le monde aura l’occasion de voir débarquer MUMFORD & SONS. Accueilli par une standing ovation, c’est entouré de sa formation live et de néons lumineux bleus et rouges que le line up original, composé de Marcus Mumford (chant/guitare/batterie), Winston Marshall (chant/guitare/banjo), Ted Dawne (chant/bassiste/contrebasse) et Ben Lovett (chant/claviers), débute le concert avec “Snake Eyes”. Un morceau en électrique connu du bout des doigts par la masse et physiquement impressionnant, de par la portée des coups de grosse caisse influant sur le rythme cardiaque. Mais ce dernier sera vite adouci par une seconde chanson à l’accent folk et traditionnel, le tube planétaire “Little Lion Man”.

 

 

“Si vous êtes actuellement en gradin, vous n’êtes bien sûr par obligés de rester assis”, finit par lancer Marcus Mumford, d’humeur taquine ce soir. Et au vu du programme, il y a de quoi comprendre l’euphorie visible de la troupe. Couvrant de façon égale les différents chapitres historiques du groupe (“Sigh No More” (2009), “Babel” (2012) et “Wilder Mind” (2015)), le set alterne avec parcimonie entre mélodies acoustiques à base de banjo et de cuivre (“Awake My Soul”, “Ghost That We Knew”, “The Cave”) et chansons rock puissantes (“Wilder Man”, “Tompkins Square Park”). Le tout, réalisé justement, ponctué par des interludes instrumentales, quelques discours dans un français maladroit mais néanmoins volontaire et même un bain de foule du chanteur.

 

 

Au delà de l’aspect scénique quasi-irréprochable – “Lover Of The Light”, avec le frontman derrière les fûts, reste une expérience mémorable -, la magie opère surtout là où la spontanéité et la tentative sont de rigueur. Quelle agréable surprise de découvrir en plein milieu de soirée l’artiste sénégalais Baaba Maal avec qui les Britanniques ont composé leur prochain EP “Johannesburg” (à paraître le 17 juin prochain), accompagné de Mamadou Sarr pour deux titres, dont “Si Tu Veux” pour la première fois jouée en live. Mélange d’anglais et de français, cette diversité culturelle n’avait encore jamais mis les pieds en dehors de l’Afrique du Sud. Puis, de retour dans la course, c’est sous des étincelles que “Dust Bowl Dance” clôture faussement la soirée, avant le – long – rappel du quatuor, lui aussi jovial. Entre le retour de Baaba Maal pour “Wona”, la reprise du “I’m On Fire” de Bruce Springsteen et le duo final “I Will Wait” / “The Wolf”, même les plus indécis d’entre nous ne peuvent résister face à une telle bonhomie.

 

 

Mumford & Sons réussit une nouvelle fois le pari fou d’unir une fosse et une formation en un seul et unique ensemble, où l’art prend le pas sur le réalité. Avec une musique pleine d’espoir et de douceur, les Anglais confirment qu’ils ont finalement trouvé la recette pour conquérir une bonne fois pour toutes le monde… en chanson !

Setlist :

Snake Eyes
Little Lion Man
Awake My Soul
Wilder Mind
Lover Of The Light
Tompkins Square Park
Believe
Broken Crown
Ghosts That We Knew
Si Tu Veux
There Will Be Time
The Cave
Ditmas
Dust Bowl Dance
—-
Hot Gates
I’m On Fire
Wona
I Will Wait
The Wolf