My Dying Bride ne fait pas partie de ces groupes qui passent leur temps sur les routes. Pour preuve, ses passages en France hors festival se comptent sur les doigts d’une main alors qu’il fête tout de même ses vingt cinq ans de carrière, fort d’un excellent album “Feel The Misery”. Un concert de la formation est donc un petit événement en soi !
Les musiciens de OCEANS OF SLUMBER, tout droit venus du Texas, accompagnent les Anglais sur ces quelques dates européennes. Jeune formation encore inconnue en Europe, son style est un melting pot de progressif, doom/death et… pop. Car oui, aussi surprenant que cela puisse paraître, la chanteuse du groupe a une voix très claire qui pourrait la voir aisément en tant que frontwoman d’un groupe de pop grand public. Mais cela n’est en rien péjoratif car l’ensemble reste plutôt agréable à écouter. Démarrant de manière surprenante par un titre très calme, le set se terminera sur une reprise plutôt intéressante, si on omet une batterie trop présente et pas assez subtile sur la fin, du tube “Nights In White Satin” (1967) de The Moody Blues. Une prestation qui, sans laisser l’audience bouche bée, n’aura pas été désagréable et aura permis de patienter calmement avant la tête d’affiche.
On est relativement loin du sold out ce soir, ce qui est surprenant quand on connait la rareté des sorties live de MY DYING BRIDE, mais la salle est tout de même bien assez remplie pour ne pas avoir cette sensation parfois gênante de vide. Il est toujours surprenant de voir un groupe du style des Bradfordiens dans un Nouveau Casino plus réputé pour ses soirées club et dont la scène est surplombée d’une boule à facettes. Mais fi de ces détails qui n’entacheront en rien le set. Les musiciens investissent la petite scène sur les premières notes lancinantes de “Your River” (“Turn Loose The Swans”, 1993) qui laissent rapidement place aux gros riffs du duo Andrew Craighan / Calvin Robertshaw récemment réuni. Puis après quelques minutes l’impressionnant frontman Aaron Stainthorpe, tant par la taille que par la prestance, fait son entrée scénique et vocale. Le funeste univers des six Britanniques se referme instantanément sur qui accepte de se faire embarquer, et c’est parti pour une heure trente de sincères et sombres émotions. Le son est très bon et rend totalement justice à la moindre sonorité de la musique du combo, que ce soit le clavier, le violon, les riffs tantôt lourds tantôt lancinants, ou la section rythmique. Quant à la voix, elle est tout simplement impressionnante. Le chanteur maîtrise aussi bien son chant plaintif si caractéristique que ses profondes vociférations. Point de vue jeu de scène, rien de grandiloquent et l’ensemble est statique mais colle parfaitement à la musique et l’univers et n’ennuie à aucun moment. Le frontman vit les compositions à 100%, et c’est en ressentant sa souffrance qu’on l’observe parfois se coucher sur scène, plonger la tête au creux de ses mains, ou encore fixer droit devant lui les yeux brillants emplis de tristesse ou de colère. Pas étonnant que la formation fasse le choix de limiter les dates et de privilégier la qualité tant un show semble littéralement éprouvant pour lui.
Niveau setlist, un bel effort a été fait par le groupe afin de représenter au maximum sa riche discographie. Chose peu aisée quand on connaît la longueur moyenne des morceaux qui ne permettra que douze “petits” titres ce soir. Le dernier album, représenté par trois extraits, apporte une relative “fraîcheur” (rappelons tout de même que nous parlons ici de My Dying Bride) avec des compositions aux passages parfois plus rapides et “aérés” que par le passé.
Pas de rappel, pas de bla bla, la bande finit son set et quitte la scène aussi sobrement qu’elle l’avait investie, avec classe et humilité.
Quand on parle de My Dying Bride, on ne peut plus simplement parler d’assister à un concert. Car il s’agit bien de vivre une puissante expérience, celle d’une prestation sincère et pleine d’émotions. Mais le tout sans jamais tomber dans un glauque, un dépressif et une surenchère faciles. My Dying Bride, c’est un univers sombre et extrême, mais celui d’une classe extrême et d’une beauté sombre.
Setlist :
Your River
From Darkest Skies
And My Father Left Forever
My Body, A Funeral
Feel The Misery
Thy Raven Wings
The Prize Of Beauty
Erotic Literature
To Shiver In Empty Halls
The Cry Of Mankind
Like A Perpetual Funeral
She Is The Dark