Avec deux ans de retard, New Model Army peut enfin fêter ses quarante ans de carrière. Sur cette tournée anniversaire de trente-quatre dates, les Anglais promettent des sets de trois heures ! Vont-ils tenir une telle cadence ? Retour sur une soirée exceptionnelle.
Pas de première partie donc, place directement à NEW MODEL ARMY. La soirée commence en douceur avec Justin Sullivan jouant seul à la guitare acoustique “Family Life”. Il est ensuite rejoint par les autres membres pour un premier set vibrant d’émotions, mais aussi d’hymnes politisés. Justement avant “Frightened”, le frontman s’excuse presque de l’avoir écrit il y a longtemps, en des temps moins durs. Qu’importe car dans la salle, l’ambiance est bon enfant. La bière coule à flot et les fans crient les paroles en levant les bras comme si leur vie en dépendait. Cette première partie se termine sur l’intense “Red Earth”, introduit par une anecdote sur son écriture en Afrique Du Sud à la suite de l’achat d’un marimba à 1$.
Un verre et cela repart
Une pause de quinze minutes pour éliminer la première pinte et en commander une seconde, les spectateurs trépignent déjà d’impatience. Ils vont être servi ! Le deuxième set est beaucoup plus violent que le premier qui était plus dans l’émotion. “On commence par le début ?“, demande Justin. Débute ainsi “Christian Milita” du premier album Vengeance sorti en 1984. Les paroles “Worshiping the devil in the name of God” sont reprises par toute la salle, la preuve que la pause n’a pas cassé l’ambiance !
Durant une heure trente, le groupe comme l’audience donnent tout. Certains titres incontournables comme “1984”, “Here Comes The War”, “Born Feral”, “Vagabond” et “Ballad Bodmin Pill” mettent le public en transe. Des premiers rangs qui pogotent aux escaliers du fond, tout le monde chante les paroles en chœur. On sent une véritable communion entre la formation et ses fans. Groupe qui livre une performance impeccable ! La voix de Justin Sullivan est d’une puissance folle et gagne même en intensité et en émotion au fur et à mesure de la soirée. C’est à se demander comment il fait tant l’air est étouffant au Trabendo. Et que dire de Ceri Monger, tout simplement monstrueux à la basse. Il headbangue et arpente son côté de la scène comme s’il faisait partie d’un groupe de metal et apporte une vraie dynamique à l’ensemble. Dean White et Michael Dean ne sont pas en reste, même si leur présence est plus discrète.
Fucking Brexit
Le frontman prend régulièrement la parole pour dénoncer les extrémistes populistes qui arrivent au pouvoir aux quatre coins du monde (il donne l’exemple des États-Unis, de la Russie et de la France en déclinant le slogan de campagne de Trump). Le Royaume-Uni en prend aussi pour son grade avec ce “fucking Brexit” et le thatchérisme. Même lorsqu’il commence en faisant une blague sur les Français qui disent réellement “oh la la“, il ne peut s’empêcher de ramener cela à la politique. Comme lorsqu’il introduit “Fate” en nous souhaitant bonne chance pour ce qui arrive : “Whatever it’s gonna take, it’s gonna take a lot of attitude“.
La belle surprise de ce concert, c’est de (re)découvrir des morceaux cultes dans des versions arrangées ultra efficaces en live. Le son est excellent et rend justice au travail de NMA pour moderniser et donner une nouvelle dimension à ses chansons, qui gardent leur âme punk malgré tout. La setlist est un savant mélange de toute la discographie de New Model Army, avec une place de choix pour Thunder And Consolation (six chansons sur trente).
Trois heures ou trois minutes ?
Le deuxième set s’achève au bout d’une heure et demi sans temps mort. Quelques minutes de pause et revoilà déjà le groupe sur scène pour le rappel. Justin Sullivan plaisante en demandant qui a eu l’idée de nous promettre un concert de trois heures. “No Rest” -qui porte décidément bien son nom-, le culte “51st State” et “I Love The World” dont les refrains sont repris en chœur par toute la salle clôturent la soirée. Des paroles rassurantes “Take care. Somehow we’ll make throught it.” et des remerciements chaleureux plus tard, NMA se retire en coulisses. Pour de bon cette fois-ci.
Mission accomplie : quarante ans de carrière en trois heures ! Le pari était risqué mais New Model Army a fait preuve d’une endurance et d’une énergie formidables. On n’aurait pas dit non à trois heures supplémentaires !