Malgré les tragiques événements survenus à Paris il y a deux semaines, le “Endless Forms Most Beautiful Tour” a décidé de maintenir son concert dans la capitale. Bien s’en fasse puisque le concert de ce soir affichait sans grande surprise sold out.
En tant que plus vieux groupe du plateau (premier concert à Paris en 1994 !), AMORPHIS est ici en terrain connu. Les premiers titres, issus du douzième album “Under The Red Cloud”, font l’effet d’une bombe dans une salle toutefois peu remplie. La voix de Tomi Joutsen est claire et le son des instruments, limpides, desservent une sorte de metal progressif. Mais une première partie a le droit de réserver des surprises et c’est ce que fait Amorphis en revenant à ses premières amours sur “Drowned Maid” tiré de “Tales From The Thousand Lakes”. La voix gutturale en surprend plus d’un, mais le combo semble savoir ce qu’il fait et il le fait bien. Cette set list best of revisite brièvement les dernières sorties du sextuor, avant de se ponctuer sur la traditionnelle “House Of Sleep”, dont la mélodie principale fera vibrer une audience attentive mais non pas moins excitée d’entendre la suite ! A revoir très vite en tête d’affiche le 26 mars prochain au Petit Bain (Paris).
Place maintenant aux Suédois d’ARCH ENEMY, dont le line up a pas mal changé. 2014 a vu l’arrivée de l’Américain Jeff Loomis (Nevermore) au poste de guitariste et de Alissa White-Gluz (ex-The Agonist) au poste de chanteuse. C’est sur un “Yesterday Is Dead And Gone” que le groupe fait son entrée fracassante sur scène. Premier constat : Arch Enemy n’a ni perdu de son agressivité (“Stolen Life”), ni de son sens légendaire de la mélodie, avec des solos en polyphonie à couper le souffle (“You Will Know My Name”). Même si la voix d’Alissa est proche d’Angela Gossow, cette dernière a moins de coffre que l’Allemande. Mais la Canadienne a ses arguments à elle, à commencer par un français qu’elle maîtrise à merveille et qui rend touchant son hommage aux victimes des attentats. Elle sait aussi déchainer les foules, demander des wall of death, courir à chaque extrémité de la scène en agitant un drapeau à l’effigie de la formation. Arch Enemy pioche la plupart de ses morceaux dans ses deux dernières offrandes : “Khaos Legions” et le très acclamé “War Eternal“. Et si les hits ont un peu manqué à l’appel, “Ravenous” et “Nemesis” viennent consoler les fans de la première heure, car comme l’écrivait si bien Angela et comme le chante si bien Alissa ce soir, “one for all, all for one, we are strong, we are one” et c’est ce que le public est venu chercher ce soir : de la force dans l’agressivité mêlée à de l’espoir dans les mélodies d’un groupe qui, après vingt ans, ne faiblit ni dans l’un, ni dans l’autre.
Après trente minutes d’entracte, NIGHTWISH investit la scène pour défendre son huitième album “Endless Forms Most Beautiful”, sorti en mars dernier. C’est donc sans surprise que les Finlandais entament leur set par un “Shudder Before the Beautiful” très musclé. Les musiciens sont en place, chaque instrument ressort bien (mention spéciale au son de guitare tranchant) et la voix de Floor Jansen, qui a rejoint la bande il y a deux ans, est parfaitement audible (“Elan”). Les meilleurs titres sont ceux sur lesquels Floor et le bassiste Marco Hietala se partagent le micro (“Yours Is An Empty Hope”, “Weak Fantasy”). Le musicien apporte un caractère viril à la musique. Différents décors insufflent des couleurs supplémentaires aux chansons, mais l’ensemble flirte trop avec le kitsch. Le sextuor a misé sur une imagerie inhérente à son pays : de la neige, des beaux paysages, des aurores boréales et même un trio d’oiseaux dont la teinte douteuse provoquera des sourires dans l’assemblée. Les effets pyrotechniques donnent par contre du poids à la performance.
Malheureusement, Floor est rattrapée par des classiques que sa voix n’est pas en mesure d’endurer : si globalement elle s’en sort bien sur “Wishmaster”, les ballades “Ever Dream” et “Sleeping Sun” ne sont, vocalement parlant, pas une réussite. La sensibilité et le timbre de Tarja Turunen manquent à l’appel. Marco félicite le public parisien d’avoir fait le déplacement et nous gratifie de la magnifique ballade “While Your Lips Are Still Red” à la place de “The Islander” joué les autres soirs. Au fil du set, les membres reviennent à leurs succès avec le hit “Nemo”, “Stargazers” et “Ghost Love Score” dont les arrangements symphoniques et les chœurs ne laissent pas l’audience indifférente. Nightwish tire finalement sa révérence sur le sublime final “The Greatest Show On Earth”, une pièce de vingt-cinq minutes dont les trois premiers chapitres sont joués. C’est un Nightwish plus spirituel qui s’offre à nous, mettant en avant les belles parties de claviers de Tuomas Holopainen, un peu discret ce soir.
Les Finlandais rendent les armes après deux heures de bataille, laissant des milliers de sourires profiter du chapitre quatre et cinq de ce qui aura été pour beaucoup, sans mauvais jeu de mot, “le plus grand concert de la planète”.
Setlist :
Shudder Before The Beautiful
Yours Is An Empty Hope
Ever Dream
Wishmaster
My Walden
While Your Lips Are Still Red
Elan
Weak Fantasy
7 Days To The Wolves
Alpenglow
Storytime
Nemo
Stargazers
Sleeping Sun
Ghost Love Score
Last Ride Of The Day
The Greatest Show On Earth