Ce jeudi 23 juin 2011, les filles de I-Scream Asso nous accueillent dans la cave du Klub, un public (très) jeune se tasse sous les voûtes de pierres de la rue St. Denis. Au programme des festivités : trois groupes français qui font comme les anglais et qui ne sont pas dégueux à ce petit jeu ! Une british invasion en trois vagues : Crackity Flynn, Kid North (dont c’est la première scène) et Ninja Wolf II.
Ouverture de Crackity sur une intro puissante, très indie rock. Chant mélodique, guitare syncopée et aérienne, basse d’ambiance, la batterie s’envole dans une nuée de crash et de grosse caisse. Un trio mods, dans le sens moderne du terme, influencé par The Drums ou Adam Kesher, leurs contemporains de Bordeaux. La deuxième chanson un brin britpop, enchaine mélodies reverbées, basses rondes et chaudes, et batterie militaire, le tout agrémenté d’un chant nostalgique du début de The Cribs soutenu par un refrain du bassiste. Un trio power pop efficace. Les personnes présentes sous les voûtes du Klub bougent nonchalamment la tête au rythme des breaks de caisse claire. Une rythmique entrainante dans l’air du temps rien d’extraordinaire, mais définitivement plus agréable et créatif que nombre de groupes jouant sur la scène parisienne. Un groupe sympathique qui échange avec le public. Martin (basse) pose vraiment les bases musicales de cette formation. On ressent qu’il est un pilier autour duquel les autres musiciens gravitent pour produire un son qui leur devient propre, le “déjà-vu/déjà-entendu” reste au stade d’impression. Mathias (guitare) pose des rythmiques entre pop et disco, une musique qui fait bouger la tête autant que les pieds, on s’active dans la cave, l’atmosphère devient lourde et tonique, même les rares punks présents se mettent à headbanger en rythme. Clôture sur une chanson de l’été, un peu surf sur la basse, très dynamique, le batteur révèle enfin ses talents cachés, et merde, il est bon ! Une belle conclusion pour ce trio français d’indie pop rock, pas assez fashionable pour jouer en showcase au Baron mais assez underground pour avoir fait sautiller la fosse de l’antre du Klub ! Et c’est tant mieux ! Welcome to Paris, England !
Mathieu, un chanteur/guitariste aux allures de geek, Gary, un second guitariste chevelu, Axel, un bassiste discret, et Gregory, un batteur à moustache simplement hallucinant derrière les fûts, forment le quatuor rock Kid North. C’est bon, même très bon, dès les premiers accords de guitares. Une ballade dans un univers dopée à la bière, aux filles, aux guitares crunch et à la power pop que l’on peut observer chez “Fire Fox” ! Les mecs de Kid North déménagent et nous emmènent avec eux. Mélodies vocales avec une batterie jouant son rôle rythmique à merveille, les guitares chantent tel un chorus d’opéra rock. Le bassiste tricote son Epiphone Thunderbass avec une aisance déconcertante. Dr. Feelgood avait créé le pub rock, Kid North crée le club rock ! Les jambes bougent toute seules, les corps se rapprochent, les têtes vont d’avant en arrière sur le rythme de la grosse caisse, une hystérie collective s’empare de la cave du club, maintenant chauffée à blanc. Tonnerre d’applaudissements pour ces mecs aux Telecasters qui jouent pour la première fois en public. Ce 23 juin, deuxième jour de l’été, donne envie de vacances avec Kid North. La chaleur délivrée par les amplis, la clarté aveuglante des notes de batterie, la lourdeur de la basse, on se sent sur la route des plages avec une envie de faire la fête jusqu’à la rentrée ! Les années 60 ont eu leur “Summer Of Love”, les années 2011 auront leur “Summer Of Rock”.
Un duo pop punk, guitare lourde soutenue par un chant puissant mais clean, la batterie fait office de basse en plus de vomir un son venu des méandres de l’underground. Un couple qui déchire autant sur scène que nos tympans. Les amplis réglés sur maximum overdrive délivrent un son garage californien. Les mecs de Ninja Wolf II envoient le bois et droit dans ta gueule ! Le guitariste fait chanter sa gratte en guise de chorus, rare chose pour une Strat. Le son qui en ressort est binaire et efficace, intermèdes audio chaotiques dans le bon sens du terme, Ninja Wolf II ne lâche pas l’affaire et fait monter la pression aussi vite que le public descend des bières (pression également). Le batteur hyperactif s’occupe de scander les paroles comme autant d’appels à la rébellion ! La clôture de cette attaque indé s’opère sur une intro rock saturée secondée par un zapping radio qui reprend “Iron Man” De “Sabbath”. Le chanteur guitariste se donne en pâture au public assoiffé de riffs, la fosse s’en délecte avec en guise de sauce des riffs saccades de power chords en larsen sur les amplis orange de 200w. La mayonnaise a pris, personne ne peut s’arrêter de bouger, une danse de Saint Guy collective en l’honneur de Ninja Wolf ! Grosse interaction entre les musiciens qui pousse le public à se rapprocher. La cave tremble sous les applaudissements ! Ce duo est surement un des plus efficaces en termes d’énergie, de puissance, et d’occupation d’espace croisé à Paris. Une claque qui réveillerait même le mec bourré au fond de la salle qui dort sur les baffles de retour.
En somme, I-Scream Asso a encore bien réussi son coup en organisant cette soirée qui avait un réel fil directeur, dans lequel chaque groupe a pu s’exprimer et donner un aperçu de son univers propre.
Crédit photos : Baptiste Fernandez