Nouveau concept RYL! : au moins une fois par mois, retrouvez un live report d’un concert écrit par un musicien de la scène française avec ses impressions mais aussi l’actu de son propre groupe. On commence avec Steve, chanteur du quintette parisien metal extrême/progressif The Bridal Procession, qui a endossé le rôle de reporter à l’occasion du concert de Norma Jean !
Ce soir là au Divan Du Monde, nos oreilles allaient mourir, c’était prévu, et nous étions là pour ça. Les légendes du post hardcore chaotique The Chariot et Norma Jean sont de retour en France pour notre plus grand plaisir à l’occasion de la tournée européenne “Evil Tiger Vulture”. Après des années de succès intense, de flou, de déceptions, après cinq albums/EP chacun et des tournées dans le monde entier depuis plus de dix ans, ils sont toujours présents, et toujours les leaders indétronables du genre. Pour ouvrir le bal tout au long de cette tournée, les canadiens de Dead And Divine et les parisiens d’Admiral’s Arms auront du boulot.
Les petits chouchous parisiens ouvrent donc le bal devant un public encore réduit et timide mais ça n’empêche pas les marins “bicurieux” de nous balancer leurs meilleurs morceaux à la chaine, anciens comme nouveaux tels que “Exposure”, “I Know How To Define Zero”, ou encore une première écoute live de leur tout nouveau single (dont le clip est sortie seulement une heure avant ce concert) “We Both Saw That Bear” montrant un coté bien plus mélodique et vaste à ce mur de son dissonant qu’est Admiral’s Arms. Hendrik (chant) et sa langue honnête bien pendue sont bien évidemment là pour rendre les transitions entre les chansons moins desertiques ainsi que le rituel (pour les habitués du groupe en concert) de crachage à la figure entre Hendrik et Matthew (basse) toujours bien présent pour le plus grand plaisir des autres membres qui se prennent parfois les ratés. Le groupe finira sur un “The Park” très lourd et planant avec un Matthew déchainé allant jusqu’à descendre dans la fosse pour motiver le public sceptique à se rechauffer un bon coup, pour ensuite finir par lancer sa basse sur scène et clôturer un set digne des plus grands de cette scène post hardcore internationale.
Les canadiens de Dead And Divine entrent à leur tour sur scène devant un Divan Du Monde se remplissant au compte-gouttes. Pour être honnête avec vous, je ne connaissais ce groupe que de nom avant aujourd’hui et croyez moi je m’en mords maintenant les doigts. Dead And Divine ont été pour moi la découverte de ce début d’année en live, un coté rock n’roll très propre à cette tournée bien évidemment, mais délivré d’une façon plus “pop” si vous me permettez l’expression, grâce à un chant clair assumé et toujours très bien réalisé, notamment sur les titres “Antimacy” ou “Carcinoma” où les montées claires pourraient sortir de la gorge d’un jeune Chino Moreno (dont le groupe a d’ailleurs repris il y a peu le morceau “Lotion”). Cette formule rappelant fortement la musique des anglais d’Architects. Une attitude scénique pleine d’énergie et d’enthousiasme, enthousiasme qui commence d’ailleurs à se faire sentir dans toute la salle. Un reveil du public ? Et bien oui, il aura fallu du temps pour rechauffer nos parisiens adorés ce soir, mais Dead And Divine ont assuré LE show parfait pour se présenter à la France. A noter une apparition éclaire de Stephen (The Chariot) en milieu de set qui sautera directement dans l’audience pour faire son featuring.
Maintenant place à un groupe que j’ai vu plus d’une fois depuis mes 15 ans et que je considère toujours comme incroyable en live. Vous vous en doutez je parle évidemment. Des tarés de The Chariot. Les chrétiens les plus déjantés de la planète. La formation nous offre un faux départ après la mort d’une des têtes d’amplis de Brandon (guitare) dès le premier accord, mais ces quelques secondes de flou ont très vite été éclipsées quand les premières dissonances ont fait trembler les murs de ce théâtre burlesque. Le public est dès la première seconde en pleine euphorie et chante chaque parole comme une récitation scolaire de la bible post hardcore. Ce que j’adore avec ce groupe, c’est qu’être là où ils sont les rend heureux, et ça se voit à chaque concert. Josh (chant) n’en cessera d’essayer de remercier l’assemblée dans le peu de français qu’il connaît. Comme à leur habitude, les membres changent et échangent leurs instruments au cours du set, Josh prendra la basse de Jon (basse) dès que celui-ci décide de faire le tour de la salle en crowd-surfing. Jon subtilisant un des fûts de David (batterie) pour s’occuper des parties rythmiques, ou encore le duo vocal Stephen (guitare) / Jon laissant Josh se reposer quelques instants. Quand Jon décide enfin de reprendre sa basse, c’est ensuite pour s’échapper de la salle et aller jouer dans l’entrée pour le plaisir… des vigiles. En quelque sorte un “Jon show” comme à son habitude. Le moment clé étant le public reprenant en cœur la mélodie de fin du magnifique “The City” tel un stade en folie. Ce nouvel album “Long Live” est personnellement mon préféré et ça se confirme sur scène. Petit bémol tout au long du set mais qui au final fait toujours partie d’une expérience The Chariot, un son plutôt mauvais du début à la fin. Mais ce n’est pas pour ça que les fans sont là. Dur dur pour les papa de Norma Jean de passer après un rouleau compresseur comme The Chariot.
En parlant du loup. Enfin 30 minutes après (Norma Jean sera le seul groupe de la soirée à ne pas jouer sur la batterie d’Admiral’s Arms). Norma Jean entre en scène, bien évidemment et visiblement devant un public complètement acquis, avec un son justifiant cette longue attente. Le son est clair et précis pour retranscrire la tempête dissonante et chaotique qu’est Norma Jean dans des conditions optimales. Les chansons s’enchainent sans réelle interaction avec le public même si le cœur y est, la barrière du language semble difficile à percer pour certains groupes. Des morceaux considérés comme des classiques pour les fans tels que “Robots: 3, Humans: 0”, “A Grand Scene For A Color Film” ou encore “The End Of All Things Will Be Televised” et “Dilemmachine: Coalition, Hoax”, nous montrent que malgré la perte de vitesse du groupe ces dernières années, les fans de la première heure sont toujours là pour accueillir le groupe comme il se doit. La ligne favorite du public “Like bringing a knife to a gun fight” répétée en cœur par un Divan Du Monde bouillonant d’envie de tout casser sera le passage du chaos maitrisé au chaos total. Avec pour leader un Cory Brandan (chant) un peu mou et bedonant mais tout de même là pour assurer le show et même pousser un de ses fans à sauter du balcon de la salle (ce que ce jeune homme a fait, sous les applaudissemments de toute l’assemblée) avant de commencer “Bayonetwork: Vultures in Vivid Color”. Norma Jean concluera bien évidemment avec LE single “Memphis Will Be Laid To Waste” comme à chaque fois en duo avec Josh (The Chariot), qui pour ceux qui ne sont pas familiers avec ces groupes depuis leurs débuts est le chanteur d’origine de Norma Jean qu’il a quitté juste après la sortie de “Bless The Martyr And Kiss The Child” (2002) pour commencer The Chariot. Un moment puissant pour terminer une soirée à 200 à l’heure.
Le concert de ce soir fut très bon dans l’ensemble sans aucune mauvaise prestation, ce qui fait vraiment plaisir car malheureusement ça devient de plus en plus courant. La médaille d’or pour The Chariot bien évidemment qui ont encore en grande partie fait de cette soirée ce qu’elle a été, ainsi que la médaille d’honneur à Dead And Divine pour cette découverte explosive. J’ai eu vent de couloir que The Chariot serait de retour très bientôt entre leurs festivals d’été…A suivre.
Setlist :
Leaderless And Self Enlisted
A Grand Scene For A Color Film
Face:Face
Robots: 3, Humans: 0
Dilemmachine: Coalition, Hoax
Bastardizer
The End Of All Things Will Be Televised
Bayonetwork: Vultures In Vivid Color
A Small Spark vs. A Great Forest
The Anthem Of The Angry Brides
Memphis Will Be Laid To Waste
Vipers, Snakes, And Actors
Crédit photos : Jennifer Wagner
L’actu de The Bridal Procession :
Nous sommes actuellement dans la phase finale du mixage et du mastering de notre nouvel album “Descent Into Arcologies” en Australie, plus précisement à Melbourne, avec Roman Koester, guitariste du groupe The Red Shore (Roadrunner Records). L’album sortira en juillet prochain dans le monde. Des tournées sont bien évidemment en préparation pour le reste de 2012, la France et le Royaume-Uni en juin pour quelques festivals et dates en tête d’affiche, l’Europe en septembre et octobre ainsi que l’Australie et la Nouvelle-Zélande en décembre. J’espère que nous pourrons jouer chez nous à Paris au plus vite durant la promotion de ce nouvel album.