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NOTHING BUT THIEVES @ Olympia (02/02/24)

Après plus d’une décennie d’existence, Nothing But Thieves commence à acquérir une belle notoriété dans l’Hexagone. Surfant sur le succès de son album concept Dead Club City (2023), les Anglais se présentent dans un Olympia à guichets fermés. RockUrLife revient sur leur plus grande date française à ce jour.

Bad Nerves

Témoin de cette renommée croissante, la salle est bondée bien avant le début de la première partie. Les BAD NERVES arrivent donc devant plus de deux mille personnes attendant cette soirée depuis des mois. Pas une seconde à perdre, un bonsoir, et les fauves sont lâchés ! Les Londoniens déroulent un punk frénétique qui emprunte aux Ramones mais surtout aux Hives. La jeune formation ne compte qu’un seul album à son compteur, sobrement intitulé… Bad Nerves (2020), dont seront issus l’essentiel des compositions du soir. Le chanteur Bobby Nerves possède un charisme certain, sa présence scénique s’inscrivant pleinement dans la grande tradition du punk britannique. Le set enchaîne les morceaux condensés et sans fioritures, à l’image du très catchy “Radio Punk”, qui tire tout particulièrement son épingle du jeu. Hélas, le chant apparaît beaucoup trop en retrait dans le mix. Parti pris ou souci technique ? Toujours est-il que cette situation nous empêche de nous immerger complètement. À défaut de faire bouger la foule, le groupe récolte des applaudissements de plus en plus nourris, notamment par l’intermédiaire du batteur s’improvisant chauffeur de salle. Les jeunes hommes s’éclipsent finalement en laissant le sentiment d’une performance assez linéaire mais néanmoins honnête.


Nothing But Thieves

Désireux de combler la demi-heure d’attente précédant leur entrée en scène, les NOTHING BUT THIEVES ont concocté une émission de radio sur le thème de leur dernier album. Intitulée Dead Club Radio, elle jongle intelligemment entre prise de parole et tubes allant de The Hives (décidément) à Kendrick Lamar. L’émission se termine sur l’iconique “Gimme! Gimme! Gimme!” d’ABBA, reprise par une foule s’époumonant à l’unisson. Une générosité vocale de bon augure pour la suite.

À la surprise d’absolument personne, le quintette déboule sur “Welcome To The DCC”. D’entrée, on peut mesurer à quel point ce titre fait l’unanimité chez les fans, qui s’empressent de scander les paroles, décrochant déjà un sourire à Conor Mason. Bonne nouvelle, le frontman est en très grande forme vocale, et nous en fera la démonstration toute la soirée.

La scénographie est extrêmement dépouillée, seuls quelques jeux de lumières contribuent à nous immerger dans une ambiance retro-futuriste, fidèle à Dead Club City. Le dernier disque est naturellement à l’honneur, avec pas moins de six chansons jouées ce soir. Quiconque ne les ayant pas vu jouer depuis le premier album (comme l’auteur de ces lignes) sera frappé de constater le gain de puissance significatif acquis par le groupe. Il émane une sensation de maîtrise se répercutant tant dans le body language que dans l’amplitude sonore. L’ajout d’éléments électroniques 80’s au rock alternatif confère une atmosphère extrêmement dansante, ne basculant néanmoins jamais dans le mainstream insipide.


Everybody Going Crazy

Si “Tomorrow Is Closed”, “City Haunts” et “Do You Love Me Yet ?” sont infusées de cet esprit groovy, la formation sait également varier l’intensité avec des rythmes plus saccadés (“Broken Machine”, “Drawing Pins”).

Cependant, s’il y a un élément qui ne varie pas d’un iota, c’est bien l’engagement du public ! Qu’il s’agisse de transformer la fosse en trampoline sur le bien nommé “Is Everybody Going Crazy?” ou d’assurer les chœurs de “Impossible”, l’assemblée se montre particulièrement investie. Le groupe semble sincèrement reconnaissant envers l’enthousiasme général s’emparant de cette “salle historique” dixit Conor. Le chanteur n’hésitera d’ailleurs jamais à tendre le micro vers la foule, tout sourire face à l’engouement sans faille manifesté envers les titres les plus récents comme plus anciens.

Assez peu joués désormais, les morceaux du premier disque sont magnifiquement représentés par l’imparable “Trip Switch”, mais surtout par le joyau “Lover, Please Stay”. Non contente d’être l’une des plus belles chansons de ces quinze dernières années (n’ayons pas peur des mots !), le rendu live est époustouflant. En dépit de la difficulté des notes, Conor parviendra à transformer l’Olympia en cathédrale, accompagné de ses deux guitaristes en totale symbiose. Un grand moment !


This is not what you think it is… it’s better  

Joe Langridge-Brown et Dom Craik ont par ailleurs l’occasion de se déchaîner avec le reste des musiciens sur un medley instrumental de plusieurs titres. On peut, sans trop s’avancer, repérer l’influence des ouvertures pour Muse dans ce mélange de sonorités rétro-futuristes et d’accélérations plus heavy. Et ce n’est pas la note tenue de façon démentielle sur l’incendiaire “Unperson” qui démentira cette comparaison.

Le set principal s’achève sur l’OVNI “Pop The Balloon”, entraînant une pause bien méritée pour les natifs de Southend-On-Sea. Mais la foule est bien déterminée à ne pas laisser retomber la tension et manifeste bruyamment son désir d’en avoir plus. Comme un symbole, c’est la toute récente “Oh No :: He Said What?”, provenant de la version deluxe du dernier album, qui relance la broken machine. Si l’accueil fut chaleureux, il suffit de quelques notes introduisant le prochain titre pour mettre la foule en émoi. “Vous savez ce qui va arriver“, sourit Conor. En effet, tous ont reconnu le banger qu’est l’incontournable “Amsterdam”, dont l’irrésistible refrain achève de mettre le feu à la salle. C’est finalement “Overcome” (semblant échappée du répertoire de The Killers) qui accompagne notre sortie de Dead Club City, sur un constat qu’on ne peut que partager avec le groupe : “c’était la première date, et il sera très difficile de faire mieux“.

La longue file d’attente pour le vestiaire laisse l’occasion à chacun de débattre sur la place de ce concert dans leurs panthéons respectifs. Une chose est sûre, l’Olympia a accueilli avec enthousiasme le lancement de cette nouvelle tournée et a démontré que Nothing But Thieves peut désormais prétendre à de nouveaux sommets dans nos contrées. En attendant, la formation nous donne rendez-vous cet été au Main Square Festival. On a déjà hâte !

Nothing But Thieves Setlist L'Olympia Bruno Coquatrix, Paris, France 2024, Dead Club City

1 Commentaire

  1. Olivier, 57 ans,
    T’as tout dit et bien !…
    J’y étais, dans la fosse avec mon fils qui a eu 20 ans le 1er février. J’étais dégoûté il y a 6 mois lorsque tous les billets sont partis en quelques heures alors que j’étais au taff… Mais j’étais chaud-ardant et je me suis pointé ce soir là y croyant dur comme fer… En moins de deux un revendeur m’a repéré et m’a procuré deux sésames pour 200€, j’en avais 300 en poche (on ne lésine pas pour les 20 ans de son aîné !).
    Dans la fosse, avec mon poids plume j’étais une bille de flipper pendant les séances pogo et les “girlémotiv” hurlaient tellement fort derrière nous qu’elles couvraient la voix de Mason. Heureusement elles n’ont pas tenu le rythme et la fin du concert était plus cool. Concert dans mon top 10 depuis mes premiers il y a 40 ans dont pas des tristes (Prince en After au Bataclan en 99…)… Depuis je lis toutes les interviews de Conor Mason et je découvre son travail solo très introspectif. Très touchant le bonhomme : la sensibilité, l’intelligence, la maturité, la créativité, la voix, sincère et humble en plus de tout ça. Bref un véritable artiste comme j’en ai rencontré peu.
    Chapeau bas.

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